
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
À travers les responsabilités et le mode de vie très actif que j’ai, j’éprouve un sentiment d’équilibre qui a un impact très positif sur ma vision des choses et ma personnalité. Le fait de me sentir capable de gérer au mieux mes études universitaires, de me sentir accomplie sportivement parlant, de savoir que j’ai une famille et des amis exceptionnels et aimants, d’avoir de nouveaux objectifs qui suivent leur cours fait que je me sens épanouie, solide et à l’écoute. Et dans ce tout, ce qui m’enthousiasme le plus, c’est de constater à quel point cette énergie positive retentit intensément sur mes proches par une simple phrase, un sourire ou le simple fait d’être présente et à l’écoute.

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
En tant que ju-jitsuka de haut niveau sous contrat professionnel et bien que je sois excessivement bien prise en charge et considérée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Adeps et ma propre fédération (FFJJ), je trouve que, sur le plan médiatique, ma discipline reste encore un peu dans l’ombre, même si, progressivement, elle trouve sa place. C’est assez triste, car c’est un très bel art martial télévisuellement parlant ainsi que dans les valeurs qu’il inculque et, quelque part, c’est aussi injuste parce que notre travail et nos performances demandent tout autant de rigueur et d’investissement que dans d’autres disciplines. Et ce manque de médiatisation est indirectement un des critères dans l’actuelle non-reconnaissance “olympique”. J’espère qu’un jour, nous remplirons les critères pour devenir une discipline olympique et pour pouvoir faire connaître cet art martial très complet et tout aussi télévisuel.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
Je ne supporte pas le machisme, la violence physique et/ou verbale, la malhonnêteté et le faux. Ce sont des attitudes que je trouve dénigrantes, lâches et qui, au final, reflètent juste un certain mal-être, inconfort ou frustration. Ces réactions sont en fait très malsaines ou du moins peuvent vite le devenir avec des répercussions néfastes, et sur l’entourage et sur le monde extérieur. J’ai eu la chance d’avoir été adoptée et d’avoir été éduquée par des parents très généreux, respectueux, humbles, très aimants et persévérants, d’avoir de réels amis sur qui compter et c’est réciproque. Et pour moi, les comportements que j’ai cités n’ont aucun intérêt, ni lieu d’être.

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
Avec ma famille et mes amis avec qui je passe et consacre plus de temps. J’adore être en leur compagnie. J’aime le fait qu’ils me montrent qu’ils se sentent bien avec moi et qu’ils ont confiance en moi.

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
Pour l’instant, j’ai des cours relatifs au sport et je suis très intriguée par le contenu qui relate les aspects physiologiques de l’effort notamment. D’autres thématiques comme la psychologie du sport, la diététique sont des sujets qui m’intéressent énormément. Par ailleurs, j’aime beaucoup être à l’écoute des gens qui m’entourent, j’aime savoir le pourquoi du comment et aider quand je peux et que je me sens apte à le faire.
Après avoir testé la boxe lors d’un stage, Licaï Pourtois a 10 ans quand elle rejoint le club de Judo/Ju-Jitsu d’Havré, près de Mons. D’emblée, elle est attirée par ces deux disciplines qu’elle pratique en parallèle. Bien que reprise dans l’équipe nationale des jeunes de judo, elle opte finalement pour le ju-jitsu, cet art martial japonais plus complet, qui combine le karaté, le judo et le ju-jitsu brésilien (combat au sol). Très vite, les résultats sont au rendez-vous.
En 2011, à l’âge de 14 ans seulement, Licaï Pourtois est sélectionnée pour le championnat du Monde U18 (chez les moins de 52 kg) où elle termine médaille de bronze. En 2012 et 2014, elle remporte, chez les moins de 18 ans, le championnat d’Europe, respectivement dans les catégories des moins de 52 kg et des moins de 57 kg. Elle décroche également la médaille d’argent au championnat du Monde U18 (en 2013) et U21 (en 2015) chez les moins de 55 kg. En 2016, à l’âge de 20 ans, elle réalise un exploit en obtenant la médaille de bronze chez les adultes (+ 21 ans) dans la catégorie des moins de 55 kg. L’année suivante, c’est la consécration : elle gagne les championnats du Monde et d’Europe chez les Juniors (U21). En 2018, elle passe chez les Seniors et d’emblée se fait remarquer. Ainsi, lors des championnats d’Europe à Gliwice (Pologne), elle remporte une médaille d’argent chez les moins de 55 kg. La même année, elle décroche l’or au championnat du monde qui se déroule à Malmö, en Suède. En 2019, coup double pour l’athlète : elle remporte la médaille d’or au championnat d’Europe de Bucarest et reconduit son titre de championne du Monde à Abou Dabi.
En raison de la pandémie de Covid-19, de nombreuses compétitions sont annulées en 2020. Un coup dur pour la sportive qui continue à s’entraîner avec la ju-jitsuka belge Nadia Bertrand, ancienne multiple médaillée de bronze aux championnats du Monde et d’Europe. En fonction de la situation sanitaire, Licaï Pourtois adapte son emploi du temps, mettant à profit cette période pour maintenir sa condition physique et pour s’adonner à des sports qu’elle n’a pas l’habitude de pratiquer, mais aussi pour se concentrer sur ses études d’ostéopathie à l’ULB. Même s’il est difficile pour cette sportive de haut niveau de se projeter dans un avenir proche ou lointain tant que la pandémie n’est pas maîtrisée, elle garde quelques objectifs en ligne de mire : les championnats d’Europe (Israël) et du Monde (Abou Dabi) en 2021 ainsi que les Jeux mondiaux de 2022 qui se dérouleront à Birmingham (USA). En attendant, Licaï Pourtois conserve son titre de numéro 1 mondiale dans sa discipline !