“Un violeur sur ton chemin”

© Michael Nigro, Pacific Press via Zuma Wire

Du Chili aux États-Unis, une chorégraphie rassemble les féministes
(axelle n° 227, mars 2020)

Le 18 janvier, des milliers de manifestant·es se sont réuni·es à Washington, aux États-Unis, pour la Marche des Femmes (“Women’s March”), défendant les droits des femmes et des minorités et réclamant une justice climatique. Cet événement a lieu chaque année depuis l’élection de Donald Trump à la présidence du pays en 2017. “On savait tous que Trump allait être horrible, et il est encore pire que ce que l’on croyait”, a expliqué Kim Elliott, une participante qui portait une pancarte où l’on pouvait lire “Je suis encore plus scandalisée que je ne l’étais il y a 3 ans.”

Lors de cette manifestation, des femmes ont repris la chorégraphie féministe “Un violeur sur ton chemin”, un bandeau noir sur les yeux, scandant des phrases fortes avec une gestuelle symbolique. “Et ce n’était pas de ma faute, ni de l’endroit où je me trouvais, ni de comment j’étais habillée… le violeur, c’est toi !”, ont crié les manifestantes américaines, le doigt tendu vers l’avant. “Ce sont les flics, les juges, l’État, le président. L’État oppresseur est un macho violeur”, ont-elles continué tout en croisant les poings au-dessus de leur tête (voir photo).

Cette chorégraphie, créée par le collectif chilien LasTesis (“les thèses”), a été performée pour la première fois le 20 novembre 2019 dans les rues de Valparaiso, au Chili. Très vite, cet hymne contre les violences de genre a fait le tour du monde et a été reproduit dans des dizaines de villes parmi lesquelles Londres, Mexico, Paris ou encore Bruxelles. Les Chilien·nes protestent depuis mi-octobre 2019 contre les fortes inégalités qui perdurent dans le pays. Les femmes, en première ligne de ces manifestations, ont dénoncé des violences sexuelles : viols, attouchements, insultes sexistes. C’est ce qui a poussé Dafne Valdes, Paula Cometa, Sibila Sotomayor et Lea Caceres, membres du collectif LasTesis, à créer l’hymne qui a donc résonné jusqu’à Washington.

La Marche des Femmes de cette année se déroulait dans un contexte particulier d’attaques contre les droits des femmes. Le 23 janvier, selon l’AFP, le président expliquait par exemple sa volonté de limiter les visas octroyés aux femmes enceintes soupçonnées de vouloir se rendre aux États-Unis pour que leur enfant y bénéficie automatiquement de la nationalité américaine à la naissance – ce que la Maison-Blanche appelle le “tourisme de la maternité”… Le lendemain, le président des États-Unis est allé jusqu’à participer à la manifestation annuelle du mouvement anti-avortement américain. Trump s’est exprimé clairement : “C’est un grand honneur pour moi d’être le premier président de l’histoire à participer à la Marche pour la vie ! Chaque enfant est un don sacré de Dieu.” Candidat à sa réélection lors du scrutin présidentiel du 3 novembre prochain, Trump devra assurément compter sur la détermination des féministes américaines… (C.W.)