Savez-vous qu’une femme a fait mieux que Phileas Fogg, l’aventurier inventé par l’écrivain Jules Verne dans son roman de 1872, Le Tour du monde en 80 jours ? Après avoir lu ce livre, Nellie Bly, une journaliste américaine pionnière du reportage d’investigation, a décidé de réaliser seule un tour du monde et de battre le record du héros de fiction. C’est chose faite le 25 janvier 1890, date à laquelle Nellie Bly termine un voyage de 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes qui l’a amenée jusqu’au Japon. La même année, la journaliste écrit un livre à ce sujet, intitulé Le Tour du monde en 72 jours. Comme un clin d’œil au livre qui l’a inspirée.
Il y en a beaucoup d’autres, des femmes qui ont bravé tous les stéréotypes liés à leur genre pour pouvoir voyager à des époques où cela leur était interdit. Leur consacrer un article, ce n’est pas uniquement raconter de belles aventures et mettre en avant des héroïnes. Il s’agit aussi de questionner la manière dont l’histoire se construit. Car toutes ont vécu des violences spécifiques, l’invisibilisation , le mépris… Pour Nellie Bly par exemple – qui bénéficia ensuite d’une très grande notoriété –, son employeur au journal New York World a d’abord refusé de financer son projet : il estimait qu’un tour du monde solitaire était impossible à réaliser pour une femme.
À la recherche des pionnières oubliées
Pourtant, elles furent nombreuses à surmonter les obstacles qui se mettaient au travers de leur chemin. Une des pionnières parmi ces aventurières s’appelle Sarashina Nikki (“Dame Sarashina” en français). Au 11e siècle, cette Japonaise écrit des textes et des poèmes consacrés à sa vie et à ses voyages à l’intérieur des frontières de son pays. Si ses textes sont encore étudiés de nos jours, on ne connaît toujours pas son vrai nom : “Sarashina” désigne une région du Japon. À peu près à la même époque, l’exploratrice viking Gudrid Thorbjarnardottir quitte l’Islande pour se rendre au Groenland, puis en Amérique (où elle donne naissance à son fils) et même à Rome lors de son dernier voyage.
Bien plus tard, au 18e siècle, l’Anglaise Mary Wortley Montagu accompagne son mari ambassadeur au sein de l’Empire ottoman. En 1763, elle publie un livre, appelé L’islam au péril des femmes. Une Anglaise en Turquie au 18e siècle. Avec son regard d’Occidentale, elle y décrit ce qu’elle considère comme un paradoxe : le fait que les femmes turques ont de grandes libertés et du pouvoir alors même qu’elles vivent sous un gouvernement autoritaire. Ce livre, qui s’intéresse frontalement aux vécus féminins, est toujours édité aujourd’hui.
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