Solaire Lhasa

Live à Reykjavik, Tôt ou Tard 2017

Qui était-elle, cette chanteuse américano-mexicaine, qui vivait à Montréal, qui fut, qui reste célébrée de toutes parts, « voix exceptionnelle », « voix métissée », « voix hantée »  ?

Un album de Lhasa de Sela vient de sortir, un enregistrement live du dernier concert de l’artiste donné le 24 mai 2009, un an et demi environ avant son décès des suites d’un cancer du sein. Elle avait 37 ans. En décembre dernier, lors d’une représentation à Paris, une kyrielle d’artistes, dont Sandra Nkaké, Camélia Jordana, Jeanne Added, Safia Nolin, Luz Casal, Arthur H… ont rendu hommage à cette chanteuse qui, en trois albums, est entrée dans la légende.

Lhasa sort son premier album à 26 ans. Titre : La Llorona – « la pleureuse » –, une figure légendaire mexicaine populaire. Succès international. Lhasa y chante en espagnol sur les rythmiques et les arrangements subtils du Canadien Yves Desrosiers. Ils s’imbriquent à la tessiture de voix fêlée, puissante ou mélancolique, à fleur de peau de la jeune femme. Extrait de El Desierto, adieu intense à un amour non partagé : « Je suis venue dans ce désert pour rire de ton amour, car le désert est plus tendre et l’épine m’embrasse mieux. »

Lhasa prendra sept ans pour sortir son deuxième album, The Living Road, en anglais cette fois, sur lequel elle se réinvente complètement, sans Desrosiers. Un dernier album, Lhasa, paraît en 2009, comprenant aussi quelques chansons en français, dont le sublime texte de La confession.

Lhasa avait deux influences majeures : l’Américaine Billie Holiday et l’incroyable chanteuse Chavela Vargas, légende de la musique folklorique mexicaine, personnalité hors du commun et « voix-personnage » des films d’Almodovar. Langues, références, styles bigarrés, chants mexicains, jazz, blues, country, la chanteuse, compositrice et interprète Lhasa les tient également de ses origines : père mexicain, mère américaine aux racines russo-polonaises et libanaises, des parents bohèmes à la tête d’une famille recomposée de neuf enfants. Lhasa avait cette profondeur, ce sens dramatique et du mystère qui émanent d’un don total de soi allié à une grande pudeur. (Véronique Laurent)

 

Live à Reykjavik, Tôt ou Tard 2017

Intégrale 4 CD, Tôt ou Tard 2017

www.lhasadesela.com