Le 3 juillet, dans la petite ville helvétique de Sion, plusieurs centaines de supporteurs/trices belges s’amassent dans le stade. L’Euro féminin de football a commencé la veille et notre équipe nationale – les Red Flames – s’apprête à jouer (et à perdre) son premier match contre l’Italie. Un simple coup d’œil suffit pour constater que le stade ne se remplit pas de la même manière lors des compétitions de femmes. Ici, le public italien se mêle au belge, les enfants sont en nombre, l’ambiance est conviviale et, surtout, les femmes occupent une importante partie de l’espace. Tendre l’oreille pendant les chants permet de savourer l’écho de leurs voix.
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L’Euro 2025 – qui se tenait donc en Suisse du 2 au 27 juillet – fut celui de tous les records et une énième preuve que le football joué par les femmes est promis à un bel avenir. Selon les premiers chiffres avancés par l’UEFA (Union des associations européennes de football), plus de 650.000 personnes ont assisté aux différentes rencontres, près de la moitié était des femmes, trois fois plus que lors de l’Euro masculin. Quelques semaines plus tôt, un rapport de Nielsen Sports et de PepsiCo estimait que le football féminin se hisserait dans le top 5 des sports mondiaux d’ici 2030, avec plus de 800 millions de fans, principalement des femmes. Bref, ces dernières s’emparent des terrains… et de leurs tribunes.
Réécrire l’histoire du stade…
Longtemps, le supportérisme fut réservé aux hommes venus soutenir d’autres hommes dans une ambiance souvent alcoolisée et teintée de masculinité toxique. L’avènement des équipes féminines a permis de rebattre les cartes et d’ouvrir les portes. « Les stades ont été longtemps vus comme des endroits indésirables dans lesquels les femmes n’étaient pas invitées, pointe Solène Froidevaux, sociologue spécialisée dans les questions de genre et de sport à l’Université de Lausanne. Aujourd’hui, et on le voit à cet Euro, on crée de nouvelles expériences dans ces lieux qui sont historiquement excluants. » Et c’est important. Parce que, au-delà du divertissement, être supportrice, c’est aussi avoir un sentiment d’appartenance, vivre la liesse collective et se réapproprier des espaces publics. Les trajectoires de supportrices sont nombreuses « et font l’objet de peu d’études jusqu’à présent », déplore la sociologue. « Les premières recherches se sont intéressées à leur invisibilisation ou leur médiatisation. On s’est demandé si elles venaient pour elles-mêmes ou pour accompagner un conjoint. Mais on manque de littérature sur leurs motivations et sur leur manière d’être supportrices. »
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