
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
Le métier d’éditrice indépendante me passionne toujours autant – dans sa diversité et sa complexité. Les projets me permettent d’interroger le langage, de passer d’un sujet à l’autre : de l’éthique médicale à la lutte sur le plateau du Larzac, cet été, par exemple… Et, ah, quel régal de lire un mail d’Anne Crahay débutant par “La planche PIPI est en cours”, le lundi matin !

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
Il est un peu facile de dire que les jeunes ne lisent plus, ne pensent pas bien. On disait déjà ça de ma génération. Le secteur de l’édition a peut-être sa part de responsabilité – pour peu que l’on considère ce postulat de base vrai en toute chose.
Et puis, conformisme (pour ne pas dire “élitisme”) et manque d’inclusion manifestes “me barbent”, une (r)évolution serait bien nécessaire… mais encore faudrait-il une sororité juste et sincère. Nous n’avons pas toutes les mêmes positions sur ces questions-là, pour diverses raisons.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
Ah, tout le temps… La situation des femmes aux États-Unis est particulièrement préoccupante. C’est un recul guère étonnant suite au décès de Ruth Bader Ginsburg, mais terrible pour les droits fondamentaux des femmes là-bas et dans le monde entier. Faut-il en vouloir à RBG de ne pas avoir démissionné quand il était encore temps ? Je me garderais bien d’en juger.

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
Je ne me sens pas forcément légitime pour “me dire” en lien avec quelqu’un ou quelque chose. Peut-être ne se reconnaîtrait-iel pas dans ma prise de position… J’aime les gens farfelus, imprévisibles, en marge, parfois détestables. Mais peut-être suis-je trop attachée à mon indépendance et à mes jardins secrets pour me dévoiler ici ?!

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
Un brin d’herbe entre deux pavés, un oiseau qui sourit d’avoir chapardé une croûte de pain dans un hall de gare, un éclat de poésie ou de rage sur un mur… Tout est prétexte à laisser partir ma pensée, à titiller mon imagination et à éveiller ma curiosité.
En ce moment, grâce à mon compagnon, j’écoute une conférence de 1972 au CERN du mathématicien Alexander Grothendieck sur la question “Allons-nous continuer la recherche scientifique ?” Son propos est accessible et passionnant. Je suis, de fait, curieuse d’en savoir plus sur sa vie et ses prises de position.
Odile Flament se passionne pour les langues étrangères dès son plus jeune âge et rêve de voyages, d’aventure, de liberté. Elle travaille un temps dans l’export pour un équipementier en télécommunications munichois, et ne pense qu’à une chose en préparant les documents douaniers assommants : se rendre au “Pays des mille pagodes” !
Un Master en Langues étrangères appliquées à La Sorbonne en poche, elle est prête à tout quitter pour aller s’installer au Japon. Finalement, elle passera huit années effrénées dans un cabinet de conseil en stratégie à Paris, Londres, Amsterdam et Bruxelles… Elle adore son métier, mais elle se sauve.
Elle se met au violoncelle et reprend ses études : elle choisit le master en gestion d’entreprise de la Vlerick School (Leuven) pour son séjour en Chine, où elle se verrait bien entreprendre. Les pieds “de retour sur terre” belge, elle décide d’y créer sa maison d’édition. Cot cot cot ! l’onomatopée sonne comme un cri de guerre d’enfant (elle croit encore avoir dix ans ♫♪), mais, lue à l’envers, aussi comme une douce folie ou une invitation – toc toc toc… c’est CotCotCot ! (Texte d’Odile Flament)
Depuis 2011, les éditions CotCotCot publient des livres principalement destinés aux enfants. Le catalogue propose des ouvrages (en format papier et numérique) aux textes poétiques et humanistes, chevillés à des illustrations atypiques qui élargissent les horizons. Plus d’infos : www.cotcotcot-editions.com
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