Sue Say, 57 ans, décrit Greenham comme un “tournant” de sa vie. Elle y est arrivée à 18 ans. “Greenham, ce n’était pas juste anti-nucléaire, c’était aussi faire des liens entre les bombes et la violence masculine, ouvrir les yeux sur le patriarcat, sur l’apartheid, et malheureusement 40 ans plus tard, on doit toujours combattre les violences des hommes…” Elle estime que son expérience à Greenham lui a permis d’éclore en tant que femme, lesbienne, militante. Elle regrette tout de même que “seules les Blanches qui n’étaient pas de la classe ouvrière étaient mises en avant pour les interviews à l’époque, car j’avais beaucoup de choses à dire et personne ne voulait m’entendre.” Le sourire lui revient quand elle évoque ses courses-poursuites avec la police, déguisée en tigre et d’autres femmes en panda. “J’ai aimé notre créativité, on prenait même de grosses serviettes hygiéniques pour protéger nos genoux dans les actions.” Elle a montré aux jeunes activistes le geste qui embarrassait la police à l’époque : mettre ses mains en triangle sur son vagin puis les lever vers le ciel. “C’est le geste qui symbolise notre chatte, ça, ça les gênait, les policiers”, se marre-t-elle.
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