Catherine et Raphaël Larrère : “Le Pire n’est pas certain”

Par Hors-série N°235-236 / p. 66-68 • Janvier-février 2021 | conectionconection Contenu complet (pdf)
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De nombreuses initiatives de solidarité citoyenne ont vu le jour pendant le confinement du printemps 2020, alors que la crise sanitaire révélait le rôle primordial des premiers et premières de cordée. Ces constats viennent perturber une vision du futur qui se répand : celle des collapsologues, et leur scénario d’un effondrement certain de notre civilisation. Une vision qui vide de leur sens les combats politiques, avertissent les sociologues français·es Catherine et Raphaël Larrère dans leur dernier livre, Le Pire n’est pas certain.

D.R.

Des solutions alternatives militantes existent déjà depuis de nombreuses années, pensées et mises en pratique par des mouvements politiques et des luttes sociales.” Articulées à des objectifs de justice sociale, rappelle le couple Larrère, ces solutions alternatives modifient en permanence le présent et influent sur les rapports de force. Les sociologues, invité·es lors d’événements écologistes ou “progressistes”, constatent cependant l’influence grandissante du discours “collapsologue” : il serait déjà trop tard. Pourtant, selon le couple, “ce qui caractérise le monde actuel, c’est l’imprévisibilité de l’avenir”.

Certes, les voyants sont au rouge

Le rouge clignote sur tous les voyants, c’est vrai. Réchauffement du climat, montée des océans, destruction des écosystèmes : la crise environnementale, provoquée par notre dépendance aux énergies fossiles et par une croissance effrénée (fabrication et consommation), a viré sanitaire, économique et sociale, provoquant des catastrophes en série. Mais pas le sinistre total promis par les collapsologues. Le désastre ne serait-il d’ailleurs pas déjà en marche, davantage sur le mode de l’effritement (accumulation de catastrophes humaines et “naturelles”) ?

Éditions Premier Parallèle 2020, 208 p., 18 eur.

Pour certaines populations, la situation est déjà devenue invivable, graduellement. En témoigne le nombre de déplacé·es ou réfugié·es pour causes climatiques : entre 2008 et 2012, de 16 à 43 millions, suivant les années, en grande majorité vers les pays limitrophes. Ces dégradations affectent inégalement les pays et leur population, que ce soit entre les pays ou à l’intérieur de chaque pays : la double peine pour les populations plus vulnérables et moins préparées puisque, moins pollueuses, ce sont les plus touchées. Cependant, relèvent Catherine et Raphaël Larrère, pour les collapsologues, nul besoin de lutter contre ces inégalités et injustices sociales – ni ici ni dans les pays dits du “Sud” – ou contre les multiples atteintes portées à l’environnement, et encore moins de penser révolution : on se prépare à “l’après”, à un monde sans capitalisme, qui se sera effondré sur lui-même. Emmenant patriarcat et racisme avec lui ?

Pour aller plus loin

Conférence de la philosophe Catherine Larrère intitulée “L’écoféminisme : care, genre et environnement”

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