Au Brésil, les femmes font face à Bolsonaro

Ces deux manifestantes brésiliennes, photographiées le 29 septembre dans la ville de Curitiba, participaient à une marche nationale contre Bolsonaro. © Pablo Albarenga / DPA

Le 7 octobre 2018 s’est déroulé au Brésil le premier tour d’une élection présidentielle historique. Et dramatique. Car parfois, comme ici, l’histoire ne va pas dans le sens du progrès. Le candidat arrivé largement en tête (46 % des voix), Jair Bolsonaro, 63 ans, n’a rien de démocratique.

Cet ancien capitaine d’infanterie, député depuis 23 ans, ne cache pas ses préférences politiques d’extrême droite et sa vision très primaire de la société. Il défend le port des armes, l’usage de la violence d’État, la famille traditionnelle. Il est coutumier des propos misogynes, racistes et homophobes. Il a par exemple lâché (par deux fois : en 2003 puis en 2014) à une députée de gauche, Maria do Rosário : “Je ne te viole pas parce que tu ne le mérites pas.”

“Jair Bolsonaro incarne le retour de la masculinité, une réaction à la percée féministe observée dans le pays depuis 2015”, observe Rosana Pinheiro-Machado, anthropologue à l’Université fédérale de Santa Maria. Bolsonaro risque aussi de mettre en danger la fragile démocratie brésilienne : on l’entend évoquer avec nostalgie – voire parfois amusement – la période de la dictature militaire (1964-1985). Son probable vice-président, le général Hamilton Mourao, a même évoqué l’éventualité d’un “auto-coup d’État” en cas d’anarchie et a suggéré l’élaboration d’une Constitution sans l’aval du Congrès…

Parmi les femmes issues des milieux les plus favorisés et les conservatrices, nombreuses sont celles qui soutiennent le programme de Bolsonaro. Mais d’autres sont, à l’inverse, à la pointe de la résistance face à l’ancien militaire. Comme par exemple ces deux manifestantes, photographiées le 29 septembre dans la ville de Curitiba : elles participaient à une marche nationale contre Bolsonaro. Ce jour-là, avec le mot d’ordre #EleNao (“pas lui”), des centaines de milliers de femmes et d’hommes ont envahi les rues brésiliennes. En solidarité, des manifestations ont eu lieu partout dans le monde et notamment à Bruxelles.

Au départ, l’appel à la résistance a été lancé cet été par Ludimilla Teixeira, une femme noire de 36 ans qui a créé sur Facebook le groupe Femmes unies contre Bolsonaro. En quelques semaines, ce groupe a rallié 3,8 millions de membres et convoqué d’immenses manifestations.

Malheureusement, le second tour du 28 octobre a confirmé le résultat du premier. Les « femmes unies » comptent bien continuer à résister, de toutes leurs forces.