Collées sur le mur peint en bleu maya, les affiches ne laissent aucune ambiguïté quant à la teneur du message : “Dans la ville comme à la campagne, non au harcèlement sexuel”, “Patriarcat et capital, alliance criminelle” ou encore “Ni les femmes ni la terre ne sont des territoires de conquête”. Au centre de la pièce, une table en bois et quelques chaises blanches en plastique meublent avec sobriété les lieux. Au fond, une porte donne accès à une seconde chambre, le studio de radio. C’est ici, dans ce petit local situé à quelques kilomètres de la ville de Concepción, au nord du Paraguay, que se trouve le siège général de l’Organisation paysanne du Nord, OCN (Organización Campesina del Norte).

“C’est elle la responsable, ici”, lance Adriano Muñoz, militant de l’association, lorsqu’il m’invite à entrer dans la salle. Assise derrière son bureau, une jeune femme brune, le visage rond et le sourire hésitant, nous salue en guise de bienvenue. “C’est ma petite sœur, Rosalba”, ajoute l’homme. Rosalba Muñoz, 34 ans, laisse son frère faire les présentations. Journaliste, la jeune femme a l’habitude d’écouter avant de parler. Diplômée de l’Université nationale de Concepción où elle a étudié pendant quatre ans, Rosalba Muñoz dirige la radio communautaire de l’organisation paysanne dans laquelle elle milite depuis plus d’un an. “Notre rayon de transmission couvre une trentaine de kilomètres aux alentours”, détaille l’intéressée. Fondée en 1986, durant les dernières années de la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989), l’Organisation paysanne du Nord a pour but principal l’organisation des communautés rurales de la région autour d’un projet visant à développer un modèle productif familial et agroécologique. “Un modèle qui s’oppose à celui de la monoculture, qui ravage le territoire”, argumente Adriano.
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