Un mercredi à la résidence Bellevue

Par N°246 / p. 26-29 • Mai-juin 2022

Nous avons tous·tes en tête ces images : des visages derrière des vitres. Des personnes âgées isolées, un personnel de soin débordé et inquiet. Selon un rapport d’Amnesty International du 23 octobre 2020, sur les quelque 10.600 personnes décédées en Belgique suite à une contamination au Covid-19 pendant la première vague (de mars à mai 2020), 6.467 résidaient en maison de repos. Soit 61,3 % de tous les décès. Les maisons de repos, où les résident·es sont à 3/4 des femmes (selon les moyennes wallonnes), ont donc payé le plus lourd tribut de cette première vague. Alors que la Belgique commence à lever les mesures sanitaires (cet article a été écrit en mars 2022, alors que nous venions de passer en “code jaune”), axelle, qui avait consacré en juin 2020 un dossier à “nos aînées confinées”, a voulu à nouveau leur tendre l’oreille. Et a passé une après-midi avec les résident·es, les familles et le personnel de la résidence Bellevue, à Forest.

© Malijo, pour axelle magazine

Ce mercredi de mars, le soleil est de sortie à Forest. Les premières jonquilles pointent au parc Duden et il règne une effervescence qui fait du bien au moral. La pandémie semble passée, du moins pour l’instant, et l’envie de vivre reprend le dessus après des mois d’inquiétude. C’est la même ambiance qu’on retrouve dans la résidence Bellevue. La petite brasserie au 4e étage est ouverte. Les résident·es, des membres du personnel et des bénévoles discutent et écoutent Nostalgie.

“J’ai encore beaucoup de mal à en parler”

Une résidente se déhanche, godet à la main, sur une chanson de Madonna. Difficile de croire qu’il y a encore quelques mois se déroulait, ici même, un drame humain dont personne n’est sorti indemne. Dix-neuf résident·es de la maison Bellevue sont décédé·es lors de la première vague de Covid-19. Treize, directement de la maladie ; six ont choisi de se laisser partir.

Nadine Laurent est la directrice de la résidence Bellevue. Elle raconte : “Suite au traumatisme qu’elles et ils venaient de vivre, certains résidents survivants nous ont exprimé leur volonté de se laisser mourir. Je me souviens de ce week-end où nous avons perdu trois d’entre eux, en quelques heures. Humainement, c’était très dur.” Elle prend un instant pour respirer, puis poursuit : “On fait ce métier en sachant qu’ils vont partir, bien entendu. Mais notre truc, c’est de les accompagner du mieux possible pour eux et dans un respect total, quels que soient leur âge et leur état de santé. Le Covid nous a empêchés de faire ça. Certains sont morts en trois jours, nous n’avons pas eu le temps de voir qu’ils n’allaient pas bien, c’était déjà trop tard.”

Encore maintenant, j’ai beaucoup de mal à en parler. Je me suis sentie impuissante. Seule aussi parfois.

“C’était dramatique, témoigne Stéphanie Grimaldi, psychologue à la maison de repos. Encore maintenant, j’ai beaucoup de mal à en parler. Je me suis sentie impuissante. Seule aussi parfois. Seule face à la solitude que certains résidents vivaient. On crée des liens assez forts avec les gens. Et en voir décliner aussi vite, sans pouvoir les aider, les prendre dans nos bras, c’est un sentiment très douloureux. On ne savait pas vers qui se tourner. On se sentait responsables, et, au-delà des vies des personnes, il y a leur bien-être aussi qui est important. Nous n’étions pas assez pour les aider physiquement et psychologiquement. J’ai été absente pour maladie deux semaines pendant le confinement, c’était affreux, je culpabilisais de laisser mes collègues se débrouiller seuls.”

Première ligne

Être seule, face à la mort, c’est la sensation vécue par Ikrame Belmahi, membre de l’équipe d’entretien. “J’ai vécu une grande partie de cette période seule avec ma directrice, beaucoup de mes collègues étaient malades et il était nécessaire de réduire les risques pour nos résidents. J’étais vraiment stressée, je croisais les doigts pour ne pas avoir la maladie, pas pour moi, je n’ai pas peur, mais surtout pour ne pas la donner à nos résidents. J’avais aussi peur pour mes enfants. Je me suis dit que, finalement, je pouvais attraper le Covid même en restant chez moi, alors autant continuer à travailler. Les résidents avaient besoin de nous.”

Je me suis dit que, finalement, je pouvais attraper le Covid même en restant chez moi, alors autant continuer à travailler. Les résidents avaient besoin de nous.

Les personnes de l’entretien et les aides-soignant·es sont en première ligne avec les patient·es. Ce sont elles et eux qui en sont les plus proches, qui les connaissent le mieux. Parfois, une relation d’amitié se lie entre un·e résident·e et un·e personne de l’entretien. Mais dans cette période délicate, il n’était plus possible pour Ikrame d’être proche des résident·es, qui en avaient pourtant cruellement besoin : “On ne pouvait même pas les toucher. J’avais peur de les approcher. Je me dépêchais de sortir de la chambre pour ne pas risquer de les contaminer. C’était horrible. En plus, les gens décédaient… Je rentrais parfois dans une chambre subitement vide et on me disait que la personne était décédée. Psychologiquement, je n’oublierai jamais ces deux années, jamais.”

“Je n’ai pas pu leur dire au revoir. J’arrivais dans le service le matin après le week-end et j’apprenais qu’ils étaient décédés, j’étais démunie, nous explique Marie-Paule Lesir, aide-soignante. Je n’aime pas en parler en fait. C’était tellement difficile que des émotions fortes remontent.”

Des liens à retisser

Une situation inédite, dramatique, à laquelle s’ajoute un stress supplémentaire : devoir  aider les familles. “Quand on a fermé les portes, certaines familles ne comprenaient pas, se souvient Nadine. Quand nos résidents sont partis, seuls, sans leur famille autour d’elles et eux, il a fallu l’annoncer aux proches. Certaines familles étaient en colère contre nous.”

Nous avons essayé de garder du lien, entre nos résidents et leurs familles, nous allions dans les chambres avec des tablettes pour qu’elles et ils puissent appeler et voir leurs proches.

Là encore, il a fallu que l’équipe trouve des ressources en elle-même pour apaiser les choses et rassurer : “Nous avons essayé de garder du lien, entre nos résidents et leurs familles, explique Nadine, nous allions dans les chambres avec des tablettes pour qu’elles et ils puissent appeler et voir leurs proches. Mais c’était difficile.” “Ces tâches supplémentaires étaient à faire en plus de tout ce qu’on faisait déjà, ajoute Stéphanie. Mais c’était très important pour les résidents, pour les familles, mais aussi pour nous. Du coup, c’est vite devenu une priorité dans mes tâches.” Les deux femmes vont donc rapidement avoir l’idée de mettre les choses à plat, pour apaiser les tensions et laisser les familles s’exprimer : “Dès que nous avons pu rouvrir, nous avons fait une réunion avec les familles pour qu’elles s’expriment, raconte Nadine. Ça nous a permis de retisser du lien et d’apaiser tout le monde. On a compris que la colère n’était pas dirigée contre nous, mais contre la situation.”

La détresse des proches

Maria Iacono est encore bouleversée lorsqu’elle nous parle de ce que sa maman et elle viennent de traverser. Sa mère, Lina, était atteinte d’un Alzheimer précoce avant la pandémie. Mais le choc, la maladie qui a failli l’emporter et la solitude l’ont fait complètement basculer. Aujourd’hui, Lina ne reconnaît plus ses enfants et petits-enfants. “C’est extrêmement difficile, nous confie Maria. J’avais fait venir ma maman ici, près d’où j’habite, pour pouvoir m’en occuper. Je pensais que c’était mieux. Je venais presque tous les jours et elle était encore consciente, elle comprenait. Puis la pandémie est arrivée. Presque un an sans la voir, sans la toucher, presque sans lui parler. Je l’ai perdue.”

© Malijo, pour axelle magazine

Quelques semaines après le début du confinement, comme beaucoup de résident·es de Bellevue, Lina attrape le Covid. Une nouvelle épreuve pour Maria et sa famille : “Le plus dur, ça a été de ne pas pouvoir aller la voir alors qu’elle était à l’hôpital. Je me souviens qu’un jour, l’hôpital m’appelle et me demande si ma maman a des souhaits en ce qui concerne la réanimation, l’acharnement thérapeutique. Mais elle ne m’en avait jamais parlé…” Maria s’interrompt un instant, l’émotion est trop forte. “Ce qui était encore plus horrible, c’est que c’était le week-end de Pâques. Quelques années auparavant, j’avais perdu mon papa ce même week-end. Je me suis dit que c’était fini. Que je ne la reverrais plus.” Heureusement, Lina s’en sort. Elle retourne à la maison de repos et, depuis la réouverture, il ne se passe pas un jour sans que Maria vienne la voir. Lina ne la reconnaît plus, mais elle est là. “C’est le principal”, conclut Maria.

Celles et ceux qui restent

Lina, comme d’autres, est une survivante. Justement, pour celles et ceux qui sont encore là, comment faire le deuil lorsque l’on n’a pas pu dire au revoir ? Comment faire comprendre à des personnes âgées et parfois vulnérables que leurs ami·es, leurs voisin·es de réfectoire, ne sont subitement plus là ?

Dans une interview que la philosophe belge Vinciane Despret nous avait accordée en juin 2020, nous avions évoqué les difficultés du deuil au temps du coronavirus, et les réparations possibles. “Avec une absence de corps, une absence de lien, les morts partent tout seuls”, expliquait-elle. Et “avec l’absence des funérailles, disparaît cette dimension de réconfort, la lutte contre le désespoir, la réactivation du lien dans le collectif, le fait de dire que la vie continue, quel que soit le chagrin. La perte de la dimension de l’hommage, qui continue à faire exister le mort pour les endeuillés, est aussi très difficile à réparer. Mais je pense qu’il y aura des inventions, si tant est que les gens en auront la force. […] Je pense que les gens vont inventer des rituels.”

Pour chaque résident qui nous avait quittés, nous avions préparé trois minutes d’hommage. On a passé une chanson, on a partagé des photos, on a parlé de leurs passions, de ce qu’elles et ils aimaient.

Pour réparer cet adieu douloureux et rendre hommage aux mort·es, Nadine et Stéphanie ont précisément eu l’idée de réaliser, à la fin du confinement, une cérémonie d’au revoir pour les dix-neuf personnes décédées. “On a attendu une longue période, parce que les résidents qui ont survécu devaient d’abord se reconstruire. Mais il fallait faire quelque chose parce qu’ils commençaient à poser des questions. Surtout que deux étages entiers étaient vides suite aux nombreux décès, on avait donc regroupé les survivants sur deux étages, explique Nadine. Pour chaque résident qui nous avait quittés, nous avions préparé trois minutes d’hommage. On a passé une chanson, on a partagé des photos, on a parlé de leurs passions, de ce qu’elles et ils aimaient. Chaque départ a été personnalisé. Et ce n’est qu’à ce moment-là que certains résidents se sont rendu compte que Monsieur X ou Madame Y étaient morts… C’était très dur. Certains d’entre eux ont des troubles cognitifs et oublient des choses… Il a fallu répéter plusieurs fois. Vraiment, je n’ai pas de mots…” Adrienne Goyesse, 85 ans, nous confie : “Je ne m’étais pas rendu compte que mes amis étaient morts. Ils se sont endormis, ils ont été emportés par cette saloperie de maladie. Ça me fait du mal d’y penser…”

© Malijo, pour axelle magazine

Anne-Marie Sprockeels a 60 ans et souffre de troubles anxieux. Comme pour tous·tes les résident·es, le confinement a eu un effet terrible sur sa santé mentale. “Je suis ici depuis treize ou quatorze ans et je connaissais beaucoup de monde depuis toutes ces années, je me suis fait des amis. Et puis le Covid est arrivé. Mon voisin de chambre était un homme passionnant, qui aimait l’histoire comme moi. J’aurais pu parler avec lui de la guerre en Ukraine pendant des heures, par exemple… Mais il n’est plus là. Il y a une quantité énorme de gens qui m’étaient très chers qui sont décédés, en deux, trois jours… Le Covid a tout détruit.” Elle prend l’exemple d’une résidente dont elle était très proche. “Madame Barthélémy était comme ma maman, elle s’est laissé mourir. Elle savait que ça n’allait pas finir, alors elle n’a plus voulu manger ni boire, elle refusait les soins. C’était une femme au caractère tranché, fort. Je me reproche de ne pas avoir eu son courage… L’après-Covid me semble encore plus dur. Je me sens seule. En semaine, je suis bénévole aux Petits Riens, mais le week-end, je le passe ici. Je n’ai plus personne ou presque avec qui parler, passer du temps.”

Se réparer ?

“On fait le deuil, mais on ne se “répare” pas, explique Anne-Marie. Je ne suis pas en colère, j’ai du chagrin et de l’angoisse.” Quant à Nadine, elle confie : “Moi, je ne suis pas réparée. Il n’y a pas eu de reconnaissance de ce qu’on a vécu. Là, je vous en parle et je sens l’émotion monter. Je pensais que c’était fini, mais ça ne l’est pas. On est ignorés depuis le début… On a fermé la porte des maisons de repos et on a dit “débrouillez-vous”. Les médecins ne venaient plus, on n’avait plus de matériel. On n’était pas vaccinés, on n’avait pas de tests. J’ai l’impression qu’on a fait la guerre sans armes.”

Moi, je ne suis pas réparée. Il n’y a pas eu de reconnaissance de ce qu’on a vécu… On a fermé la porte des maisons de repos et on a dit “débrouillez-vous”.

Nadine a décidé d’aller voir un psychologue, pour tenter de se libérer de cette colère. “Vu qu’aucune réparation n’avait été faite, j’ai eu besoin de parler. Mais cette boule dans ma gorge et dans mon ventre reste. Je crois qu’en Belgique, l’aide à la personne n’est plus du tout considérée.” Un sentiment que partage Stéphanie : “En situation de crise, on n’est pas prêts, j’ai pris conscience de ça. Personne n’est prêt. J’espère que ce qu’on a vécu va aider à faire changer les choses mais je n’en suis pas certaine. Nous sommes en colère, c’est sûr. On est toutes et tous conscients des manquements qu’il y a eu de la part des autorités. Malheureusement, ce sont des choses sur lesquelles nous n’avons pas beaucoup de prise. J’espère aujourd’hui que certains tireront les leçons et ouvriront les yeux.”

“J’ai dû leur dire d’aller au chômage”

Mais cette sensation d’abandon et d’injustice a continué après la pandémie pour Nadine et son équipe. Des patient·es étant décédé·es, il n’y avait plus besoin de tout le personnel. La maison mère a donc demandé à Nadine de renvoyer une partie de son personnel, qui venait pourtant de tout donner pendant la pandémie. “Ces soignants et soignantes à qui on avait dit à quel point leur travail avait été important et bien fait, j’ai dû leur dire d’aller au chômage, nous explique-t-elle, au bord des larmes. En plus, les mesures encore en place nécessitaient plus de soins et de protocoles, etc. Donc oui, il y avait moins de lits occupés, mais notre charge de travail n’était pas diminuée. Il nous fallait encore des bras bienveillants notamment pour distribuer en chambre les repas, à la tasse, à la paille, à la cuillère… Les résidents qui étaient encore là étaient souvent fragilisés par ce qu’ils venaient de vivre…”

On demande de plus en plus au personnel soignant en leur donnant de moins en moins. Les gens sont épuisés. Par le travail, la pandémie, le manque de moyens, les prix de l’essence qui explosent.

“Ça me fend le cœur, complète Anne-Marie. Les gens que j’aime partent. Pendant le Covid, c’étaient mes amis qui sont morts et maintenant, c’est le personnel qui s’en va. Ces personnes nous ont soignés, ont pris soin de nous, des autres, aujourd’hui ces personnes sont parties. Moins de résidents égale moins de personnel. Je ne comprends pas… Pourquoi ? On demande de plus en plus au personnel soignant en leur donnant de moins en moins. Les gens sont épuisés. Par le travail, la pandémie, le manque de moyens, les prix de l’essence qui explosent.”

“J’apprécie le moment présent”

Quel futur pour ces résident·es à qui on a volé deux ans de vie ? Et pour le personnel, comment continuer à travailler après tant de douleurs et un tel manque de soutien ?

Adrienne, une petite mousse à la main, a confiance : “J’ai entendu à la radio que le gouvernement avait allégé les mesures. Je suis heureuse.” “Moi, explique Marie-Paule, aide-soignante, j’apprécie le moment présent. Et puis je me balade, je me ressource.” Marie-Paule, comme le reste du personnel de la maison de repos, a pu bénéficier d’une formation Montessori pour découvrir une manière différente de travailler : “Ça m’a donné une autre approche du contact humain. Du coup, j’ai décidé d’intensifier ma présence et mon écoute, pour être au plus près des résidents. Je suis juste triste que ces formations soient arrivées après la pandémie. C’est dès le début que nous aurions dû les avoir reçues. Même pendant nos études. À l’école, on nous apprend les gestes mécaniques : les patients sont des poupées, pas des humains. Une pandémie pareille, ce qu’on a vécu, m’a fait prendre encore plus conscience que derrière ces gestes mécaniques, il y a des gens. Des personnes qui ont peur et qui souffrent.” Cette prise de conscience est une manière pour Marie-Paule de réparer son travail et son rapport à celui-ci : “On subit moins le travail en ayant une attitude plus proche du résident.”

Une pandémie pareille, ce qu’on a vécu, m’a fait prendre encore plus conscience que derrière ces gestes mécaniques, il y a des gens. Des personnes qui ont peur et qui souffrent.

Ikrame a beaucoup d’espoir pour le futur : “On a besoin de s’aérer, de faire des fêtes, de laisser entrer les familles, les amis. Je me réjouis aussi à l’idée d’enlever le masque !” Stéphanie veut également penser aux jours meilleurs qui s’annoncent : “On en a tellement marre de cette situation. Même si nous récupérons tout doucement une vie normale… J’aimerais reprendre tous les projets qu’on avait avant le Covid, le plus vite possible.”

Nadine a décidé d’ouvrir les portes de la maison de repos, plus que jamais. “J’ai un accord de collaboration avec une école de danse. Ils sont venus plusieurs fois faire des spectacles et le courant est super bien passé avec nos résidents et le personnel. C’était génial, on était tous au 4e, à la brasserie, personne ne voulait arrêter, on s’amusait tellement. Ça nous a fait un bien fou ! Du coup, on imagine pour l’instant un projet pour que la maison devienne un lieu intergénérationnel. Les étudiants en danse pourront venir loger ici ou utiliser des locaux, etc. Je fonde beaucoup d’espoir dans ce projet. Je suis certaine que l’art peut soigner.”