
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
Le lancement de la toute première Saison Matrimoine 21/22 car le Matrimoine : c’est toute l’année ! Une nouvelle formule 100 % féministe, bruxelloise et gratuite.

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
En Belgique, 1/3 des architectes sont des femmes* [l’astérisque accolé au mot ‘femmes’ désigne toutes les femmes et minorités de genre, ndlr]. Plus que de pointer du doigt cette profession qui peine à changer, j’ai envie de parler des architectes femmes* qui s’engagent à l’échelle nationale au sein de projets tels que les Journées du Matrimoine, Wiki Women Design ou encore Women in Architecture Belgium. À l’échelle internationale, les derniers prix Pritzker (l’équivalent du prix Nobel en architecture) attribués au duo français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal en 2021 et aux talentueuses architectes irlandaises Yvonne Farrell et Shelley McNamara du bureau Grafton Architects en 2020 montrent que les cartes peuvent et doivent être rebattues.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
Tous les témoignages de harcèlement au sein de la Faculté d’Architecture de l’ULB relayés par le compte @harchi_ulb. Le dernier en date suite à la rentrée académique : “La réforme des ateliers verticaux [ateliers dans lesquels les architectes travaillent le projet et la pratique, ndlr] a été très décevante concernant la mixité de genre. Comment se fait-il que face à un public d’étudiant·es à peu près paritaire [du point de vue du genre avec 49 % de femmes pour 51 % d’hommes en 2015 dans cette même faculté, ndlr], les enseignants de projets sont des hommes pour plus de 2/3 d’entre eux ? Sans compter les ateliers 100 % masculins… À quand une vraie représentativité dans le corps enseignant ? À quand une remise en question de la grossièreté de certains de ces hommes envers leurs collègues féminines ?” Féministes tant qu’il le faudra.

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
Depuis février, j’ai commencé un long travail de recherche sur l’architecte belge d’origine sino-polonaise Simone Guillissen-Hoa (1916-1996). Je me sens en lien avec elle, son histoire et la constellation d’autres figures de l’architecture et du design belges que je découvre et que je rencontre au fil de cette thèse.

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
Les travaux sur le genre et l’art d’Eva Kirilof, Margaux Brugvin ou encore Julie Beauzac (du podcast Vénus s’épilait-elle la chatte ?) : nouveaux récits, nouveaux discours, nouvelles façons de faire œuvre et de faire mémoire. À découvrir sans plus attendre !
C’est un stage réalisé enfant sur l’architecte et artiste engagé, le Viennois Hundertwasser, qui donne envie plus tard à Apolline Vranken de s’inscrire à la faculté d’architecture. Dès 2014, elle s’investit au Cercle Féministe de l’ULB et se passionne pour les questions de rapport de genre dans l’espace et d’égalité urbaine. Elle investigue ces thématiques dans son mémoire de fin d’études Des béguinages à l’architecture féministe, publié par l’Université des Femmes en 2018. Diplômée en architecture en 2017, Apolline Vranken travaille pendant plus de deux ans comme chargée de projets pour l’asbl L’Ilot-Sortir du sans-abrisme et comme architecte.
Aujourd’hui, elle est chercheuse doctorante FNRS au sein de la Faculté d’Architecture La Cambre Horta – ULB. Avec la plateforme L’architecture qui dégenre, elle est également à l’initiative de l’édition belge des Journées du Matrimoine.
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