Plus d’eau ni d’électricité. C’est la situation dans laquelle se sont retrouvées les femmes marocaines. “Le générateur serait soi-disant tombé en panne, raconte Ana Pinto Lepe. Mais comme par hasard, ça s’est justement passé le jour où leur contrat s’est arrêté. Donc, le jour où elles ont arrêté de travailler, il n’y avait plus ni eau, ni électricité”, poursuit-elle. L’Espagnole est membre du collectif Jornaleras de Huelva en lucha (Travailleuses journalières de Huelva en lutte), qui se bat pour les droits des travailleurs/euses agricoles. Les femmes qui ont été privées d’eau et d’électricité travaillent dans une exploitation qui appartient à une entreprise appelée Fres Molinero. Selon Ana Pinto Lepe, l’entreprise agricole est isolée, au milieu du parc national de Doñana et sans aucun réseau téléphonique. Les femmes n’auraient pas non plus été suffisamment payées pour leur travail.
Femmes vulnérables, travailleuses exploitées
Déjà avant le coronavirus, les conditions de travail dans les champs de la région de Huelva étaient déplorables. Ces dernières années, de plus en plus de médias racontent l’exploitation et la violence sexuelle dans les plantations de baies à Huelva. La région est la plus grosse productrice de fraises d’Europe : pendant la saison 2018-2019, plus de 340.000 tonnes de fraises y ont été produites et les entreprises en ont fait un chiffre d’affaires de 554 millions d’euros. Pourtant, avec 42 euros par jour, le salaire des ramasseurs/euses de fraises reste en dessous du salaire minimum interprofessionnel en Espagne. Une partie des travailleurs/euses agricoles sont des femmes marocaines qui viennent en Espagne pour la saison à travers un système de quotas. Elles sont sélectionnées dans leur pays d’origine par l’ANAPEC, une agence de recrutement. La plupart d’entre elles sont analphabètes, ne parlent pas espagnol et elles dépendent de ce revenu pour nourrir leurs familles au Maroc. Ce qui favorise leur vulnérabilité.
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