Ces femmes qui veulent mettre de l’argent dans nos poches

Par N°252 / p. 32-33 • Mai-juin 2023

S’intéresser à l’argent. Gérer son budget pour gagner en autonomie financière. Désacraliser les investissements. Sortir de l’endettement. Laisser tomber le 50/50 dans le couple – pas forcément égalitaire – mais éviter de ne payer que les “pots de yaourt”, histoire de ne pas se retrouver sur la paille si un jour, ça casse… Autant de conseils – pas d’injonctions – qui peuvent s’avérer précieux dans la vie des femmes, défavorisées par notre système économique actuel. Alors, suivons les guides!

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

Titiou Lecoq
La théorie du pot de yaourt

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

Elle a commencé par expliquer au grand public que le combat féministe se passe aussi devant la manne à linge (Libérées !, Fayard 2017). Elle nous a ensuite rappelé toutes ces femmes oubliées de l’histoire (Les grandes oubliées, L’Iconoclaste 2021). Titiou Lecoq signe à nouveau un essai percutant : Le couple et l’argent. Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes (L’Iconoclaste 2022). Elle y reprend les théories d’économistes féministes pour comprendre comment, dans tous les milieux, les femmes se retrouvent toujours plus pauvres que l’homme avec qui elles partagent (ou ont partagé) leur vie. Elle écrit de façon accessible et imagée. Retenons sa “théorie du pot de yaourt” illustrant le genre des achats dans le couple : les femmes achètent davantage la nourriture et les hommes le matériel, ce qui entraîne une inégalité au moment de la séparation. À travers l’histoire de Gwendoline, de l’enfance à la pension, Titiou Lecoq illustre la façon dont le couple accentue les inégalités préexistantes. Elle propose aussi des solutions pour régler enfin nos comptes. Parler d’argent, rompre le tabou ; calculer ce que chacun·e fait dans le couple comme tâches non rémunérées ; participer aux grosses dépenses pour ne pas se retrouver qu’avec ce pot de yaourt vide… Bref, un must-read !

Plan Cash
Argent sans tabou

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

Elles s’appellent Léa Lejeune et Morgane Dion. Ensemble, elles ont lancé le projet “Plan Cash” pour renforcer les femmes en termes d’argent et désacraliser les investissements. Le constat tiré par les deux femmes est que les médias spécialisés en économie ne parlaient pas aux femmes. Léa Lejeune, elle-même journaliste économique, constate que “cette réalité crée un déficit de connaissances lié à l’économie des femmes par rapport aux hommes”. Plan Cash a donc pour but de pallier ce déficit. Sur le site www.plancash.fr, la phrase d’accroche nous place directement dans l’ambiance : “L’argent, c’est le pouvoir. Et les femmes manquent cruellement des deux.” Au menu, des infos, des articles mais aussi des conseils pour investir, gérer son budget (même tout petit) ou encore pour acheter un bien (même avec un apport minime). “Plan Cash aborde la relation complexe entre les femmes, nos finances et les obstacles qui nous empêchent d’atteindre une véritable égalité financière”, expliquent les fondatrices. Petit plus ? Des formations en ligne avec des expertes (plus ou moins 40 euros la formation), mais aussi une page Instagram très nourrie, une newsletter engagée et des événements mensuels (seulement en France pour l’instant).

Mon Budget Bento
Un budget sans complexes

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

Depuis 2013, Maëva est commerciale dans le domaine de la Tech. En 2020, elle lance son compte Instagram Mon Budget Bento, pour partager sa méthode de gestion de budget. Depuis, il y a aussi un blog et un livre dans lesquels elle propose des articles explicatifs sur différents thèmes, de la vie privée aux loisirs en passant par la finance pure ou les impôts. Son idée : nous aider à automatiser notre budget, pour ne plus le subir, mais le maîtriser, pour gagner en autonomie financière. Le principe : comme dans une boîte bento – cette petite box japonaise destinée à ranger les éléments d’un repas à emporter –, Maëva conseille de créer plusieurs comptes bancaires qui serviront uniquement à ce à quoi ils sont dédiés. Le général, sur lequel arrive l’argent chaque mois, et d’autres : un réservé aux factures, un aux loisirs, un aux courses… Dans une interview pour le blog Mon petit placement, elle explique : “Avec une organisation bien ficelée, on peut se consacrer à assainir ses finances (si nécessaire) et financer les projets qui nous tiennent à cœur […]. [C’est] important pour se projeter et qu’a minima ce ne soit pas une source de stress !” Si la méthode ne convient pas à toutes les réalités des femmes, les articles du blog restent intéressants et renforçants !

Michelle Jackson
Sans dette et solidaire

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

L’Américaine Michelle Jackson a elle-même connu de grosses difficultés après s’être retrouvée avec une dette de 60.000 dollars contractée pour ses études. Il y a dix ans, elle a commencé à faire des recherches, écrire et collaborer sur le thème des finances personnelles, en se concentrant sur le remboursement des dettes, les relations à l’argent, le crédit, les hypothèques et l’entrepreneuriat. Depuis, elle a travaillé avec de nombreuses organisations pour donner des clés et des pistes de solution aux femmes en situation d’endettement. Elle anime des discussions virtuelles, des conférences, autour de la finance. Femme afro-américaine, Michelle Jackson essaie d’aider sa communauté, particulièrement précarisée aux États-Unis. Elle est également autrice de podcasts dont “Michelle Is Money Hungry” (“Michelle a faim d’argent”, en anglais), qui a remporté plusieurs prix. Depuis quelque temps, elle s’intéresse également aux crypto-monnaies dans un autre podcast : “What the Heck is Crypto ?” (“C’est quoi la crypto ?”). Son compte Instagram, est intéressant et drôle. On a adoré son dernier post : “Pourquoi vous ne devez pas acheter des places pour le concert de Beyoncé, elle est millionnaire, vous pas !”

Héloïse Bolle
Prenons l’oseille !

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

Héloïse Bolle est la fondatrice du cabinet Oseille & Compagnie, spécialisé dans la gestion de patrimoine. Depuis 2018, elle est aussi la rédactrice de la newsletter “Prends l’oseille”, qui veut former les femmes aux fondements de la finance et de l’investissement. “Ici, on parle d’argent simplement. L’argent qu’on gagne, l’argent qu’on met de côté, l’argent qu’on dépense, celui qu’on ne devrait pas dépenser, l’argent qu’on investit, l’argent qu’on doit, l’argent qu’on reçoit, l’argent qu’on partage”, explique-t-elle sur son site. Chaque mois, dans “Prends l’oseille”, elle cause immobilier, budget, épargne, fiscalité, mais aussi bourse ou argent dans le couple, simplement et sans tabou. Parce que parler d’argent est, selon Héloïse, nécessaire : “Personne ne nous apprend plus à l’école à établir et à tenir un budget, écrit-elle dans une de ses newsletters. Ma grand-mère, pendant ses cours d’économie domestique, a appris des choses utiles, comme la gestion d’un budget familial. Elle a aussi appris à repasser un pantalon en cinq étapes et à tricoter un passe-montagne.” Oui, parce qu’en plus de nous renforcer financièrement, Héloïse Bolle nous fait rire !

Tiffany Aliche
Yes, we can

© Juliette Léveillé, pour axelle magazine

Cette ex-enseignante américaine a tout plaqué pour devenir une super star de l’éducation financière. En quelques années, elle est devenue chouchoute des plateaux TV, héroïne d’un docu Netflix, autrice du best-seller du New York Times, Get Good with Money (“Devenir bon avec l’argent”). Elle a également contribué à la publication de la loi “Budgetnista” en janvier 2019, rendant l’éducation financière obligatoire pour les élèves des écoles intermédiaires du New Jersey. Son mouvement “Live Richer” (“vivre plus riche”) a aidé plus de deux millions de femmes à économiser, gérer et rembourser des centaines de millions de dollars. “Mes parents, qui sont nés et ont grandi au Nigeria, m’ont appris ce proverbe africain : la meilleure façon de manger un éléphant est une bouchée à la fois, a-t-elle déclaré lors d’une interview au site financier PNC. La clé de la gestion de l’argent est de se concentrer sur l’acquisition d’une compétence de base à la fois et de progresser à partir de là. Vous pourriez dire : “Cette année, je vais m’entraîner à établir un budget. L’année prochaine, je me concentrerai sur la meilleure façon d’épargner”.” Aujourd’hui, Tiffany Aliche, alias The Budgetnista, compte plus de 2,5 millions de followers sur les médias sociaux.