Au Paraguay, une émission radio diffuse le “féminisme paysan”

Par N°240 / p. 21-24 • Juin 2021 | conectionconection Contenu complet (pdf)
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Basée dans le nord du Paraguay, l’Organisation paysanne du Nord regroupe les familles rurales et milite contre la monoculture de soja qui ravage le territoire. Parmi les différentes activités de l’organisation, figure une radio locale, tenue par la journaliste et militante Rosalba Muñoz, qui anime un programme hebdomadaire intitulé “féminisme paysan”, dans lequel elle sensibilise ses auditeurs et auditrices sur des thématiques comme l’égalité des sexes ou le harcèlement sexuel. Une tâche rendue encore plus complexe par la situation de conflit que vit le territoire, théâtre d’un affrontement entre la guérilla de l’EPP et l’armée paraguayenne.

Rosalba Muñoz : « Je vois la différence, maintenant, les femmes osent parler, elles ne se taisent plus. » © Loïc Ramirez

Collées sur le mur peint en bleu maya, les affiches ne laissent aucune ambiguïté quant à la teneur du message : “Dans la ville comme à la campagne, non au harcèlement sexuel”, “Patriarcat et capital, alliance criminelle” ou encore “Ni les femmes ni la terre ne sont des territoires de conquête”. Au centre de la pièce, une table en bois et quelques chaises blanches en plastique meublent avec sobriété les lieux. Au fond, une porte donne accès à une seconde chambre, le studio de radio. C’est ici, dans ce petit local situé à quelques kilomètres de la ville de Concepción, au nord du Paraguay, que se trouve le siège général de l’Organisation paysanne du Nord, OCN (Organización Campesina del Norte).

Deux fois par semaine, lundi et vendredi, Rosalba Muñoz anime une émission qui traite essentiellement de la violence à l’égard des femmes. © Loïc Ramirez

“C’est elle la responsable, ici”, lance Adriano Muñoz, militant de l’association, lorsqu’il m’invite à entrer dans la salle. Assise derrière son bureau, une jeune femme brune, le visage rond et le sourire hésitant, nous salue en guise de bienvenue. “C’est ma petite sœur, Rosalba”, ajoute l’homme. Rosalba Muñoz, 34 ans, laisse son frère faire les présentations. Journaliste, la jeune femme a l’habitude d’écouter avant de parler. Diplômée de l’Université nationale de Concepción où elle a étudié pendant quatre ans, Rosalba Muñoz dirige la radio communautaire de l’organisation paysanne dans laquelle elle milite depuis plus d’un an. “Notre rayon de transmission couvre une trentaine de kilomètres aux alentours”, détaille l’intéressée. Fondée en 1986, durant les dernières années de la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989), l’Organisation paysanne du Nord a pour but principal l’organisation des communautés rurales de la région autour d’un projet visant à développer un modèle productif familial et agroécologique. “Un modèle qui s’oppose à celui de la monoculture, qui ravage le territoire”, argumente Adriano.

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