Le 13 décembre 2017, le tribunal correctionnel de Mons condamne une jeune femme de 24 ans à une peine de sept ans de prison pour le meurtre de son compagnon, commis deux ans plus tôt dans leur appartement. Devant les juges, la jeune femme a reconnu le coup de couteau, mais a toujours nié l’intention d’homicide, plaidant le climat de violences subies pendant les années de vie avec son compagnon.
Cette histoire rappelle celle d’Alexandra Lange, une Française de 32 ans qui a tué son mari en 2009 après des années de violences conjugales. Alexandra Lange a finalement été acquittée en 2012 par la cour d’assises du Nord : c’était une première en France. L’avocat général, Luc Frémiot, avait lancé à la cour dans un réquisitoire marquant : « Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l’avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d’une accusée, s’il oubliait que la société n’a pas su la protéger ? »
Engrenage des violences
Onze ans de violences conjugales : c’est le calvaire enduré par Alexandra Lange… Le manque de protection des femmes est dénoncé de longue date par les acteurs et actrices de terrain spécialistes des violences conjugales et par les mouvements féministes. « Au quotidien, on voit à quel point c’est difficile de sortir de la violence conjugale. Il y a un manque de protection. Ni la Justice ni la société ne comprennent la violence conjugale. Tuer leur conjoint, c’est parfois la seule réponse qui reste à ces femmes qui, après avoir cherché toutes les solutions, n’en trouvent plus », constate amèrement Josiane Coruzzi, juriste et directrice de l’asbl « Solidarité femmes et refuge pour femmes battues », à La Louvière.
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