Placements abusifs d’enfants : mères en résistance

Par Hors-série N°235-236 / p. 77-80 • Janvier-février 2021 | conectionconection Contenu complet (pdf)
reservé aux abonnées

Elles parlent d’un engrenage infernal. De nombreuses mères dénoncent la façon dont elles et leurs enfants sont traité·es par les services d’aide à la jeunesse : enfants placé·es en institution, tentative de placement ou retrait de garde, avec des conséquences ravageuses. Aujourd’hui, des mères s’organisent pour faire valoir leurs droits. La récurrence des témoignages pointe un problème systémique : attention, violences institutionnelles.

© Diane Delafontaine, pour axelle magazine

De Verviers, Namur, Nivelles, de Liège ou Bruxelles, les mêmes types de témoignages s’accumulent. Des mères racontent, chacune un récit singulier et complexe, chacune le même : confrontées aux services publics que sont les SAJ, SPJ, parquets et tribunaux, ce sont leurs paroles et celles de leurs enfants qui sont passées en jugement. Ces mères dénoncent des décisions abusives d’éloignement, qui s’inscrivent dans la droite ligne des dysfonctionnements que nous soulevions dans notre série de trois articles “Enfance et prise en charge des violences”.

© Diane Delafontaine, pour axelle magazine

Valérie

Concrètement ? Séparée, Valérie [prénom d’emprunt] prend contact avec le SAJ, le Service de l’aide à la jeunesse, parce que ses enfants (11, 10 et 8 ans) enchaînent les crises d’angoisse et se plaignent des violences morales infligées par leur père. Valérie ne peut fournir que peu de preuves ; les professionnel·les consulté·es ne la prennent pas au sérieux. Que fait le SAJ ? Il ordonne un placement des enfants ! Valérie s’y oppose. Elle se retrouve devant un juge, qui décide de l’écartement des enfants : Valérie les aurait “aliénés” contre leur père. Le SPJ (Service de la protection de la jeunesse, qui met en œuvre les décisions judiciaires) place alors les deux plus jeunes en internat et prolonge le placement de l’aîné en centre médical. Outre l’aliénation parentale, le jugement évoque la “maladie mentale” de Valérie, sa “fragilité” et la surmédicalisation des enfants. Valérie les a retrouvé·es au bout d’un an. Elle et ils restent profondément marqué·es. Les deux plus jeunes ont de grosses difficultés de socialisation à l’école et y subissent du harcèlement. Le SPJ continue à vouloir les envoyer chez leur père en week-end ou vacances alors que les enfants s’y opposent, parfois physiquement.

Carina, Muriel, Vanessa…

Carina [prénom d’emprunt], suite à un post-partum compliqué et une situation de précarité, confie sa fille à la sœur du père, le temps de trouver un logement, un travail, et de se stabiliser. La belle-sœur saisit le SAJ au prétexte de la précarité de Carina et obtient la garde. “Je suis considérée comme plus fragile que je ne le suis en réalité, et je passe mon temps à essayer de prouver, convaincre : je me retrouve au banc des accusées.” Après 10 ans ( !) de combat, les services impliqués disent aujourd’hui à Carina que c’est trop tard, que sa fille est trop habituée à sa vie actuelle…

La suite de cet article est réservée aux abonné·es...
Déja abonné·e ?
Se connecter
Pas encore abonné·e ? Consultez les différentes formules !
S'abonner
Sans être abonné·e, vous pouvez également acheter (en version .pdf) l’exemplaire du magazine dont est issu cet article, afin de le lire entièrement et de découvrir d’autres contenus par la même occasion !
Acheter ce N° (4€)