Quand les lesbiennes désertent les cabinets des gynécos

Par N°251 / p. 19-21 • Mars-avril 2023 | conectionconection Contenu complet (pdf)
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“J’ai arrêté d’aller voir un gynéco.” Une phrase qui revient dans la bouche de personnes lesbiennes qui ne se sentent pas écoutées par les gynécologues, sages-femmes ou professionnel·les de santé lors de consultations gynécologiques. Peur de la réaction de la/du médecin face à l’annonce de leur orientation sexuelle d’un côté, mauvaise prise en considération des risques d’infections sexuellement transmissibles de l’autre. Quels sont les dangers encourus par les lesbiennes lorsqu’elles désertent les cabinets des gynécologues ?

© Jeanne Saboureault, pour axelle magazine

Elles portent les doux noms de mycose, virus du papillome humain, chlamydia, gonorrhée, VIH, syphilis ou encore herpès génital et ont en commun d’être des infections sexuellement transmissibles (IST) – ou une infection génitale pour la mycose.

Les IST, pour les lesbiennes aussi !

Ces infections, provoquées par des bactéries, des virus ou des parasites, se transmettent lors de diverses pratiques sexuelles (pénétration vaginale et anale, fellation, cunnilingus, anulingus, caresse/masturbation sexe contre sexe, etc.). Il y a donc un risque de transmission d’IST au cours d’un rapport entre femmes/personnes ayant une vulve, notamment lors de contacts entre muqueuses vaginales, anales et buccales. S’il n’y a pas de risque de transmission du VIH au cours d’un rapport lesbien, la chlamydia peut causer une infertilité quand elle n’est pas traitée à temps.

L’anamnèse et la question de l’orientation sexuelle

“Il y a un problème dans l’anamnèse [recueil de données sur les patient·es par la ou le médecin afin de réaliser le diagnostic, ndlr] qui est souvent hétéronormée et qui n’est donc pas adaptée à tous les patients et patientes”, déclare Camille, de l’association suisse Les Klamydia’s, qui fait de la prévention en santé sexuelle auprès des femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes (et personnes ayant une vulve) et auprès des médecins.

Un exemple d’anamnèse hétéronormée : “Avez-vous une vie sexuelle active ?” Si tel est le cas, la personne lesbienne répondra par l’affirmative. “Utilisez-vous un contraceptif ?” Le plus souvent, elle répondra que non, sauf si elle utilise un contraceptif pour d’autres visées que la contraception, comme par exemple la diminution des douleurs menstruelles. “C’est avec cette suite de questions que médecin et patient·e arrivent dans une impasse, poursuit Camille. Le ou la médecin, n’ayant pas posé la question de l’orientation sexuelle, conclura que la personne en consultation a un désir d’enfant ! L’anamnèse risque fortement d’être faussée.”

Pour aller plus loin
  •  “Le guide du safer sexe entre femmes/personnes ayant une vulve”, à télécharger sur le site de l’association www.klamydias.ch
  • “Mémo à l’attention des gynécologues sur la santé sexuelle des femmes qui aiment les femmes”, pour rappeler les besoins spécifiques des femmes qui ont des relations sexuelles avec des femmes (FSF) en matière de santé sexuelle et regrouper des informations qui pourraient leur être transmises lors des consultations. À retrouver sur le site de l’association Les Klamydia’s.
  • Le projet belge Go To Gyneco ! a créé une brochure d’information à destination des personnes concernées. Sur le site, on retrouve aussi des vidéos très accessibles, des témoignages et de nombreuses ressources.
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