Christine Roussey : “Mirabelle ressemble beaucoup à la petite fille que j’étais”

D.R.

Dans le dernier album de l’auteure et illustratrice Christine Roussey, l’intrépide Mirabelle fait la connaissance de Viandojus, un sanglier maladroit. Entre les deux personnages, le courant passe immédiatement. Au fil de six histoires courtes, le duo va vivre des aventures drôles, palpitantes et toujours instructives. Un livre rafraîchissant, au graphisme efficace, qu’on aurait aimé lire enfant et qui nous a donné envie d’en savoir un peu plus… Interview.
Propos recueillis par Stéphanie Dambroise

Comment est né ce projet ?
“Je porte ce projet depuis la fin de mes études en 2004. Il a évolué avec moi et aussi avec le monde autour. Imaginer un tandem était une évidence, et j’aimais l’idée de proposer plusieurs histoires avec deux personnages. J’avais envie de prendre le temps de les raconter sous toutes les coutures, dans différentes situations.”

Vos personnages principaux sortent des sentiers battus. D’un côté, on a une fillette qui aime être dehors par tous les temps ; de l’autre un sanglier – un animal rarement représenté en littérature de jeunesse – qui a grandi dans une décharge. Est-ce important pour vous de proposer d’autres types de personnages aux enfants ?
“Ces personnages sont une évidence. Le sanglier est mon animal totem autoproclamé (j’ai grandi au milieu des forêts haut-marnaises) et la petite fille ressemble beaucoup à la petite fille que j’étais. Je n’ai pas vraiment conscientisé ce choix comme un modèle différent. Il est le reflet de ce qui m’anime en tant que personne et de ce qui m’a construite. Ce qui comptait pour moi, c’était plutôt de dire : vous avez le droit de renoncer, d’être différent, d’avoir peur, d’être émerveillé, de demander pardon, de vous ennuyer, de changer d’avis… D’être humain, en somme. Quand on envisage les choses sous cet angle, il me semble que beaucoup de frontières (toutes ?) s’effondrent (homme/femme, nature/humain, Blanc/Noir, etc.) et que l’on peut vivre ensemble… Le monde est beau dans cette diversité de personnages, de points de vue, de choix. Personne n’est plus fort, personne ne gagne, on est juste tous là, ensemble.”

Planche extraite de l’album “6 histoires de Mirabelle & Viandojus. L’air de rien”, Christine Roussey. © De la Martinière Jeunesse 2019

L’humour semble être un moteur pour vos histoires. Il transparaît aussi dans vos dessins…  
“Je trouve que c’est une arme essentielle pour affronter la vie (et le monde actuel) et je trouve que c’est une chance formidable de pouvoir faire sourire ou rire les personnes qui nous entourent.”

Ce qui frappe à la lecture de cet album, c’est la place accordée à la nature. Cette attention a-t-elle toujours été présente dans votre travail ou est-ce une préoccupation récente ?
“J’ai grandi en pleine campagne, dans un tout petit village en Haute-Marne, la nature fait partie de mon ADN. Je me suis construite, découverte, et reconstruite dans la nature. Elle est une évidence dans ma vie. J’ai pris conscience que ce n’était pas le cas pour tout le monde quand je suis partie vivre en ville pour mes études. Maintenant, lorsque je vais chez mes parents et que je suis émue devant une cagette de mirabelles, ils se marrent ! Je suis définitivement un rat des champs perdu dans la ville.”

Christine Roussey. De la Martinière Jeunesse 2019. 80 p., 14,90 eur. Dès 4 ans.

Quels sont vos projets actuels ? Peut-on espérer une suite pour ce duo si bien assorti ?
“J’ai illustré une série trop chouette écrite par Pamela Butchart et qui sera éditée en Angleterre. Encore une petite fille qui n’a pas froid aux yeux ! Je travaille aussi sur une série d’albums pour les tout-petits. Sûr qu’il y aura encore un peu de boue dedans… J’adorerais qu’il y ait une suite pour Mirabelle et Viandojus, plusieurs histoires attendent dans mes cahiers…”