Un premier roman comme une quête sans cesse recommencée, ouverte à chaque fragment par le besoin de se nommer, “Je m’appelle Fatima”, “Je m’appelle Fatima Daas”… Un prénom, un nom chargés de significations, parlant des origines algériennes, du symbole accroché au prénom. Un “je” appelant, peut-être, cette Fatima, l’interpellant. L’autrice s’appelle Fatima Daas, elle est, aussi : fille, dernière fille, française d’origine algérienne, asthmatique, musulmane pratiquante, lesbienne, entre autres. Toutes ces identités, états, orientations réunies sous un prénom et un nom.
La petite dernière est un autoportrait travaillé par petites touches, une tentative de concilier des aspects antagonistes d’une personnalité ancrée dans un milieu, sans renoncer à être entière, dans tous les sens du terme, unifiée mais aussi sincère. Un autoportrait en creux, en bosses, en cru, en délicat. Une écriture directe, strophes, phrases à la ligne, plus proche du rap, du slam que des romans classiques. Une recherche sans complaisance mettant au jour les tensions multiples. Une introspection par paliers, par strates accumulées, des variations sur le même thème, un rien déplacées à chaque nouveau chapitre de quelques lignes, quelques pages pour chaque entrée de je-m’appelle-Fatima, traversées des relations au père violent, à la mère distante et attentive, aux femmes aimées, au monde, traversées des relations à soi. (V.L.)