4. Maryse, survivante d’une tentative de féminicide : “Ce n’est pas ça, l’amour”

Maryse a survécu à des violences conjugales et à une tentative de féminicide. Elle livre à axelle le récit d’une longue descente aux enfers et d’un grand déchaînement de violence de la part de son ex-compagnon, qui illustre le concept de continuum des violences. Avant un féminicide, bien d’autres types de violences s’exercent. Maryse parle pour alerter la société et permettre de mieux protéger les femmes concernées.

Maryse. D.R.

Cet article est le quatrième chapitre d’un focus consacré aux féminicides. Chaque jour, entre le 5 et le 9 décembre, un nouveau chapitre est mis en ligne.

Attention, cet article contient des descriptions de violences.
Le numéro gratuit pour les victimes de violences conjugales est le 0800 30 030. 

“Un énorme coup de foudre”. C’est comme cela que Maryse qualifie sa rencontre avec son ancien compagnon, dans des conditions pourtant compliquées. Elle est agente pénitentiaire, il est incarcéré dans la même prison située en Wallonie.  “Déontologiquement, la situation n’était pas tenable et j’avais un peu fait le tour de ce travail. J’ai donc démissionné pour vivre mon amour au grand jour”, précise-t-elle. Elle rencontre beaucoup de difficultés pour pouvoir aller lui rendre visite en prison. “On s’est mariés très rapidement, pour que je puisse accéder aux visites. On s’est mariés dans la prison. Pour moi, tout ressemblait au début à une grande histoire d’amour, tout se passait à merveille.”

Il a été violent verbalement ce jour-là.

Après deux ans de relation, il est finalement libéré. “J’avais tout prévu, qu’il vienne vivre à la maison, avec mes deux enfants, qu’il suive une formation.” Quinze jours après sa libération, “son comportement a commencé à changer”, déplore Maryse. Le premier incident se déroule lors de l’anniversaire qu’elle organise pour lui. “J’avais organisé une surprise, invité les collègues de sa formation et il me l’a reproché car cela signifiait que j’avais parlé à d’autres hommes. Il a été violent verbalement ce jour-là. Beaucoup d’hommes qui sortent de prison manque de confiance en eux, j’ai déjà vu cela dans mon ancien travail. J’ai trouvé des excuses pour son comportement.”

“Il a fait le vide autour de moi”

Deux mois plus tard, il fait un infarctus. “Il a eu beaucoup de pression à sa sortie de prison, il faut tout justifier, remplir des obligations, ce n’est pas évident. C’est quelqu’un de très sportif et il n’a pas supporté être diminué à sa sortie des soins intensifs. Son comportement a empiré, j’ai mis ça sur le coup de l’infarctus, mais c’était sa jalousie !”

Il ne voulait plus que je travaille, il voulait que je sois à lui !

Maryse travaille désormais au sein de Fedasil, au contact avec des personnes en situation de migration. “C’est un travail que j’aime beaucoup, un travail social qui est important pour moi, mais qui est vraiment prenant, avec des horaires compliqués. Il n’a pas aimé que je ne sois pas à la maison pour m’occuper de lui… Il ne voulait plus que je travaille, il voulait que je sois à lui ! Il a commencé à faire le vide autour de moi”, se souvient-elle. Empêcher leur conjointe de travailler est un comportement fréquent chez les hommes violents, qui créent ainsi une situation de dépendance économique. “Je n’osais plus inviter personne à la maison car il cherchait la petite bête pour provoquer une dispute.” Elle parvient malgré tout à garder son emploi.

Elle explique néanmoins “s’éteindre petit à petit”. “J’essayais de m’adapter à ses humeurs pour ne pas créer de problèmes. Les choses se sont passées crescendo. Au début, c’est de la violence verbale, il crie beaucoup et il est imposant. Moi, je m’écrase. D’un autre côté, il me met beaucoup sur un piédestal, me dit que je suis belle.”

Violences physiques

Un jour, un collègue envoie un message à Maryse pour la tenir au courant d’un événement au travail. “Il a décidé que j’avais une relation avec ce collègue. Il m’a bousculée fortement puis m’a donné une gifle… Je suis tombée des nues qu’il en vienne aux mains. Il s’est mis à genoux, m’a demandé pardon. C’est là qu’il a commencé à me perdre, je savais que ce n’était pas normal. Mais nous étions mariés. Et ce n’est pas si simple dans cette situation, je ne peux pas juste changer les serrures, il a des droits.”

On alternait entre violences et moments de lune de miel.

Maryse se sent piégée dans sa propre maison. Elle commence à se renseigner sur ses droits à elle. Lors d’une nouvelle dispute, il la fait tomber par terre et elle se casse le coccyx. Il l’accompagne à l’hôpital. “On aurait vraiment dit qu’il avait peur pour moi et pour ma santé. Il me dit qu’il regrette. On était en plein dans le cycle de la violence conjugale, on alternait entre violences et moments de lune de miel.”

Selon l’asbl Praxis, qui travaille avec les auteurs de violences conjugales, ce cycle comporte quatre phases dont le but pour l’auteur est de maintenir son emprise sur l’autre : le climat de tension, la crise (qui comporte un passage à l’acte violent), la justification et la “lune de miel”. “J’ai un os cassé, je me retrouve en situation de dépendance par rapport à lui, je suis à sa merci, plus libre de mes mouvements. Il s’occupe de moi comme d’une princesse et j’en viens à le remercier de prendre soin de moi ! C’est lui qui m’a fait tomber pourtant ! Il savait qu’il fallait que ces semaines de repos forcé se passent bien pour qu’il puisse continuer sa violence par la suite”, analyse-t-elle.

Sous emprise

Un matin, cet homme décide qu’elle n’ira pas travailler. “Il a dégonflé les pneus de ma voiture… J’avoue qu’à ce moment-là, j’explose et je l’insulte. Je lui demande s’il veut que je perde mon travail. Je suis la seule à subvenir à nos besoins, à nous quatre.” Elle se rend à la station-service pour regonfler ses pneus. “Il m’a suivie et m’a rattrapée là-bas. Il m’a donné des coups très violents. Cette fois-ci, la police intervient.”

Je suis sous emprise. Mon cerveau, conditionné, veut croire qu’il évolue.

Il est renvoyé en prison, puis dans un hôpital psychiatrique, afin de faire un travail sur sa colère. “Mais cela se passe en plein pendant la pandémie de covid. Donc en réalité, il n’a pas de réunion de groupe, beaucoup d’activités sont supprimées, etc. Il me fait pourtant croire qu’il change, il redevient très gentil et très attentionné. Je suis sous emprise. Mon cerveau, conditionné, veut croire qu’il évolue.”

La psychologue Maria Barbier définit très clairement ce qu’est l’emprise : dans les cas de violences conjugales, “si les femmes ne partent pas, c’est qu’elles ont été “piégées” dans une relation d’emprise. L’emprise est un système de domination psychologique mis en place par une personne sur une autre. Le but étant de conditionner l’autre à répondre à ses attentes sans aucune considération pour son libre arbitre ni pour son bien-être. La victime est au service psychique de la personne qui la contrôle. Son individualité, ses propres sensations, ses propres choix disparaissent devant celui qui impose son pouvoir. Elle ne pense et n’existe plus qu’à travers lui.”

Maryse lui permet de rentrer à la maison, sous condition. “Oui, je lui laisse une seconde chance, mais il doit aller voir un psychiatre trois fois par semaine. Ce qu’il ne fera pas, notamment parce que le psychiatre ne fait pas bien son travail. Il finit par se réinstaller dans ses habitudes. Il me frappe et j’ai des bleus que je dois dissimuler.”

Il était rentré chez moi et avait détruit tout l’intérieur de ma maison.

Après un nouvel épisode violent lors de vacances en Espagne avec ses enfants et lui, Maryse propose qu’il prenne son propre appartement, pour “souffler” de temps en temps. “Il accepte mais il revient dormir à la maison, notamment quand mes enfants sont chez leur papa. Un soir, il me réveille à 3 heures du matin parce qu’il souhaite un rapport sexuel. Je refuse car je dois me lever à 5 heures du matin pour aller travailler. Il le prend très mal et quitte la maison.” Le lendemain matin, il débarque au travail de Maryse. “Il a foutu le bordel sur mon lieu de travail. Il était sous l’emprise de l’alcool, je lui ai demandé d’aller cuver dans la voiture ou de rentrer. J’ai essayé de continuer ma journée, je n’ai plus eu de nouvelles de lui, jusqu’à ce que je reçoive une notification sur mon téléphone, disant que mon système d’alarme, à la maison, avait été déconnecté. Il était rentré chez moi et avait détruit tout l’intérieur de ma maison. Je vous assure qu’on aurait dit qu’ils étaient venus à 10 pour tout casser. Je vois son téléphone sur le sol donc je sais que c’est lui qui est rentré chez moi. Entre-temps, la police est arrivée. Quand j’ai compris qu’il était à l’origine de tout cela, j’ai décidé de ne pas porter plainte. J’avais trop peur de ce qui allait se passer.”

“Il est passé au stade supérieur”

Elle apprend alors qu’il a fait un nouveau malaise cardiaque et qu’il est à l’hôpital. “J’ai appelé l’hôpital et ils m’ont confirmé qu’il était là, j’étais rassurée. J’ai commencé à ranger ma maison, avec l’aide d’ami·es.” Vers 2 heures du matin, alors qu’elle est seule, elle reçoit un appel de l’hôpital. “Ils m’ont expliqué qu’il avait débranché tous les appareils et qu’il était sorti… Là, j’ai compris qu’il allait m’arriver quelque chose. J’ai voulu appeler la police mais je n’en ai pas eu le temps. Je regarde par ma fenêtre. Il avait sauté au-dessus de la grille et était sur ma terrasse. Il est entré et il a fait preuve d’une grande violence. Pour la première fois, il abîme fortement mon visage. Il est passé au stade supérieur. J’ai eu peur de mourir cette nuit-là. Il a fini par repartir.”

On apprend à très bien mentir quand on est sous emprise.

Elle ne peut pas aller travailler le lendemain. “Ma cheffe de service se doutait de quelque chose et a insisté pour m’appeler avec une vidéo. Quand elle a vu l’état de mon visage, elle m’a dit que j’étais en danger. Elle m’a demandé d’aller à l’hôpital pour faire constater mes blessures. Elle ne m’a jamais jugée. Mais j’ai menti à l’hôpital, j’ai dit que c’était une bagarre au boulot. On apprend à très bien mentir quand on est sous emprise.”

Maryse appelle néanmoins les parents de cet homme pour annoncer la fin de leur relation et demander qu’ils viennent chercher ses affaires. “Ils sont arrivés… et il était avec eux. J’étais choquée car il était pimpant. Il s’était mis sur son trente et un. Moi, j’étais défigurée. Il a essayé de me faire un beau discours, de me dire que c’était moi qui le rendais plus fort, qu’il faisait tous ces efforts pour moi. Je n’ai pas accepté et je lui ai rendu ses affaires.”

J’ai payé ses factures pour avoir la paix. En le faisant, j’ai rouvert une porte.

Elle souligne alors avoir repris le cours de sa vie pendant quelques mois, jusqu’à ce qu’elle reçoive un appel de sa part. “Il avait des gros problèmes d’argent. Nous étions toujours mariés, j’ai eu peur des conséquences pour moi. J’ai payé ses factures pour avoir la paix. En le faisant, j’ai rouvert une porte. Il m’a proposé de finir les travaux qu’il avait entamés à l’extérieur de ma maison, pour me rembourser cette dette. J’ai accepté parce que je galérais avec les ouvriers et qu’il m’a promis de ne jamais entrer à l’intérieur de chez moi. Cela me faisait faire des économies. J’ai ouvert une deuxième porte à ce moment-là. Il m’invite au restaurant et j’accepte. Un lien se recrée, au début platonique, puis de plus en plus fort. Il faut dire que j’avais toujours peur de lui dire non, la boule au ventre était toujours bien là. Les gens me posaient des questions car ils ont bien vu qu’il travaillait sur ma maison. Je faisais semblant de ne pas les entendre.”

“Le visage de ma fille est apparu”

Ce que Maryse appelle pudiquement “le jour J” approche. La veille, il l’appelle beaucoup, sollicite son attention. “Je me suis énervée car j’étais très fatiguée à cause de mon travail. Je voulais qu’il me laisse tranquille et je le lui ai dit. Je n’ai plus eu de ses nouvelles et j’ai été me coucher.” Au matin, le 1er avril 2022, elle dépose sa fille à un stage et rentre chez elle. “Il m’appelle et exige qu’on se voie. On devait se voir le soir, mais je refuse car j’ai un rendez-vous médical prévu et ma fille va rentrer de son stage. Je raccroche le téléphone. Par réflexe, je regarde à nouveau sur ma terrasse, là où il était apparu la dernière fois. Il était là.”

Je me liquéfie. Et décide de le laisser entrer pour ne pas faire d’histoire.

Il exige d’entrer pour boire un café et menace d’entrer par la fenêtre de toute façon. “Je me liquéfie. Et décide de le laisser entrer pour ne pas faire d’histoire. Il a une odeur nauséabonde. Je lui dis qu’il sent mauvais et quand il se retourne vers moi, je ne reconnais pas son visage tellement il est déformé par la colère. Il me donne trois coups de poing, directement. Je me suis relevée à moitié assommée et j’ai fait comme si de rien n’était, même si je sentais mon œil gonfler. J’ai été lui faire un café à la cuisine, pour apaiser les choses. Il a pris la tasse de café bouillante et l’a lancée sur mon visage. J’ai été fortement brûlée.”

Il s’ensuit deux heures d’un déchaînement de violences que nous avons décidé, en accord avec Maryse, de ne pas décrire de façon précise. “C’est un boxeur et j’étais un punching-ball vivant. À un moment, je me suis rappelé que j’avais laissé un couteau à beurre dans la salle de bain, pour déboucher l’évier. Je savais que c’était lui ou moi. Il m’a suivie, s’est placé derrière moi et a commencé à m’étrangler. Quand on vous étrangle, on sent la mort arriver, mes membres s’engourdissaient les uns après les autres. J’ai vu mon père qui est décédé et je lui ai demandé de m’emmener avec lui et que cela aille vite. Mais ensuite, c’est le visage de ma fille qui est apparu. Je me suis souvenue qu’elle allait rentrer de son stage, je ne savais pas ce qu’il allait lui faire, si elle allait me trouver dans cet état.”

Maryse : “Je suis aidée par mes enfants qui ont été très courageux et par mon chien, qui m’apporte beaucoup de réconfort. Il m’a sauvée, à sa manière.” D.R.

Rassemblant ses dernières forces, elle lui donne un grand coup de coude dans le ventre. “Il m’avait appris des gestes d’autodéfense, cela m’a servi contre lui… J’ai touché le foie, car il a commencé à vomir. Cela m’a permis de m’échapper. Je cours dans la rue mais j’étouffe dans mon propre sang. Les gens ont peur de moi. Finalement, un monsieur qui sortait ses courses de sa voiture me voit et me prend dans ses bras.”

Les médecins ne savent toujours pas comment j’ai fait pour m’enfuir et courir.

Quand Maryse est emmenée à l’hôpital, son pronostic vital est engagé. “Les médecins ne savent toujours pas comment j’ai fait pour m’enfuir et courir. Je suis arrivée à l’hôpital avec 9 côtes cassées, un poumon perforé, une jambe cassée, plusieurs fractures du crâne et des os orbitaux. J’ai aussi perdu des dents.” Son ex-compagnon s’enfuit et sera en cavale pendant cinq jours. “Il a fait tourner la police en bourrique, en disant qu’il allait se rendre, il n’est bien sûr jamais venu. Sa condition pour se rendre était de pouvoir me voir. Cela a affolé beaucoup de gens et j’ai été sous protection policière à l’hôpital. On avait peur qu’il vienne “finir ce qu’il avait commencé”… Il a finalement été arrêté grâce à ma sœur. Elle l’a appelé et l’a provoqué. Il l’a rappelée en l’insultant. Il a été localisé grâce à cet appel. Il était chez une autre femme, rencontrée à l’hôpital psychiatrique et avec laquelle il avait une liaison. Il m’a violentée par jalousie, alors que lui me trompait vraiment.”

Pour Maryse commence un long parcours de soins qui n’est toujours pas complètement terminé aujourd’hui. Sa santé physique doit se remettre, sa santé mentale également. “En rentrant chez moi après les soins à l’hôpital, j’avais perdu le goût de vivre. J’avais même besoin d’un déambulateur pour parvenir à marcher. J’avais épuisé toutes mes forces mentales et physiques pour me sauver, c’est grâce à cela que je peux encore vous parler. J’étais en train de craquer.”

C’est alors qu’une autre tentative de féminicide se produit à la gare de Tournai, toute proche. “Mon fils prend le train le matin pour aller à l’école. Ce jour-là, il est revenu directement à la maison. Moi, j’étais comme un légume dans mon lit. Il m’a fait un énorme câlin et m’a expliqué qu’une femme avait été tuée à la gare [heureusement, la victime a survécu, ndlr]. Il m’a dit : “Cela aurait pu être toi. Reviens. On a besoin de toi, tu es forte !” Cela a été un déclic pour moi. Mes larmes ont enfin commencé à couler.”

Témoigner

Quelques jours plus tard, Maryse décide de témoigner auprès de la télévision locale, Notélé. “Cela m’a beaucoup aidée de pouvoir expliquer au grand public ce qu’est le phénomène d’emprise, pourquoi on n’arrive pas à partir quand les violences commencent. Beaucoup de jeunes m’ont contactée à la suite de la diffusion du reportage. Je me suis rendu compte que je voulais m’investir dans cette lutte.”

Elle s’engage dans la prévention des violences, en allant témoigner de ce qu’elle a vécu dans les écoles, accompagnée de Delphine Devolder, criminologue au sein de la police de Tournai, et de Stéphanie, inspectrice de police au service intervention qui était présente lors de l’arrestation de son mari. “J’explique à mes petits jeunes que l’amour, ce n’est pas ça. Ce n’est pas la violence, la manipulation. L’amour, c’est un sentiment merveilleux qui donne des papillons dans le ventre.” Elle est également entrée en contact avec la victime de la tentative de féminicide à la gare de Tournai. “Comme moi, elle tente de se construire une nouvelle vie. Nous en avons discuté. Je suis aidée par mes enfants qui ont été très courageux et par mon chien, qui m’apporte beaucoup de réconfort. Il m’a sauvée, à sa manière.”

N’oublions pas les survivantes. Nous sommes là, c’est aussi la réalité.

Elle souhaite briser le tabou qui entoure les violences faites aux femmes. “On n’en parle pas assez. Il faut dire que cela peut arriver à tout le monde, peu importe l’âge ou la classe sociale. Pour moi, tout a commencé comme une belle histoire d’amour. Et il n’y a pas assez de choses mises en place pour nous protéger. On m’a par exemple rétorqué que je devais quitter mon domicile, moi, si mon conjoint était violent. C’est à lui de partir normalement, pas à moi !” Elle insiste : “Je trouve aussi qu’on parle uniquement des femmes qui meurent lors des féminicides. Il faut en parler, c’est certain, mais en n’oubliant pas les survivantes. Nous sommes là, c’est aussi la réalité. Et nous avons nos problèmes spécifiques. J’arrive à vous parler, mais ce n’est pas tous les jours le cas. J’ai des journées plus difficiles, encore maintenant.”

Des journalistes ont assisté aux audiences et m’ont salie dans leur article.

Lors du procès de son agresseur, les audiences étaient accessibles au public. “Cela devrait être à huis clos. Des journalistes ont assisté aux audiences et m’ont salie dans leur article… Ils ont écrit des choses terribles. Les journalistes ont une responsabilité, ce qu’ils écrivent est lu par le grand public, et cela peut provoquer de la méchanceté chez les gens”, dénonce-t-elle.

Nous finissons d’écrire cet article le vendredi 25 novembre 2022, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. “Est-ce que je peux encore ajouter quelque chose ?, nous demande Maryse. Je veux dire que j’ai pardonné. Ce n’est pas pareil qu’oublier. Mais je ne vais pas le laisser encore plus me détruire.”

L’agresseur de Maryse, quant à lui, a été condamné ce 29 novembre en première instance à huit ans de prison et à 10 ans de mise à disposition du Tribunal d’application des peines.