Le soleil généreux du printemps cogne sur les murs de béton de la prison de Lantin. Mais ses rayons ne franchissent pas les barreaux des fenêtres et les lourdes portes du plus grand établissement pénitentiaire du pays. Après avoir donné sa carte d’identité, avoir passé le portique de sécurité, entendu le verrou de plusieurs grilles s’ouvrir et se refermer aussi vite derrière nous, on arrive dans le quartier des femmes. Elles sont une petite centaine à y être enfermées, tant condamnées que prévenues (en attente de jugement). Une dizaine d’entre elles patientent dans une pièce transformée, le temps d’une soirée, en salle de théâtre, pour écouter « Paroles – détenues », projet théâtral élaboré lors d’ateliers organisés à Lantin pendant dix mois.
L’art, pour se raconter
C’est Sophie Dutilleux, conseillère laïque à la prison liégeoise, qui a eu l’idée du projet. « À la base, on voulait présenter la pièce de théâtre adaptée de King Kong théorie, de Virginie Despentes, dans la prison. Le but des ateliers était donc de préparer les femmes à cette représentation. Nous est ensuite venue l’idée d’ateliers théâtre et d’arts plastiques au cours desquels elles pourraient parler de leurs ressentis par rapport aux situations qu’elles vivent derrière les barreaux. Ce qui a donné ce spectacle », explique-t-elle. Avec les associations liégeoises Barricade et Alternative Théâtre, les ateliers se sont mis en place…
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