Le mot ne fait pas la femme : “maternelle”, naturellement ?

Par N°232 / p. 28-30 • Octobre 2020 | conectionconection Contenu complet (pdf)
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Maternelle : “Qui a le comportement, joue le rôle d’une mère”, selon le Robert. Qualité attendue des femmes, qui s’exerce en faisant des enfants ou en prenant soin de leur entourage. Pourtant, la qualité maternelle n’est ni spontanée, ni naturelle. Mais il y a peu de place pour les femmes qui ne se découvrent pas cette fibre instantanément ou s’en éloignent carrément : elles sont coincées entre pressions, isolement ou monstruosité.

© Marion Sellenet pour axelle magazine

La “charge maternelle”, c’est cette charge qui pèse sur toutes les femmes : peu importe qu’elles aient des enfants ou non. Ce terme a été élaboré et nourri de centaines de témoignages par Fiona Schmidt, journaliste et féministe, sur son compte Instagram “Bordel de mères” (@bordel.de.meres).

La charge maternelle, l’inévitable

Fiona Schmidt ne veut pas d’enfants, depuis longtemps, et vit les remarques incessantes de la société sur ce choix qui n’est pas encore accepté. En créant un espace de partage autour de la maternité, via son expérience de “no kids”, elle se rend vite compte que “ces injonctions concernant la maternité ne pèsent pas uniquement sur les femmes qui ne veulent pas d’enfants. Elles pèsent également sur les femmes qui ne peuvent pas en avoir “naturellement”, les femmes qui ont recours à l’aide médicale à la procréation, les femmes qui veulent faire un enfant seule, les femmes homosexuelles – qu’elles soient en couple ou pas –, les mères célibataires, les femmes qui n’ont qu’un·e seul·e enfant (gâté·e, forcément…), les femmes qui en ont cinq (négligé·es, fatalement…), les femmes qui ont avorté, les femmes qui ont des enfants avant 25 ans, les femmes qui en ont après 40, les mères au foyer, les mères qui travaillent (toujours trop), les mères qui regrettent de l’être, les mères qui ont plus d’affinités avec l’un de leurs enfants, les mères qui n’ont aucune affinité avec aucun de leurs enfants, et puis toutes les autres…”

La charge maternelle, c’est la pression autour de la maternité et de la  “bonne” maternité. Elle relie les femmes entre elles, qu’elles soient sans enfants, belles-mères, meurtries par une fausse couche, qu’elles aient aimé ou non leur bébé au premier regard. Une fois définie ainsi, la charge maternelle peut potentiellement favoriser les solidarités entre femmes. C’est en tout cas ce que la journaliste tente de maintenir sur son compte où se côtoient des expériences très diverses : une bulle de bienveillance dans un océan de concurrence maternelle. Et c’est ce qu’elle souhaite à nouveau, à la sortie de son livre Lâchez-nous l’utérus ! En finir avec la charge maternelle : “On devrait toutes collectivement, mère ou pas mère, la dénoncer […]. Il faudrait pouvoir partager son expérience, quelle qu’elle soit. Mais pour la partager, il faudrait aussi pouvoir écouter celle des autres et sans jugement.”

 La naissance de la mère, l’impensée

À propos de la maternité, s’il y a bien quelque chose qu’on tait, dans notre société, c’est la naissance… de la mère… 

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