Seraing : corps des femmes et deniers publics

© Diane Delafontaine

À Seraing, certaines personnes ont le sens du timing. C’est début mars, peu avant la Journée internationale des droits des femmes, qu’a été lancé par l’intercommunale L’immobilière Publique l’appel d’offres pour la construction d’un « Eros center » : en gros, il s’agit d’une maison close financée par la commune. À cette occasion, le bourgmestre Alain Mathot (PS) vante dans les médias le design du bâtiment prévu : « C’est un bâtiment assez moderne, de forme ovale, avec des salons qui permettent aux clients de faire un choix. »

Quelle délicate attention ! Le bâtiment moderne, limite chic : on espère que les femmes le seront aussi, pour que les clients soient encore plus contents. Y aura-t-il un contrôle qualité ? Des enquêtes de satisfaction ? En tous les cas, les bénéfices issus de la prostitution devront permettre de rembourser les sommes faramineuses que la commune a investies dans ce projet à la limite de la légalité, à commencer par les sept millions d’euros de l’appel d’offres… Oui, sept millions. À Seraing, on n’est pas radins.

Attention, houla, rien à voir avec du proxénétisme puisque l’affaire sera gérée par une asbl. À but non lucratif, donc. Ou juste un tantinet lucratif, car il faut rentrer dans ses frais. À ce propos, avant même l’ouverture du centre, l’asbl rémunérerait généreusement son administratrice déléguée, l’équivalent de 48.000 euros par an pour environ 10 heures de travail par semaine : l’abnégation, ça va un moment.

Bref : allez les femmes, au boulot ! À Seraing, les finances publiques comptent sur vous. Et si un doute féministe vous assaille, sachez que la commune ne vous veut que du bien : fin mars, le conseil communal sérésien a voté une charte en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Non mais sans blague !