Les robes virevoltent devant le bar au rythme de la musique cubaine, les rires sont forts et spontanés. Le dimanche après-midi, la cour de Logali House, un hôtel de Juba, la capitale du Soudan du Sud, est bondée de monde. Employé·es des Nations Unies, humanitaires, jeunes businessmen et businesswomen ou artistes sud-soudanais·es, plus ou moins expert·es dans la maîtrise des pas de salsa, laissent le son et l’humeur joyeuse les entraîner, avant la tombée de la nuit et les couvre-feux appliqués par la plupart des organisations internationales. Les exutoires sont rares à Juba.
“Mes sœurs qui vivent aux États-Unis me demandent souvent : “Mais qu’est-ce que tu fais encore là ?”, dit Apuk Ayuel Mayen, en sirotant un jus d’hibiscus. Après juillet 2016, et les combats à Juba, beaucoup de ceux qui étaient revenus vivre ici sont repartis.” Les références temporelles, toujours identiques, se glissent dans les conversations, même les plus anodines, et rappellent, sans cesse, la guerre qui ravage le pays depuis cinq ans. Et avec elle, l’impression, tous les jours, de faire machine arrière…
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