La mort de George Floyd, afro-américain, tué par la police lors de son arrestation le 25 mai 2020 à Minneapolis, a créé une onde de choc mondiale et relancé la mobilisation contre les violences policières et racistes. Quelques semaines plus tôt, à Louisville, dans la nuit du 12 au 13 mars (voir p. 6 de ce numéro), Breonna Taylor, jeune femme afro-américaine de 26 ans, était touchée par plusieurs tirs policiers lors d’une perquisition et succombait à ses blessures. Le 16 juillet dernier, en France, Assa Traoré et des milliers de personnes défilaient pour rendre hommage à Adama Traoré, mort il y a 4 ans, suite à un placage ventral de la police (voir axelle n° 211).
En Belgique aussi, des hommes – majoritairement – et des femmes subissent des violences, parfois jusqu’à la mort, de Semira Adamu, étouffée par les gendarmes lors de son expulsion en 1998, à Mawda Shawri, petite fille de deux ans tuée d’une balle perdue le 17 mai 2018. Dans une carte blanche en ce début juillet, la Ligue des droits humains, le Service droit des jeunes et l’Observatoire International des Prisons (section belge) faisaient état de “violences policières de plus en plus fréquentes et graves à l’égard des mineurs d’âge.”
Ainsi que le démontre la juriste Selma Benkhelifa, l’oppression policière ne peut pas s’analyser sans être articulée à l’analyse du racisme et du sexisme. De plus, les violences policières présentent aussi des mécanismes identiques aux violences généralisées envers les femmes : déni, silenciation et culpabilisation de la victime…
Elles semblent peu articulées dans les discours et pourtant, les violences sexistes et les violences policières présentent des mécanismes similaires. Comment expliquez-vous ce lien ?
“Le dominant – policier, violeur, époux violent – n’accepte pas la contradiction de celle qu’il veut dominer. Il s’énerve parce qu’on ne lui obéit pas, dans une société où il a appris qu’elle devait lui obéir. La société va condamner l’abus de violence, mais pas la violence en elle-même. Il faut absolument extirper cette violence de la mentalité générale. On l’a fait pour les professeurs. Il y a 100 ans, il était normal qu’un instituteur frappe ses élèves pour se faire obéir. Aujourd’hui toute forme de violence physique est proscrite à l’école. Même si un adolescent est insupportable, même s’il commet une infraction, quoi qu’il fasse, la violence physique à son égard est interdite. Pourquoi ne pas tenter d’aboutir au même résultat dans les commissariats ?”
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