Mélissa Laveaux

Mélissa Laveaux © Romain Staros Staropoli

Juvénile, veloutée, mystérieuse, malicieuse, la voix de Mélissa Laveaux rythme encore longtemps le silence quand sont tombées les dernières notes électrisées de Radyo Siwèl.

Chanté en créole, paru en février, le troisième album de la Canado-Haïtienne installée à Paris est né de son envie de partir à la découverte de ses racines. Elle entreprend en 2016 un voyage en Haïti, où elle n’a posé les pieds qu’une seule fois dans son enfance. Dans les années soixante, ses parents avaient fui la dictature de « Papa Doc », direction le Canada.

Mélissa Laveaux part avec l’idée d’écrire un album hommage à Martha Jean-Claude, une chanteuse, compositrice et actrice, figure emblématique de la culture haïtienne, activiste et résistante aux différentes dictatures. Mais le projet s’amplifie, la langue créole la rattrape, tout comme l’histoire chaotique d’Haïti ou le culte vaudou. La musicienne collecte un répertoire de chants, comptines ou cantiques de révolte, principalement nés sous l’occupation haïtienne par les États-Unis entre 1915 et 1934, période pendant laquelle les divinités vaudou sont appelées à la rescousse pour vaincre l’envahisseur. Mélissa Laveaux les réinvente en version folk rock indé, sur laquelle la guitare électrique sonne parfois comme une percussion.

L’album enchaîne les mélodies solaires. Le sujet engagé des chants de résistance renforce l’énergie musicale intense et joyeuse. Le « siwèl », en créole, désigne le troubadour. Radyo Siwèl sème la parole résistante, évoque des émissions clandestines, le brouillage venu du passé, les incantations vaudou. Magique alchimie. (V.L.)

Radyo Siwèl, No Format 2018, 16,99 eur.

Cet été, Mélissa Laveaux sera en tournée européenne. Elle passera notamment par le festival Esperanzah ! à l’abbaye de Floreffe, du 3 au 5 août.