Se faire stériliser quand on est jeune : le parcours de Charline

Par N°251 / p. 49-53 • Mars-avril 2023

Selon une enquête de la VUB de 2018, une femme belge sur dix entre 25 et 35 ans ne veut pas d’enfant. Pourtant, se faire ligaturer les trompes s’apparente encore à un parcours de la combattante, particulièrement pour les femmes de moins de 35 ans. Des gynécologues de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles proposent un trajet de soins ouvert à toutes. Charline, 26 ans, l’a suivi. Et nous, on a suivi Charline.

© Diane Delafontaine pour axelle magazine

En 2012, elle a quinze ans. Charline prend dans ses bras un bébé pour la première fois. Les adultes autour d’elle lui demandent : “Tu veux des enfants ? Combien ?” Voilà comment l’adolescente commence sa réflexion sur le sujet. Rapidement, elle réalise que la maternité ne l’intéresse pas, mais “j’étais trop jeune à l’époque pour être sûre de moi. Je ne pensais pas que cela se confirmerait avec les années.”

Pression de l’entourage, soutien inattendu

Cinq ans plus tard, Charline étudie l’histoire de l’art à l’université, elle est en couple avec un garçon. Un commentaire récurrent de leur entourage – “Ce sera trop mignon quand vous aurez des enfants ensemble” – l’exaspère. Elle est en colère. Contre la pression sociale de la maternité. Contre l’invisibilisation des femmes qui ne veulent pas d’enfant. Elle évoque aussi le “sentiment d’injustice de ne pas pouvoir en parler avec facilité à mon entourage“. Petit à petit, Charline se réfugie dans la littérature féministe, dans les ouvrages de Rod Valambois, de Liv Strömquist ou encore de Mona Chollet : “C’était apaisant de ne pas être seule.”

Je n’avais pas à me cacher d’être sûre de mon non-désir d’enfant.

À 22 ans, Charline parle de son choix de ne pas vouloir être mère à ses meilleures amies, un petit groupe en qui elle a une totale confiance. Les réactions sont unanimes : “Peut-être que tu changeras d’avis.” Charline se laisse presque abattre par cet argument. “Je répondais toujours “Oui, mais ça fait déjà sept ans que j’ai le même avis.”” Jusqu’à ce qu’elle comprenne une chose : “Je n’avais pas à me cacher d’être sûre de mon non-désir d’enfant.”

C’est autour d’une discussion informelle en tête à tête avec sa mère qu’elle lui confie : “Maman, je ne veux pas d’enfant, je n’en aurai pas.” Charline s’attendait à devoir se justifier une nouvelle fois, mais sa mère répond : “Je comprends tout à fait, tu fais très bien d’écouter tes envies et de ne pas te soumettre à qui que ce soit.” En y réfléchissant, Charline nuance son étonnement et dit avoir toujours eu le sentiment que sa mère avait, peut-être, fait des enfants à contrecœur : “J’ai ressenti toute ma vie qu’elle ne voulait pas forcément d’enfants. Ce rôle maternel, ce n’était peut-être pas pour elle ?” Charline pense que son schéma familial a certainement joué un rôle dans sa décision de ne pas vouloir d’enfant. La maternité est une pensée qui l’angoisse. Elle est terrifiée à l’idée de tomber enceinte, ce qui l’empêche de prendre du plaisir lors de ses relations sexuelles ; elle utilise une double contraception, préservatifs plus stérilet.

“Mon corps m’a envoyé un message”

Quelques années auparavant, la jeune femme a été diagnostiquée du SOPK, le syndrome des ovaires polykystiques, qui peut avoir comme conséquence l’infertilité, mais pas la stérilité. Pour les femmes qui en sont atteintes, avoir des enfants de manière naturelle est difficile et nécessite une stimulation ovarienne. Pour Charline, l’annonce de ce syndrome n’a pas été douloureuse. “C’est comme si mon corps m’avait envoyé un message : “Ce n’est pas fait pour toi, ne force pas.””

C’est le seul endroit en Belgique, à sa connaissance, qui rend cette démarche possible.

Elle décide alors de se faire stériliser. Mais ses recherches sur internet la démotivent. Elle lit sur des forums que le recours à la ligature des trompes serait uniquement accessible aux femmes de plus de 35 ans avec au moins un·e enfant. Elle laisse son projet en suspens. Mais en septembre 2021, elle se rend chez sa gynécologue, à Mons, pour sa visite de contrôle. La spécialiste lui demande ce qu’elle souhaite faire avec son stérilet en cuivre posé trois ans plus tôt. On l’enlève ou on en pose un nouveau dans deux ans ? Charline répond que tant qu’elle n’aura pas eu accès à la stérilisation définitive, elle souhaite continuer, le stérilet étant le moyen de contraception le plus fiable. Sa gynécologue réalise alors que l’envie de stérilisation est présente depuis longtemps chez sa patiente. De plus, la spécialiste a récemment assisté à une conférence organisée par l’hôpital Saint-Pierre, à Bruxelles, sur la stérilisation définitive des femmes de moins de 35 ans. C’est le seul endroit en Belgique, à sa connaissance, qui rend cette démarche possible.

Charline prend immédiatement contact avec le service gynécologie de Saint-Pierre. Le début n’est pas évident : passer par le secrétariat général, expliquer sa situation est source d’inquiétude pour la jeune femme. Elle contacte Jean Vandromme, gynécologue de Saint-Pierre qu’on lui a conseillé. Elle prend rendez-vous avec lui et arrive à l’hôpital, la boule au ventre.

Saint-Pierre à contre-courant

Son plaidoyer est prêt. Elle s’attend à devoir justifier sa décision et à se battre pour obtenir sa ligature des trompes. La réalité est bien différente.

Pendant des années, l’hôpital Saint-Pierre faisait comme les autres  : refus systématique, ou presque, des demandes de stérilisation définitive pour les patientes sans enfant âgées de moins de 35 ans. Le docteur Jean Vandromme confie à ce propos : “En médecine, on fait beaucoup de choses par habitude, sans même réfléchir à leur intérêt…” Mais il explique qu’en 2017, une première patiente l’a convaincu d’accéder à sa demande. Deux semaines après le rendez-vous, la jeune femme a été opérée. Sur les réseaux sociaux, son témoignage circule. Petit à petit, le gynécologue Jean Vandromme a vu arriver de nombreuses femmes avec la même demande.

Tout le monde était d’accord pour dire qu’on ne pouvait plus décider à la place de nos patientes.

Avec le docteur Yannick Manigart, responsable du planning familial de l’hôpital, ils imaginent alors un parcours de soins adapté. Jean Vandromme explique aussi : “Avoir l’aval de plusieurs spécialistes rassure et partage la responsabilité en cas de complications.” L’équipe de gynécologues fait valider le trajet de soins par le comité éthique de l’hôpital. Le docteur Jean Vandromme assure : “Tout le monde était d’accord pour dire qu’on ne pouvait plus décider à la place de nos patientes.”

En moyenne, les femmes qui se rendent à l’hôpital Saint-Pierre pour accéder à une ligature des trompes ont déjà essuyé entre deux et dix refus d’autres gynécologues, d’après l’expérience du docteur Vandromme. Un chiffre élevé qui peut s’expliquer par la conception nataliste de notre société. Mais quelles en sont les raisons citées par les gynécologues ? Celle qui revient le plus souvent est le risque de regret.

Depuis 2017, l’hôpital a en effet stérilisé près de 200 femmes et compte un seul regret connu : une patiente de 31 ans qui, avant sa ligature, avait vécu dix grossesses et six avortements mais qui, depuis, a rencontré quelqu’un avec qui elle aurait finalement souhaité avoir un·e enfant. Le docteur Vandromme a remarqué avec l’expérience que “les femmes qui regrettent ont souvent plus de trente ans et ont déjà un enfant”. Dès lors, pourquoi exclure les autres groupes de femmes de cette opération ?

Elles ont des idées très claires sur ce qu’elles désirent, et sont déterminées.

La deuxième “catégorie” de femmes désirant la stérilisation ont moins de 30 ans et sont nullipares (sans enfant). Le gynécologue assure : “Elles ont des idées très claires sur ce qu’elles désirent, et sont déterminées.” Avant l’opération, à Saint-Pierre, elles consentent à être recontactées quelques années plus tard, à des fins de recherche. Pour Jean Vandromme, “dans dix ans, on saura si on avait raison de se battre pour la stérilisation volontaire des jeunes femmes ou non”. 

Risque de plainte ?

Une autre raison qui est souvent évoquée par des professionnel·les pour refuser de pratiquer l’opération est le risque encouru par l’hôpital ou par la/le médecin en cas de plainte ultérieure de la patiente. Bien que sur les 200 patientes de Saint-Pierre, cela ne soit pas arrivé, le spécialiste Jean Vandromme n’exclut pas cette possibilité. En effet, même si les patientes signent une décharge avant d’entrer au bloc, cette décharge ne protège pas l’hôpital. C’est l’une des raisons de la création du parcours de soins : diviser les responsabilités et, surtout, prendre le temps d’informer correctement la patiente. Si la ligature des trompes représente la méthode la plus sûre pour éviter une grossesse, il existe néanmoins un taux d’échec d’environ 0,5 %.

D’après l’expérience et les retours de Jean Vandromme, les plaintes de patientes après une ligature des trompes seraient le plus souvent liées à une forme de manipulation de l’information dans le chef d’un·e professionnel·le. Par exemple, lorsqu’une femme accouche par césarienne trois fois, la/le gynécologue peut avoir tendance à la dissuader d’avoir un·e enfant à nouveau et lui suggérer d’avoir recours à la stérilisation. Pourtant, d’après Jean Vandromme, il serait possible d’accoucher par césarienne une quatrième fois. Mais certaines patientes ne l’apprennent que quelques mois après leur stérilisation… “Elles se sentent complètement flouées par le discours de leur médecin et plusieurs ont porté plainte”, rajoute le gynécologue.

© Diane Delafontaine pour axelle magazine

Si l’hôpital Saint-Pierre propose une avancée inédite dans l’accès à cette opération, le reste de la Belgique n’est pas prêt à emboîter le pas. En effet, les différentes cliniques du pays se contenteraient de rediriger les patientes concernées vers Saint-Pierre… Au-delà des positionnements des établissements hospitaliers, Jean Vandromme comprend les réticences des gynécologues indépendant·es : “C’est une décision trop difficile à prendre seul, il est plus rassurant de travailler en équipe et d’avoir le soutien de sa hiérarchie.”

Deux méthodes d’intervention

On parle toujours de “la ligature des trompes”, mais il existe en réalité deux types d’intervention. Dans le premier, la patiente est endormie et la/le gynécologue dépose deux clips sur ses trompes afin de les boucher. Elle est décrite comme une opération irréversible, mais Jean Vandromme confirme qu’il est possible de réimperméabiliser les trompes et de restaurer leur fertilité. D’après lui, le taux de réussite de cette opération se situe entre 50 et 80 %. Parmi les patientes de Saint-Pierre, la moitié s’est tournée vers l’option partiellement réversible (ce sont les femmes de plus de 30 ans ayant déjà eu un·e enfant qui choisissent principalement cette méthode).

La seconde méthode d’intervention, irréversible, est la salpingectomie. La patiente est endormie et on lui ôte les trompes. À Saint-Pierre, 100 % des femmes de moins de 27 ans optent pour cette méthode. Pour le gynécologue Jean Vandromme, “si les jeunes patientes se tournent vers la salpingectomie, c’est parce qu’elles font de leur opération un acte éthique et engagé. Elles sont plus radicales et veulent l’irréversibilité.” Mais avant de choisir le type d’opération, plusieurs étapes sont encore à franchir. Retrouvons Charline, qui entre maintenant dans le bureau du gynécologue.

Suite du parcours

Quinze minutes, c’est le temps du premier rendez-vous de Charline chez Jean Vandromme. Il lui explique comment la procédure de ligature des trompes va se dérouler afin de s’assurer de sa motivation. Après cinq ans de réflexion, la jeune femme est déterminée. Rapidement, elle débute le parcours de soins. Direction la rue Haute pour rencontrer Hilde Matthijs, l’infirmière sociale.

J’ai parlé de mon vécu, de mes envies, de mon rapport à la maternité et cela dans une totale bienveillance.

L’un des objectifs de cet entretien est de vérifier que la patiente est consciente de tous les moyens de contraception existants avant de choisir le seul qui soit irréversible. Si la démarche peut paraître infantilisante au premier abord, Charline pense qu’elle peut être utile pour certaines personnes. Dans son cas, elle est très informée sur cette question et l’échange avec l’infirmière sociale prend un autre tournant : “J’ai parlé de mon vécu, de mes envies, de mon rapport à la maternité et cela dans une totale bienveillance.”

Son premier rendez-vous avec la psychologue Françoise Leroux s’enchaîne dans la même journée. Lors d’une conférence donnée sur le sujet en janvier 2022 à Saint-Pierre, la psychologue explique : “La posture que j’ai prise est vraiment celle d’accompagnement. Je rencontre des femmes qui ont l’impression qu’elles sont là pour être évaluées mais ce n’est pas le cas.” En effet, lorsque Charline rentre dans le bureau de Françoise Leroux, elle est sur la défensive et dans la justification.

Lors de la conférence, la spécialiste raconte qu’au début de sa pratique, elle explorait de façon détaillée le vécu des femmes pour comprendre ce qui les motivait psychiquement, mais elle pense désormais que “même si elles suivent des thérapies, seul leur rapport à leur décision peut évoluer, mais leur volonté de stérilisation, elle, ne changera pas”.

À la fin du rendez-vous avec Charline, Françoise Leroux s’assure qu’elle souhaite toujours poursuivre sa démarche. Ce qui est important pour la psychologue, c’est d’évaluer la question de l’”ambivalence”. Afin de prendre du recul sur la première séance, la psychologue impose un délai d’un mois avant le second rendez-vous. Mais les patientes n’ont pas le temps de s’ennuyer, puisqu’elles ont un exercice à rendre. Consigne : “Garder une trace de l’état d’esprit dans lequel on est, au moment où l’on fait la démarche de demander une stérilisation définitive.” La forme est libre à l’interprétation de chacune. Les femmes arrivent dans son bureau, d’après Françoise Leroux, “en mode guerrières” et elle souhaite les éloigner de cette attitude. Auparavant, elle demandait à ses patientes d’expliquer leur position à “l’enfant qu’elles n’auront jamais”. Certaines patientes n’ont pas apprécié cette démarche et la spécialiste s’est immédiatement remise en question. Désormais, elle laisse les femmes choisir à qui elles souhaitent écrire.

Pour Charline, “écrire à “l’enfant que je n’aurai jamais” ne m’inspire pas. C’est comme si j’écrivais à un mur.” Elle décide de s’adresser à… personne en particulier et à tout le monde à la fois. Ses deux pages raturées sont comparées par la psychologue à la tribune d’Emma Watson à l’ONU. En 2014, l’actrice engagée y avait tenu un discours mémorable sur l’égalité des genres…

L’opération

À la suite des rendez-vous, les médecins se réunissent, passent en revue le dossier de chaque patiente et acceptent ou refusent l’accès à l’opération. Depuis la création du parcours de soins, les refus sont très rares.

Charline, confiante, retrouve son gynécologue qui lui fait part de la décision : positive. La jeune femme est émue, son angoisse de tomber enceinte appartiendra bientôt au passé. Il est temps pour elle de décider pour quelle technique elle va opter. Elle choisit la méthode irréversible, la salpingectomie. Elle signe la décharge et va se détendre dans un café voisin. Un grand latte, une part de tarte. Et c’est avec impatience qu’elle attend son opération, prévue le 19 mai 2022.

De cette expérience, Charline raconte : “Le personnel de l’hôpital m’a accueillie avec beaucoup de bienveillance.” Une semaine de repos et quelques soins post-opératoires plus tard, la jeune femme avait complètement récupéré. Elle s’attendait à être prise d’une grande émotion en sortant de l’hôpital, mais elle confie : “Je me suis simplement sentie apaisée, en cohérence avec moi-même.”

Six mois plus tard, les cicatrices de Charline disparaissent et son apaisement grandit. Elle remercie toutes les personnes rencontrées et se dit reconnaissante envers elles d’avoir été à l’écoute de ses désirs profonds.

Le travail de recueil du témoignage de Charline a commencé en mars 2022. Depuis, le parcours de soins a évolué et continue d’évoluer grâce au travail des professionnel·les de Saint-Pierre qui ont à cœur de donner de la légitimité aux femmes qui prennent la décision d’une vie sans enfant.

Mes trompes, mon choix !

“Laissez les personnes choisir ce qu’elles veulent faire de leurs organes reproducteurs.” C’est le principal message de l’enquête nourrie, accessible, intime et politique, de la journaliste française Laurène Lévy autour de la question de la stérilisation contraceptive.

Bien que légale depuis vingt ans en France, la stérilisation reste taboue et les femmes qui veulent faire ce choix sont confrontées à de nombreux obstacles : injonction à la procréation impulsée tant par les politiques natalistes que par l’Église catholique, morale familialiste, paternalisme médical, etc. “Choisir sa méthode de contraception, surtout si elle est définitive, relève du parcours de la combattante, parce que les chef·fes de nos appareils génitaux continuent d’estimer que le fait de les mettre à l’arrêt relève d’un trouble psychiatrique”, écrit-elle. Elle consacre également un chapitre à la lourde histoire de la stérilisation forcée – à visée eugéniste ou raciste, politiques natalistes, interdits religieux… – “parce que forcée ou refusée, la stérilisation féminine soulève la même problématique : celle du contrôle du corps des femmes”.

Retenue par la Cour pénale internationale comme un crime contre l’humanité, elle continue d’être exercée, sur des femmes en majorité, en situation de vulnérabilité ou de minorité, comme la stérilisation orchestrée et systémique des Ouïghoures, celle des autochtones canadiennes mais aussi les stérilisations exigées des personnes transgenres (jusqu’en 2016). L’ouvrage revient ensuite sur l’expérience des “SEnVol”, acronyme pour “sans enfant volontaires” (terme de la sociologue Charlotte Debest, plus poétique que “nullipares”), et les pressions qui pèsent sur elles. “Il est de nos jours toléré que les femmes repoussent l’âge de la maternité et ces méthodes peuvent les y aider. Mais pas qu’elles y renoncent définitivement”, observe Laurène Lévy. L’ouvrage s’ouvre par une préface du médecin féministe Martin Winckler et se termine par un guide pratique. Indispensable lecture et outil d’émancipation pour les femmes qui désirent faire ce choix, pour donner de l’écho à la bataille pour “un enfant pas seulement quand, mais si on le veut”. (Manon Legrand)

 

Mes trompes, mon choix ! Stérilisation contraceptive : de l’oppression à la libération, Le passager clandestin 2023, 208 p., 18 eur.