Le 11 novembre : une Journée nationale des femmes inspirante !

Organisée pour la première fois le 11 novembre 1972, en présence de Simone de Beauvoir, la Journée des femmes version belge a disparu des calendriers féministes côté francophone. Mais les Flamandes n’ont jamais cessé de la célébrer, chaque année dans une ville différente. Ce 11 novembre 2018, la 47e édition se déroulait à Bruxelles, et était consacrée au “féminisme pour demain”, un an après l’explosion du mouvement #MeToo.

Dans une ambiance chaleureuse où l’on parlait indifféremment néerlandais, français et anglais, il a été bien sûr beaucoup question de harcèlement, en rue et au travail, avec notamment comme oratrice Hannah Helseth, venue de Norvège, pour présenter un manuel pratique anti-harcèlement qui devrait être bientôt disponible en anglais. Mais le débat le plus interpellant était consacré aux liens (ou aux heurts) entre féminisme et antiracisme.

Dans une belle diversité d’âge et d’origine, quatre femmes échangeaient leurs expériences et leurs réflexions sur la double oppression, raciste et sexiste, que chacune avait connue et étudiée à sa manière, sans oublier les rapports de classe. “L’intersectionnalité” prenait un sens très concret lorsqu’elles racontaient, par exemple, ce que doivent subir les hôtesses d’accueil selon leur origine supposée et la couleur de leur peau, les remarques et “propositions” à prendre avec le sourire (surtout si l’on a un contrat précaire).

Interrogeant de manière souvent originale des concepts actuellement en débat comme “race”, “identité”, “citoyenneté”, elles ont exprimé leur lassitude de devoir toujours “éduquer” les Blanc.hes (et en plus, “sans être payées !”, a ajouté l’une d’elles) sur ce qu’est le racisme. D’où l’intérêt de se retrouver entre elles, avec des personnes qui se comprennent sans avoir besoin de grandes explications. Un bel argument pour des espaces de non-mixité en général.

Bien sûr, on ne change pas le monde entre soi, et on a aussi beaucoup parlé de solidarité. Pour les intervenantes, une condition nécessaire – même si ça ne fait pas plaisir à entendre pour toutes – est de reconnaître le racisme qui peut exister au sein même des mouvements féministes. Et très concrètement, elles en ont appelé à veiller à une répartition plus juste des subsides. La solidarité, cela implique aussi de lutter sur un pied d’égalité : il ne s’agit pas d'”aider” l’autre, mais de se soutenir mutuellement, sans “maternalisme”.

Enfin, nommons ces femmes, parce que si les médias cherchent des expertes, eh bien en voici : Ikrame Kastit, Fatiha Dahmani, Sabrine Ingabire et Anne Topolski, sans oublier l’animatrice, Ayse Yigit.

(I.K.)