Pour ces femmes politiques, la loi sur le sexisme a un goût de trop peu

Par N°198 / p. 20-21 • Avril 2017 | conectionconection Contenu complet (pdf)
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axelle a interrogé quatre femmes politiques sur la loi contre le sexisme. Si elles font partie de partis ayant soutenu la loi, elles estiment qu’elle ne fonctionne pas correctement en l’état. Quelles améliorations demandent-elles ?

Samedi 23 avril 2016 s’est tenu à Bruxelles un grand rassemblement de jeunes femmes contre le sexisme. Venues de toute la Wallonie et de la capitale, elles ont échangé entre elles sur leur quotidien et leur engagement pour l’égalité. Sur leurs pancartes, le slogan : Toutes contre le sexisme. © Fabienne Pennewaert / Vie Féminine

Disons-le d’emblée, nous avons choisi de ne pas interroger de ministres à l’échelle fédérale, la lutte contre le sexisme ne faisant malheureusement pas partie des priorités définies dans la feuille de route du gouvernement.

Du côté du cdH, le parti qui a permis l’adoption de la législation, on rappelle que la loi a déjà le mérite d’exister. « L’accouchement a été très difficile, la loi a été votée in extremis. C’est symptomatique de la difficulté de la lutte pour plus d’égalité », explique Dorothée Klein, présidente des Femmes cdH. Elle travaillait au sein du cabinet Milquet au moment de l’élaboration de la loi . « C’est vrai que le projet initial était plus ambitieux, mais il a fallu trouver un compromis. La loi n’est donc pas parfaite mais, pour moi, elle est aussi importante symboliquement que la loi Moureaux contre le racisme. Quand on se rappelle les propos racistes que l’on pouvait tenir il y a 30 ou 40 ans… Aujourd’hui la limite est aussi claire pour les injures sexistes : ce n’est plus permis. »

Muriel Gerkens (Ecolo), députée fédérale, rappelle quant à elle la proposition de loi déposée plusieurs fois par son parti avant que le cdH reprenne et adapte le texte : « Nous avions également reçu des réactions très négatives, on nous répondait notamment que des lois contre les discriminations existaient déjà. Nos propositions semblaient complètement superflues. »

« Lever un tabou »

Christie Morreale (PS) est députée socialiste au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et active au sein de la commission droits des femmes. Pour elle, cette loi a permis de lever le tabou, au moins politiquement. « Il y a quelques années, quand j’ai commencé à parler de cette problématique autour de moi, on me demandait avec quoi je venais… Il y a désormais une vraie libération de la parole et chaque femme politique, à son niveau de pouvoir, peut faire quelque chose, afin que la question ne puisse plus être évitée », se réjouit-elle.

Elle est rejointe par la présidente du Sénat Christine Defraigne (MR) qui estime que la loi a tout de même des « vertus pédagogiques et symboliques ». Christine Defraigne continue : « On savait déjà à l’époque que la charge de la preuve allait constituer un problème, mais on devait soutenir la loi, sinon cela aurait fait passer un mauvais message. Ceci dit, la loi n’a en effet jamais atteint son maximum d’efficacité et cela peut mener à un sentiment d’impunité pour les auteurs qui ne sont pas poursuivis. »

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