Paye ton 8 mars

© Diane Delafontaine

8 mars, Journée internationale des droits des femmes et… de récupérations sexistes et capitalistes à la gloire de « la femme », une créature qui pense nippes, électroménager et régimes. Chez Monoprix, un vernis acheté, un vernis offert. Pour Roger&Gallet, c’est l’occasion de faire un concours pour gagner du parfum. Chez Etam, on offre une culotte avec le soutien-gorge. François Fillon invite à un grand meeting pour parler de ses « propositions Femmes » (lire aussi « Les autistes valent tellement mieux que lui », dans cette même rubrique). Le journal L’Équipe invite les femmes à assister à un match de foot (masculin). Les spectatrices vêtues de rose pourront entrer gratuitement au match de basket (masculin) entre Évreux et Le Havre. À Hagondange, dans le Nord de la France, on organise la journée des « femmes au cœur de la famille ».

En Belgique, la STIB lance un concours pour faire gagner des abonnements à Marie-Claire, Elle et Psychologies. La Caisse d’Épargne crée une carte de banque rose en édition limitée, dessinée par Repetto (oui, les tutus). À Metz, on gagne un shooting photo. Chez Cyrillus, on fait des réductions de printemps. Certains hommes continuent à se mettre du rouge à lèvres pour nous soutenir (même si on leur a déjà dit que le maquillage, c’était pas efficace contre les violences masculines). Dans un bar de Blois, les femmes ont droit à un lissage de cheveux gratuit – et si elles veulent autre chose, eh bien on peut aussi leur faire des boucles. À Uccle, le magazine Wolvendael souhaite une bonne journée aux femmes « imparfaites, à côté de la plaque, rigolotes, fatiguées, au top, celles qui mettent de l’anticernes et (parfois) une culotte gainante ! »

On pourrait continuer la liste, mais on est parties mettre un bouquet de fleurs (sauvages) sur la tombe de Clara Zetkin, la journaliste, femme politique et figure féministe allemande qui est à l’origine de la première Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 1917.