Sandrine, commerciale dans une société d’informatique, a choisi de travailler à 4/5e à la naissance de son premier enfant. Heureuse de son choix, elle l’a renouvelé à la naissance de son deuxième, malgré le fait que sa charge de travail n’ait pas été revue à la baisse. Quant à Brigitte, employée dans un ministère, elle a choisi le 4/5e pour pratiquer sa passion, le yoga, et donner cours une fois par semaine.
Temps partiels subis
Mais Sandrine et Brigitte ne représentent que 10,8 % des femmes qui choisissent le temps partiel librement. Toutes les autres le subissent, contraintes par le marché du travail et par l’insuffisance de la prise en charge collective du soin aux autres. Comme Margot, journaliste, et Alexia, employée administrative, qui travaillent à mi-temps. La première n’a pas trouvé de place en crèche ; le mari d’Alexia, cadre supérieur, voyage régulièrement à l’étranger, explique la jeune femme devant une tasse de café, le temps d’une pause dans sa recherche d’emploi. Car sa société a décidé de se séparer d’elle, son poste n’étant plus « crucial ». Et pour Véronique, vendeuse dans une grande surface, maman solo de deux enfants en primaire, c’était impossible de gérer seule sa famille tout en travaillant à temps plein… Le « choix » de toutes ces femmes n’en est donc pas vraiment un.
Mais comment en sommes-nous arrivé·es là ? Dans les années 1960, les femmes restaient en majorité au foyer. Puis, dans les années 1970, en même temps que les mouvements féministes prenaient de l’essor, elles furent appelées par l’État à collaborer à la productivité du pays. Le temps plein était un modèle. Celles qui ne trouvaient qu’un temps partiel ont eu droit à une allocation appelée AGR (allocation garantie de revenus), un « complément chômage » encore existant aujourd’hui, bien que régulièrement menacé.
Une “opportunité” ?
Aujourd’hui, le travail à temps partiel est présenté comme une opportunité pour mieux « concilier » vie professionnelle et vie familiale. Esteban Martinez, professeur de sociologie à l’ULB, dénonçait cette « rhétorique de la conciliation » lors d’un colloque sur le temps partiel organisé en décembre par le Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB).
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