Dans son petit appartement du quartier de Cambucci, dans le centre de São Paulo, la plus grande métropole du Brésil, Rosemeire Marcondés n’a pas encore fait le tri. Costumes en vrac, bouts de tissu, couronnes en papier doré… Trois mois après la fin du carnaval, au milieu du logement qu’elle partage avec son mari, ses quatre enfants et son petit-fils, les vestiges du dernier défilé occupent encore tout l’espace.
Rosemeire Marcondés est la présidente de lavapes, la plus vieille école de samba de São Paulo. L’institution, créée par Mãe Eunice, la grand-mère de Rosemeire, vient de souffler ses 85 bougies. Parfois surnommée « l’école des femmes », lavapes est la seule institution à avoir toujours été dirigée par des femmes. « L’univers du carnaval est très masculin, il faut se protéger pour résister », explique Rosemeire Marcondés en forçant un sourire. En effet, à Cambucci, Rosemeire Marcondés, visage dur et regard franc, est connue pour sa sévérité. Il faut dire qu’elle fait figure d’exception.

Absentes des postes de pouvoir
Mondialement connu pour ses impressionnantes danseuses et leurs costumes flamboyants, le carnaval est avant tout une compétition où les écoles de samba s’opposent avec l’espoir de décrocher le titre de championne et les trois millions de réaux (870.000 euros) qui vont avec. Après une année de travail, chaque école doit, lors du défilé organisé au mois de février, aligner entre 400 et 1.000 personnes réparties entre un groupe de danseurs et danseuses, une fanfare, plusieurs chars allégoriques, des chanteurs et chanteuses.
Selon les données de la Liga, l’organe qui régit l’événement, 51,70 % des membres des écoles de samba sont des femmes. Mais si elles sont nombreuses à défiler, elles sont quasiment absentes des postes de pouvoir au sein des écoles. Lors de l’édition 2017, à peine 3 des 80 écoles des carnavals de Rio et São Paulo étaient dirigées par des présidentes, dont Rosemeire Marcondés. C’est à la mort de sa grand-mère, en 1995, qu’elle a pris la direction de lavapes…
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