« Ilyas, mon fils, était en maternelle. Un jour, son institutrice vient me trouver et me dit qu’il a un “problème avec l’autorité féminine” et qu’il faudrait peut-être voir du côté de la famille d’où ça vient… C’était clairement une allusion aux stigmates qu’on applique aux Arabo-musulmans », nous raconte Ada. Elle est maman d’un petit garçon de quatre ans qui, parfois, fait des bêtises, comme un enfant de quatre ans. Mais lorsque son institutrice enfile les lunettes du racisme, ce n’est plus un petit garçon qu’elle voit face à elle, c’est d’abord un « musulman », qu’elle étiquette et dont elle analyse le comportement à travers ses représentations stéréotypées.
Un conditionnement
Cela ressemble à l’histoire de Noémie. « Je devais avoir 13 ans, raconte-t-elle, je jouais au basket avec les filles avec qui j’ai grandi. Il y avait leurs parents. J’ai raté un panier et un papa a crié : “Eh, on n’est pas ici pour lancer des noix de coco !” Cette personne-là, je la voyais tous les jours, elle me connaissait. Qu’est-ce qui lui est passé par la tête pour dire ça ? » À cet instant, ce papa ne voit pas la petite fille qui joue au basket. Il voit une « Noire », et son regard draine un imaginaire raciste, solidement ancré dans les mentalités. Cet imaginaire, les enfants y sont confronté·es dès le plus jeune âge…
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