Cet été, vous avez twitté : « Justice civile inaccessible aux pauvres et à une partie de la classe moyenne et Justice pénale concentrée sur la délinquance des démunis. » C’est un constat effrayant : expliquez-nous…
« Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est qu’au civil, il vaut mieux être riche quand on est victime d’une injustice… C’est la première fois qu’un gouvernement le dit aussi franchement : « Il faut baisser l’input », c’est-à-dire baisser le nombre de dossiers entrants. Comment ? En diminuant l’aide juridique, en augmentant les frais et en modifiant la procédure à des fins budgétaires. Il faut désormais motiver ses recours, avoir une excuse légitime en cas d’absence, ce que les démuni·es ont parfois du mal à donner au vu de leur situation de vie. Ces dernier·ères ont donc moins accès à la Justice aujourd’hui qu’hier.
Au plan pénal en revanche, on est en présence d’une Justice sous-budgétisée. On manque de matériel, d’expertise et de personnel, ce qui fait que nous n’avons pas les moyens de combattre la délinquance financière, qui requiert du temps, de la formation, des analyses, des investigations bancaires. Du coup, la Justice pénale se concentre sur ce qui est facile, ce qui va vite. Et cela retombe sur les pauvres.
Les nuisances des démuni·es contrarient les personnes qui ont besoin d’ordre. En sanctionnant les pauvres, on maintient une apparente sécurité. Exemple avec le terrorisme : on prolonge les gardes à vue au lieu de consacrer des moyens matériels et financiers à analyser tous les ressorts – notamment financiers – du terrorisme ! Nous sommes dans un paradoxe post-démocratique où la délinquance des riches n’est plus sanctionnée. »
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