Roms et féministes, des actrices secouent la scène roumaine

Par N°208 / p. 25-27 • Avril 2018 | conectionconection Contenu complet (pdf)
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Parler de la sexualité des femmes roms, de leurs désirs et de leur identité, c’est ce que revendiquent les actrices de Giuvlipen, une compagnie de théâtre rom et féministe basée en Roumanie. Mais être une femme rom et artiste n’est pas une mince affaire dans un pays où le racisme demeure virulent.

Mihaela Drăgan se maquille dans les coulisses du Green Hours Jazz Café, à Bucarest, avant la représentation de Gadjo Dildo (Roumanie, février 2016). © Andreea Câmpeanu

« J’étais prise entre deux mondes et les deux m’ont fait souffrir. Existe-t-il une place ici pour une fille comme moi ? » Les spectateurs/trices tremblent face à l’apparition fantomatique d’une adolescente sur la scène d’un théâtre indépendant de Bucarest. La pièce Qui a tué Szomna Grancsa ? est basée sur les faits réels qui se sont déroulés dans un petit village de Transylvanie. En 2007, une jeune fille rom se donne la mort, ne voyant pas d’issue à son destin : elle doit quitter l’école et se marier avec un garçon de sa communauté.

« C’est tout un système que l’on souhaite critiquer »

« Comme Szomna, on est souvent prises entre deux mondes quand on est rom et femme », explique Mihaela Drăgan, actrice et fondatrice de la compagnie de théâtre Giuvlipen. Et elle sait de quoi elle parle : née d’un père roumain et d’une mère rom, elle a mis plusieurs années avant d’affirmer son identité rom. « Avec cette pièce, on a voulu montrer qu’il n’y avait pas qu’une simple explication, que la situation est beaucoup plus complexe. Si Szomna s’est suicidée, c’est aussi parce qu’elle subissait du racisme à l’école, que ses parents étaient trop pauvres pour payer sa scolarité et pour la garder avec eux. C’est tout un système que l’on souhaite critiquer. »

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