10 gestes pour faire progresser le travail décent

Par N°213 / p. 25-28 • Novembre 2018

En Inde, dans le secteur de l’habillement qui emploie 80 % de femmes, “les salaires minimaux ne sont généralement pas respectés et sont, de toute façon, insuffisants pour vivre dignement”, confie Rukmini Vaderapura Puttaswamy, présidente du syndicat GLU dans un reportage publié dans axelle n° 213. En tant que consommatrice, comment puis-je contribuer à changer cette situation?

Dans les usines textiles, les communications entre les employées et leur famille sont souvent réduites au strict minimum. L'entreprise indienne Armstrong, plus attentive que d’autres aux conditions de travail, autorise maintenant les téléphones mobiles pendant les temps de repos. Auparavant, il n’existait qu’un ou deux téléphones fixes, étroitement surveillés par les responsables de l’usine, qui pouvaient écouter les conversations. Photo extraite du reportage publié dans "axelle" n°213 © Virginie Nguyen, collectif Huma

  1. Premier réflexe, se poser la question : “Ai-je besoin d’un nouveau vêtement ?” L’étude Un monde de gaspillage (Movinga, 2018) indique que les Belges n’utiliseraient que 12 % de leur garde-robe en un an.
  1. Privilégier l’achat de vêtements durables, le “seconde main” et l’économie circulaire. Ces gestes permettent d’alléger la pression exercée par l’industrie de la mode sur l’environnement et les travailleurs/euses.
  1. Rester critique sur les discours des marques “éthiques”, “durables”, “vertes”…
  • En Belgique, AchACT publie régulièrement des rapports sur les pratiques de grandes marques. L’organisation conseille de rester vigilant·e, en particulier sur les salaires payés aux travailleurs/euses, sur la possibilité qu’elles/ils ont de s’associer en syndicat et sur la manière dont l’entreprise contrôle le respect des critères qu’elle met en avant.
  • Un exemple de greenwashing (la “Better Coton Initiative) et ses conséquences est épinglé dans l’émission Cash Investigation sur le coton  ;
  • Un site pour s’orienter dans la jungle des labels.
“axelle” a rencontré l’Indienne Rukmini Vaderapura Puttaswamy, anciennement couturière. Elle a créé un syndicat dont le comité exécutif est exclusivement composé de femmes : leur action contribue à améliorer la situation des ouvrières et ouvriers du secteur (n°213). Photo © Virginie Nguyen, collectif Huma
  1. Interpeller les marques et exiger plus de transparence sur leurs fournisseurs et le suivi de leurs engagements.
  1. Acheter équitable

Les membres de la Fédération mondiale du commerce équitable se fixent les principes suivants :

  • Un prix juste aux producteurs/trices ;
  • Des relations commerciales équitables dans la durée ;
  • Le préfinancement des commandes à hauteur de 50 % ;

Les producteurs/trices s’engagent à promouvoir un développement économique et social pour leurs membres, à se structurer démocratiquement et à produire dans le respect de l’environnement et de la santé.

En Belgique, on peut acheter du textile issu du commerce équitable notamment chez :

  1. Revaloriser des circuits courts et durables
  • De la laine belge tricotée en Chine avant d’être revendue en Belgique, ça vous semble absurde ? C’est pourtant courant dans l’industrie mondialisée. La filière laine tente de contrer ce phénomène en recréant des opportunités de valorisation locale de la laine produite en Belgique et dans les pays voisins ;
  • Même si votre achat n’est pas local, mieux vaut privilégier des marques dont la production n’est pas trop éclatée, qui connaissent et qui s’engagent auprès de leurs fournisseurs. Wecostore et Wonderloop sont deux jeunes magasins bruxellois qui sélectionnent et vendent ce genre de marques.
  1. Se rendre à des événements qui mettent en avant la mode durable
  1. (S’)informer et sensibiliser
  1. Pousser les collectivités (communes, entreprises, écoles, clubs de sport) à choisir des fournisseurs engagés dans des démarches de respect des droits humains des travailleurs/euses du textile.
Suhasini Singh est la représentante indienne de la Fair Wear Foundation. Elle a pour mission d’améliorer le sort des ouvrier·ères de l’habillement et tente de mettre les industries et les marques autour de la table pour trouver des solutions concrètes. Photo extraite du reportage publié dans “axelle” n° 213 © Virginie Nguyen, collectif Huma
  1. Encourager les gouvernements à légiférer au niveau international.
  • La société civile française est particulièrement active sur ce terrain (Sherpa, Éthique sur l’étiquette, Ligue des droits de l’homme, CCFD Terre Solidaire…) ;
  • En France, la loi sur le devoir de vigilance a été votée en mars 2017 et constitue, à ce jour, la plus ambitieuse loi européenne pour remettre le respect des droits humains au cœur des préoccupations des multinationales ;
  • Sur le plan international, il n’existe que des lignes directrices, à valeur non contraignante. Fin juillet 2018, trois ans après le début de négociations à l’ONU, une ébauche de traité international a vu le jour. L’Alliance pour un traité rassemble 400 organisations pour encourager les États membres de l’ONU à faire aboutir cette démarche.