À quelques mètres du port de Naples, Teresa Iorio est lancée dans un va-et-vient continu entre les tables disposées dans la rue et la cuisine. “Alors, elle est comment cette pizza ?”, demande-t-elle aux deux ouvriers qui viennent de croquer dans la margherita élue meilleure au monde en 2015. “Buonissima, Signora !” Sur l’affiche collée au mur de la pizzeria, on reconnaît la propriétaire qui pose fièrement, une coupe à la main, sous le titre de double championne du monde. En quatorze ans, Teresa Iorio a été la première femme à gagner dans la catégorie “Pizza napolitaine”. La plus prestigieuse du trophée Caputo, compétition mondiale de pizzaïolos et pizzaïolas. “À ce championnat, il y avait plus de 600 participants et seulement une petite centaine de femmes”, se souvient-elle.
La pizza, le pizzaïolo
Comme le monde de la haute gastronomie, le monde de la pizza est encore majoritairement masculin. Les seuls chiffres que l’on peut trouver sont ceux que la Fédération italienne des Pizzaïolos a communiqués en 2017 au quotidien La Repubblica : 55 femmes y étaient inscrites contre 600 hommes. À une autre échelle, la famille Iorio est aussi un bon exemple. Avant-dernière sur 20 enfants, Teresa est la seule fille, parmi les 11 sœurs, à être devenue pizzaïola ; ses neuf frères et son père sont pizzaïolos. “C’est un métier qui demande des sacrifices, tout le monde ne peut pas les faire. Mais je dis qu’une fois que tu commences, tu l’aimes tellement, ce métier, que tu ne peux plus t’arrêter.”
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