Peau, à propos de sexe, de classe et de littérature

C’est un recueil d’une vingtaine de textes, certains bouleversants, d’autres hilarants et d’autres enfin, entêtants, vertigineux comme des gouffres. On y retrouve les thèmes qui alimentent la plume de Dorothy Allison, autrice et militante féministe lesbienne américaine : lutte des classes, inceste, sexualité, féminisme, lesbianisme. On rajouterait aussi volontiers : intensité de l’existence, relations familiales et sociales, racisme, solidarités entre femmes.

D’un chapitre à l’autre, on revient à l’origine de la « guerre des sexes » (Sex Wars) du début des années 1980, qui déchira les féministes sur les questions liées à la sexualité et à la pornographie ; on partage le harcèlement continu d’une femme homo dans une banlieue américaine ; on se demande pourquoi on survit, pourquoi on écrit, pourquoi aimer et désirer ne sont pas forcément synonymes.

On questionne surtout avec une sincérité désarmante « la terreur et le dégoût de toute différence », selon les mots de la poétesse Audre Lorde, influence marquante de Dorothy Allison : différence de classe, différence de couleur de peau, différence d’orientation sexuelle, de désir, de philosophie. Ces confidences politiques nourries par l’intime – cet intime si troublant, apparaissant toujours absolument à dessein – trouveront un écho en chaque féministe.

 

Peau. À propos de sexe, de classe et de littérature

Dorothy Allison

Cambourakis 2015. 320 p., 23 eur.