Libérée. Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale

Sur le curseur masculin/féminin, Titiou Lecoq s’est toujours définie comme « loutre », c’est-à-dire en dehors. Jusqu’à devenir mère. Si la journaliste et blogueuse française avait pu jusqu’alors se faufiler hors des schémas de la condition féminine, son statut de mère l’a brutalement rappelée à la réalité. Pourquoi lui revenait-il soudain, à elle, compagne aimante, femme plongée dans son travail et mère débordée, de ramasser cette chaussette pointure 42 dérivant bien en vue à quelques dizaines de centimètres seulement du panier à linge ? « J’avais perdu la loutre en moi », déclare celle qui constate qu’elle était devenue maîtresse de maison.

Titiou Lecoq : “En voyant des chaussettes sales par terre, j’ai pété les plombs”. Publié le 10-10-2017 par NouvelObs Chronique

L’essai de Titiou Lecoq déconstruit avec beaucoup d’humour ce que l’on pourrait prendre pour des évidences : la maison comme espace féminin, notre héritage en tant que femme, le fait que nous avons gagné le « règne » sur le royaume du quotidien (sans être assise sur le trône), au détriment d’une place à prendre dans l’espace public et professionnel. En tirant sur le fil de la chaussette, l’auteure détricote le vêtement social. Stratégies pour s’en sortir (laisser le père s’occuper du rendez-vous chez la/le pédiatre, un rendez-vous oublié jusqu’à ce que l’enfant se perfore le tympan à cause d’une otite non soignée), charge mentale, équilibre budgétaire versus équilibre des tâches, histoire et enseignement des arts ménagers, transmission, nouvelles formes de parentalité… Tout y passe, pour comprendre comment on en est arrivé·es là. Un livre excellent complément, ou antidote, de l’article sur le burn-out maternel ! (V.L.)

Libérée. Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale
Titiou Lecoq, Fayard 2017
260 p., 17 eur.