Agenda féministe pour tenir les mois d’hiver

Dans chaque numéro d’axelle, notre agenda féministe déploie ses antennes à travers une sélection culturelle féministe – parcellaire, non exhaustive… En ce début d’année, focus sur quatre expos et trois pièces de théâtre régénérantes, réparatrices, percutantes, inspirantes.

© Fatimah Hossaini, Une femme dans Chicken street. Kaboul, décembre 2019.

Des expos…

1. Illusive bodies 

Totems, trophées, déesses, poupées, des femmes ou des bouts de femmes comme des objets (des vases, des statues), et des objets comme des bouts de corps de femmes, peints selon les techniques de la peinture classique : c’est le premier volet de l’œuvre de Shoshana Walfish, décliné en un travail pictural à l’huile dans les tons froids, une réflexion sur l’histoire de la représentation du nu féminin.

© Shoshana Walfish

Le deuxième espace de la petite expo offre une sorte de “réparation” à cette histoire de l’art misogyne. Les propositions de l’artiste canadienne installée à Bruxelles s’appuient sur des dessins scientifiques d’organes qui, sous son pinceau, soudain poussent hors des corps et s’épanouissent en couleurs flamboyantes, rendant leur humanité aux modèles, ouvrant de nouvelles perspectives – malgré un traitement en 2D. Et, reliant les œuvres entre elles, un grand diptyque organique, cathartique et apaisant, devant lequel on pourrait des heures durant s’asseoir, et se régénérer.

Jusqu’au 18/02/24, Musée juif, 21 rue des Minimes, 1000 Bxl. Infos : 02 512 19 63.

2. Où sont les femmes ? Enquête sur les artistes femmes du musée

Sur les 60.000 œuvres que compte la collection du musée lillois, combien sont signées par des femmes ? Réponse… 135 ( !) réalisées par 80 femmes artistes et, pour la plupart, jamais exposées. Les curatrices, Alice Fleury, directrice des collections, et Camille Belvèze, conservatrice du patrimoine, sortent de l’ombre des réserves ces œuvres effacées : une réhabilitation, alors que le scandale de leur escamotage n’a jamais éclaté.

Marie-Amélie Cogniet, Intérieur d’atelier (1831). © RMN-GP – cliché Michel Urtado

L’expo retrace le parcours des créatrices et décortique les processus d’invisibilisation de leur travail. Certaines œuvres intégreront, on a envie de dire enfin !, la collection permanente, qu’il est, en prolongement, possible de visiter sous le prisme “Regards d’hommes/Images de femmes”, un parcours observant comment les artistes masculins représentent les femmes.

Jusqu’au 11/03, Palais des Beaux-Arts de Lille, place de la République, Lille. Infos : +33 3 20 06 78 28.

3. Ce que les Afghanes ont à nous dire

Elles étaient photographes, journalistes, vidéastes… Exilées suite à la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan en 2021, ces femmes continuent à transmettre ici. Les photos de Fatimah Hossaini, Roya Heydari, Najiba Noori, Tahmina Saleem et Tahmina Alizada donnent à voir la force des Afghanes. L’entrée est combinée à l’exposition “Enjeux humains. 100 dessins de presse pour réenchanter la Déclaration universelle des droits de l’homme”.

© Roya Heydari. Pendant quelques instants, ces enfants, qui sont des ouvrier·ères, oublient tout et prennent un moment pour jouer et danser ensemble. Kaboul, 2020.

Jusqu’au 28/01, La Cité Miroir, 22 place Xavier Neujean, Liège. Infos : 04 230 70 50.

4. Poésie masculine

C’est au tour de l’espace culturel provincial de Namur, le Delta, de proposer de vivre et ressentir les effets du harcèlement de rue à travers le dispositif artistique images/son créé par un collectif français composé de Gilles de Boncourt, Nathalie Erin et Frédéric Durieu. Présenté comme un outil de sensibilisation (à partir de 14 ans), l’immersion se termine par un recueil de témoignages. Sous un titre ironique, provocateur, “Poésie masculine” encourage à la prise de conscience des hommes, harceleurs, témoins silencieux ou inconscients de l’impact de cette forme de violence, et à l’écoute des expériences des femmes. Dans le prolongement de la thématique se donnera, le 7 février, le spectacle “Méduse.s” du collectif La Gang/What’s up.

Du 16/01 au 29/02 au Delta, 18 avenue Fernand Golenvaux, Namur. Infos : 081 77 67 73.

… et du théâtre !

1. Scènes de la vie conjugale

La comédienne et metteuse en scène Myriam Saduis ajoute des variations à un extrait de la série télévisée en six épisodes, Scènes de la vie conjugale, grand classique de l’exploration des affres du couple produit en 1973 par le cinéaste suédois Ingmar Bergman. En 2020, Hagai Levi (créateur d’une autre série célèbre, En thérapie) s’en empare, mais en inversant les rôles. Myriam Saduis alterne et superpose la scène de rupture finale des deux versions, rejouée par ses étudiant·es de l’Esact (conservatoire de Liège). Dans le changement des rôles genrés se révèlent aux spectateurs/trices les rapports de force et les stéréotypes à l’œuvre dans le couple.

© Marie-Françoise Plissart

Le 7/02 à la Maison de la culture de Tournai, 2 avenue des Frères Rimbaut, Tournai. Infos : 069 25 30 80. La pièce de Myriam Saduis Final Cut sera quant à elle jouée le 19/03 au Centre culturel de Huy, 7a avenue Delchambre, Huy. Infos : 085 21 12 06.

2. Ceci n’est pas un rêve

La découverte aujourd’hui, par une photographe, de la correspondance datant de 1939 entre les peintresses surréalistes Leonor Fini et Leonora Carrington (effacées de l’histoire de l’art) lui ouvre la porte sur de nouvelles dimensions d’elle-même.

Une pièce de Christine Delmotte-Weber. Du 17/01 au 4/02 à la Comédie Royale Claude Volter, 98 avenue des Frères Legrain, 1150 Bxl. Infos : 02 762 09 63.

3. Bételgeuse

Une comédie philosophique de science-fiction féministe par Marthe Degaille, l’autrice qui a accompagné le travail de fictions journalistiques de notre numéro de novembre-décembre 2023. Dans le futur, alors qu’il n’est pas clair si la catastrophe finale s’est produite ou non, des femmes scientifiques étudient la biologie de la révolte.

Une pièce de Marthe Degaille. Les 15, 16 et 17/02 et du 20 au 24/02 à La Balsamine, 1 avenue Felix Marchal, 1030 Bxl. Infos : 02 732 96 18.