“Un peu de patience Mesdames, la députée arrive !”, lance une voix au milieu du brouhaha. La petite salle de réunion est pleine à craquer. Il y a Ernestina Ochoa, la Péruvienne, Lucia Gandara l’Uruguayenne ou Floridalma Flores la Guatémaltèque ; au total une quinzaine de femmes, toutes employées de maison, toutes syndicalistes dans leur pays d’origine. Elles s’invectivent d’un bout à l’autre de la table, rigolent et se demandent surtout ce qu’aura à leur répondre Sandra Moran. En marge d’une conférence qui réunit les représentantes syndicales des employées de maison de toute l’Amérique latine, ces femmes sont venues demander à la députée pourquoi le Congrès guatémaltèque refuse toujours de ratifier la convention 189 de l’Organisation internationale du Travail censée leur garantir des conditions de travail décentes.
Un peu en retard, chemise bleue brodée de motifs indigènes, la députée arrive enfin. “La situation au Guatemala est vraiment compliquée en ce moment, on est à deux doigts du coup d’État technique”, commence Sandra Moran. En quelques minutes, la salle silencieuse résonne des bruits de klaxon et d’explosions de la rue, feutrés par la moiteur de cette après-midi de saison des pluies. “La priorité du gouvernement est de défendre les intérêts des entreprises, pas de défendre les droits sociaux”, poursuit-elle.
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