Leyla McCalla : banjo, bayou et résistance

© Greg Miles

Troisième album pour Leyla McCalla, après le magnifique A Day For The Hunter, A Day For The Prey (axelle n° 194). Flow jazzy sur arrangements de banjo, trompette et clavier parfois nerveux, la voix chaleureuse de l’artiste américaine d’origine haïtienne aux parents militants égraine des morceaux engagés. Le nouvel opus de la chanteuse et musicienne – violoncelle, guitare, banjo – s’ouvre sur la chanson qui lui donne son titre : The Capitalist Blues (“Le blues capitaliste”) : “It could be such a cold cold world…” (“Notre monde peut être tellement, tellement froid”). Autre titre explicite : Money Is King (“L’argent est roi”).

Les textes protestent politiquement des ravages du capitalisme dans les quotidiens, sur un son très peu arrangé, très proche du live, dégageant malgré le sujet, ou à cause de lui, une certaine intensité joyeuse liée à l’idée que l’on se fait de la Nouvelle-Orléans et de sa scène musicale. Les chansons de McCalla refusent le désespoir ou même la mélancolie. La jeune femme chante des vérités cruelles sur des rythmes sud-américains, mêlés d’influences cajuns et/ou imprégnés de folklore, avec l’irruption du créole haïtien sur le troisième titre.

Leyla McCalla construit un album contrasté, provoquant d’un morceau à l’autre des bifurcations intéressantes nourries de ses différentes influences. Ses mélodies, plongées dans des cultures musicales fortes, en deviennent par on ne sait quel sortilège complètement hors temps. (V.L.)

 

Leyla McCalla, The Capitalist Blues, Jazz Village/PIAS 2019.
En concert le 22 mars à Turnhout (De Warande) et le 23 mars à Bruxelles (Ancienne Belgique).