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    Mois : décembre 2021

    Coronavirus et causes communes : “continuer à se renforcer, même si on n’est pas d’accord”

    Comme l’ensemble de la société, le mouvement d’éducation permanente Vie Féminine est confronté à des situations tendues, voire conflictuelles, en lien avec la gestion de la pandémie. Aurore Kesch, sa présidente, partage en toute transparence les difficultés auxquelles le mouvement fait face et sa vision pour les surmonter. Irène Kaufer, autrice, collaboratrice à axelle et inlassable chroniqueuse de nos travers sociétaux, lui répond en élargissant le propos. Des portes s’ouvrent, et sur des chemins praticables.

    CC Freepik (photo d'illustration).

    Les conséquences de la pandémie et leur prise en charge politique ont obligé, et obligent encore au fil des mesures, Vie Féminine à clarifier sa position en tant qu’acteur culturel. Le mouvement a pris la décision, forte, de ne pas se mettre en position de devoir contrôler le Covid Safe Ticket, le CST. Sa présidente en explique les raisons et en détaille les effets, positifs et négatifs.

    Aurore Kesch voit dans cette période bousculée l’occasion de réactiver très concrètement les valeurs à l’origine et à la base du mouvement : les combats émancipateurs communs contre les oppressions, le refus de l’exclusion et la solidarité avec les plus précaires. Afin de retrouver les enjeux essentiels, de mettre un frein à la fragmentation sociale, se renforcer pour l’avenir, et continuer à bâtir ce qui nous faisait rêver au début du premier confinement : un monde attentif à tous·tes et reconnaissant le  care. Entretien.

    Qu’est-ce qui a motivé votre refus de contrôler le CST ?

    Aurore Kesch : “Ce n’est tout simplement pas notre rôle en tant qu’opérateur culturel. Notre mission est de travailler, avec les femmes, à une analyse critique, de leur permettre de s’émanciper de manière individuelle et collective, et d’être actrices de leurs propres choix. On ne veut pas commenter les décisions politiques en ce qui concerne le vaccin, mais on veut respecter cette mission et, surtout, ne pas cliver davantage nos membres, nos animatrices.

    On punit encore certains publics, alors que l’État ne répond déjà pas à leurs besoins fondamentaux.

    Les principes libéraux à l’œuvre dans notre société montent suffisamment les gens les uns contre les autres, en s’occupant d’une partie de la population et beaucoup moins de l’autre. C’est ce qu’on retrouve à nouveau dans le cadre de la vaccination. Certaines personnes ne souhaitent pas se faire vacciner et c’est  leur droit,  mais il y a aussi d’autres raisons dont on ne parle pas souvent. Comme les difficultés liées au fait de ne pas avoir de smartphone, par exemple. On punit encore certains publics, alors que l’État ne répond déjà pas à leurs besoins fondamentaux, comme le logement, la mobilité, l’emploi, la santé, et j’en passe.”

    N’est-ce pas inconciliable avec les mesures légales et la protection des personnes ?

    A.K. : “Ce qui compte, c’est de continuer à rassembler les femmes tout en restant “dans les clous” légaux. En tant qu’opérateur culturel, nous devons garantir la sécurité de nos lieux et respecter le protocole sanitaire. On a choisi de ne pas se réunir dans des endroits imposant le contrôle du CST même en dessous d’une jauge de 50 personnes.  Par contre, depuis le début de la pandémie, nous faisons scrupuleusement respecter les gestes barrières – c’est ça, le sanitaire, pour nous. Des mesures qui protègent réellement les personnes : l’aération, les masques, la distanciation, la désinfection de tout le matériel, etc.”

    • À lire / Crise, care et démocratie : “la Covid de la base, le Covid du sommet”, les leçons féministes de la crise

    Comment réagissent les membres ?

    Cette pandémie nous oblige à incarner nos valeurs.

    A.K. : “Les réactions ne diffèrent en rien de la diversité des personnes et des positionnements de la société. Dès mars 2020, il y avait des femmes qui avaient très peur du Covid et ne sortaient plus de chez elles. Et d’autres qui rigolaient un peu d’elles et qui, retirant le masque, pouvaient en faire une forme de courage… Ce qui se passe aussi entre personnes vaccinées aujourd’hui. Dès ce moment-là, on a senti qu’il fallait qu’on “dézoome”, qu’on essaie de retrouver le commun, pour continuer à se renforcer les unes les autres, même si on n’est pas d’accord. L’éducation permanente a trouvé un terrain de renforcement incroyable, parce que cette pandémie nous oblige à incarner nos valeurs. C’est difficile mais passionnant, et ça nous apprend beaucoup.”

    Irène Kaufer : “J’ai l’impression qu’on se dirige vers une obligation vaccinale, comme en France. Qu’est-ce qu’on va pouvoir encore faire en tant qu’association d’éducation permanente, quelle marge pour contourner ? Le clivage existe, très profond, malheureusement, entre vacciné·es, parfois méprisant les non-vacciné·es, tout comme l’inverse.”

    A.K. : “On essaie de chercher ensemble à distinguer entre croyances et savoirs. D’offrir aux femmes des endroits où elles peuvent déposer leurs craintes, mais aussi d’y réfléchir ensemble. De quoi dispose-t-on comme informations sûres, claires ? Qu’est-ce qui relève de la peur, super légitime, mais qui ne doit pas, à elle seule, guider nos actions ? Mais nous avons perdu des projets, et des membres, certaines déçues des activités annulées, d’autres ne se sentant pas en sécurité. Notre posture est exigeante et parfois difficile. Sans compter que, même quand on a des convictions communes, on peut avoir des façons radicalement différentes de les faire vivre…”

    Je crois que la seule attitude correcte est d’écouter les peurs.

    I.K. : “Je crois effectivement que la seule attitude correcte est d’écouter les peurs, ce que les autorités ne font pas. D’essayer de déconstruire celles basées sur les “fake news” d’extrême droite, mais je comprends les craintes face aux stratégies politiques, mises en place par paliers  vers une obligation vaccinale, et l’intensification des contrôles qui les accompagneront. On sait que quand la police contrôle, elle le fait avec les mêmes biais de race et de classe présents dans la société. Et cette technique par paliers me fait penser à la grenouille qu’on met dans l’eau tiède  qu’on chauffe peu à peu et qui sera cuite sans s’en rendre compte. Je regrette que la gauche n’ait pas réussi à construire son propre discours dans l’opposition au CST.”

    A.K. : “Oui, la vigilance des citoyens risque de s’endormir… Et tout est tellement incertain et fluctuant qu’on est souvent le nez dans le guidon. Mais je fais fondamentalement confiance à la réflexion collective. Des débats se préparent et sont même déjà en train d’avoir lieu dans certains de nos projets, par rapport au nouveau protocole CST. On a, chez Vie Féminine, une longue tradition de débats, mais pas toujours si aboutie que ça. C’est là-dessus qu’on a envie de bosser : entendre, mais dépasser les convictions individuelles, pour, en termes de groupe, de société, définir ce dont on a envie.”

    Vivre dans le dissensus – l’inverse du consensus – est désagréable, mais c’est un enjeu fondamental du moment…

    A.K. : “Oui. Et dans le mouvement féministe belge, aussi. Autant on doit être radicales, claires, aller chercher à la racine, autant je crois que, pour être plus puissantes, il faut se choisir des communs, quitte à lâcher sur l’un ou l’autre sujet, que par ailleurs on peut travailler comme on le souhaite dans l’association. On peut avoir des identités différentes et se mettre d’accord sur des communs. Invitez quelques femmes qui ne se connaissent pas autour d’une table, elles ne mettront pas longtemps à partager des expériences communes. Il faut poursuivre notre recherche de dénominateur commun à toutes, en se basant sur ce qui fait sens commun.”

    • À écouter / L’épisode Briser des murs, jeter des ponts, de notre série Passeuses, est consacré à ce questionnement parmi les féministes : comment faire front quand on n’est pas d’accord sur tout ?

    I.K.  : “Ici il ne s’agit pas d’expériences mais d’un fonctionnement dans un contexte inédit…”

    A.K. : “Nous n’avons évidemment pas envie du tout de “perdre” des femmes : on va tout faire pour que tout le monde embarque, mais on ne peut pas accepter de participer au renforcement de l’exclusion. C’est une question de valeurs. Quelle société on veut ? C’est quoi la liberté ? Le “faire société” ? C’est quoi l’autonomie ? Faire ses propres choix ? Et dans quelles conditions ? De la même manière qu’un propos raciste est complètement intolérable, on n’assume pas l’exclusion de certaines parce qu’elles n’ont pas de CST. On peut faire preuve d’inventivité : si, par exemple, après une manif, un groupe de femmes veut se réunir dans un café et que certaines ne peuvent pas y entrer, elles peuvent choisir de se retrouver ailleurs. C’est de ce type de solidarité dont on parle.

    La pandémie nous permet de voir à quel point la solidarité est souvent loin d’être innée.

    La pandémie nous permet de voir à quel point la solidarité est souvent loin d’être innée. On se trompe si on pense qu’elle l’est. Il faut travailler ensemble à identifier ce qui est discriminant et injuste, pour tout le monde, et c’est comme ça que les solidarités se mettent en place.

    On tente de suspendre les activités avec CST, parce qu’on n’accepte pas d’exclure des femmes sans CST. Ce qui n’empêche pas, dans certains cas, lors de l’aboutissement de projets de longue haleine par exemple, qu’on puisse débattre avec le groupe. Qui reste souverain sur la décision finale, mais à condition que la réflexion soit menée, et aboutisse à un consensus sur ce dénominateur commun minimal. Difficile d’éviter les frustrations, mais la valeur commune est préservée, voire même renforcée.”

    On n’exclut pas les plus précaires, femmes en tête.

    I.K. : “Ce qui me paraît le plus passionnant dans cette position, c’est la mise en place d’une méthodologie, parce qu’elle pourra être activée quelles que soient les contraintes extérieures. Vu les changements constants, les consensus sont éphémères. Cette vision solidaire reste la priorité : on n’exclut pas les plus précaires, femmes en tête. Priorité pas du tout présente dans les politiques actuelles – concentration sur le télétravail mais quid des emplois de première ligne ? Des pertes d’emploi par les femmes, etc. ? Remettre cette solidarité au centre, c’est une position politique importante.”

    A.K. : “Oui, je tiens à ce qu’on se renforce : on sait qu’on va vers quelque chose de plus en plus serré. La base est de reconnaître la légitimité des peurs et de tout ce qui peut constituer des freins à ces communs. Parler des difficultés auxquelles nous sommes confrontées, ne pas en faire un tabou et les prendre en main, fait d’ailleurs partie de ce processus. Dans la transparence et dans l’échange, on commence à s’aguerrir. La seule façon que l’on a de se préparer, c’est de réfléchir à nos valeurs, d’essayer de les incarner. Et intensifier le plaidoyer auprès des politiques pour défendre le droit à la culture. Ce sera sans doute compliqué mais on ne manquera pas de réagir quand il le faudra. Et du soin aux autres, très dévalorisé parce que féminisé, on en reparlera le 8 mars.”

    Rubrique :Catégories Novembre-décembre 2021Mots-clés :Étiquettes Belgique, Féminisme, Politique, Santé, Droits, Care, Culture, Solidarité, Vie quotidienne, Précarité, Éducation permanentePosté le :Publié le 24 décembre 20215 janvier 2022

    Christine Aventin, de Fifi Brindacier aux tempêtes de la vie

    Il y a quelques années, Christine Aventin est à la recherche d’histoires sur des “meufs puissantes” pour son fils, alors âgé de 9 ans, et repense à Fifi Brindacier, une fille dont les aventures ont été écrites par la Suédoise Astrid Lindgren en 1945. Contre toute morale bien-pensante, Fifi habite dans une maison sans parents, vit selon ses envies, ne va pas à l’école et se moque de la police. De là a surgi FéminiSpunk, un essai-manifeste sur le potentiel révolutionnaire des filles. L’autrice nous y embarque dans un jouissif chaos, fait de multiples voix issues de la marge du récit féministe dominant. Vient ensuite Scalp, un recueil de poèmes à la fois fragiles et incandescents, écho des tempêtes qui ont traversé sa vie durant l’écriture de FéminiSpunk. Nous parlons avec elle de ses deux livres à la terrasse ensoleillée de Madame Pita, à côté de la gare de Liège-Guillemins. Un entretien en intégralité, dont certains extraits sont parus dans le magazine de novembre-décembre.

    © Haroun

    Les aventures de Fifi Brindacier n’ont pas eu un grand succès dans les pays francophones. Une nouvelle traduction voit le jour en 1995, mais elle reste bien plate à côté du texte original. L’imposture de cette traduction en serait-elle la cause ?

    “Dans la toute première traduction, tout y est non seulement compressé, mais aussi expurgé des passages où Fifi ment, où elle fait preuve de trop de rébellion, où elle conteste la légitimité des adultes… En plus, certaines scènes ont été réécrites, d’autres carrément ajoutées. Ce n’est donc pas une traduction mais une adaptation, un assagissement, on pourrait dire une clitoridectomie, de l’œuvre originale. L’importance que prend la traduction dans un texte permet de voir comment le capitalisme récupère et édulcore, dans un processus immunitaire quasi infaillible. C’est ce qui se passe tout le temps.”

    Malgré tout, le personnage de Fifi Brindacier continue d’inspirer de nombreuses filles. Selon toi, sa puissance vient aussi de ce qu’elle échappe à l’injonction à la séduction et au sentimentalisme romantique…

    “Oui, car il y a toujours cet enjeu de l’amour romantique et du couple monogame, c’est-à-dire, en somme, de la dépendance affective, qui revient dans la plupart des récits – même avec des personnages féminins ou LGBTQIA+ puissants. Tu peux être forte, en lutte contre les hommes, même punk… à la condition de rester punk sexy et sentimentale ! Vouloir plaire est une posture de dominée : ces personnages puissants, indépendants, sexuellement libres, retrouvent leur identité féminine au sens hétéronormé du terme [relatif à la norme hétérosexuelle, ndlr], leur assentiment au masculin, à travers cette injonction de la séduction.”

    Éditions Zones 2021 136 p., 15 eur.

    Dans FéminiSpunk, on ressent l’importance d’une pensée collective en mouvement. Quelle est son influence sur le processus d’écriture ?

    “Au départ, il y avait mon refus d’endosser l’autorité qui va avec le fait d’écrire un essai et, par chance, j’avais autour de moi des copines intéressées par cette réflexion collective. Ensuite, j’ai été chercher d’autres personnes de qui je me sentais proche politiquement sans être forcément intime, comme Joëlle Sambi par exemple, que j’ai sollicitée pour mettre en perspective le chapitre qui parle du racisme chez Fifi. À chaque fois, je montrais le passage en cours d’écriture, et puis j’intégrais leurs commentaires sans me les approprier dans mon propre texte, en laissant leurs interventions telles quelles. C’était important aussi de mettre sur le même pied les copines qui réagissent et les autrices qui m’ont nourrie car, pour moi, il n’y a pas de hiérarchie entre les pensées reconnues – comme celles d’une Donna Haraway ou les pensées de proches – comme celles d’une copine. L’influence est aussi forte. Mon rêve, ce serait de recevoir des courriers de lectrices, qui ajoutent leurs notes dans les marges ! Et si le livre est imprimé à nouveau, qu’on les y laisse, telles quelles. Je voudrais que le livre reste en mouvement, toujours un peu instable. Je n’aime pas l’idée du point final.”

    Éditions l’Arbre à paroles 2021 110 p., 14 eur.

    Pendant les trois années d’écriture de FéminiSpunk, tu traverses un certain nombre de tempêtes politiques et personnelles, dont un long passage par la maladie. Puis la sortie du livre est repoussée par le confinement. Comment en viens-tu à l’écriture de Scalp ?

    “Sans projet de livre en cours et toute sociabilité habituelle à l’arrêt, c’est à ce moment-là que le backlash post-trauma arrive, que tout ce dont je suis sortie commence à travailler. Alors je m’approprie mon dossier médical en poésie et je contourne, en poésie, le silence imposé par une rupture un peu trop trash. Je pensais aussi que FéminiSpunk n’aurait plus aucun sens après le confinement ! Comment peux-tu écrire un livre politique sans parler de ça ? Et le concept de “contagion” [auquel un chapitre est consacré, ndlr], comment tu peux juste lâcher ça sans qu’il soit dit un mot de ce qu’on vient de traverser ? J’avais l’impression que le texte serait disqualifié avant même de sortir et qu’il fallait un contrepoint. Je me suis dit que si ça sortait en même temps, Scalp pourrait redonner une nouvelle perspective à FéminiSpunk. Pour moi, ces deux livres, c’est presque un diptyque, ils se regardent et dialoguent. Scalp, c’est comme la biographie de FéminiSpunk. C’est ce que traverse la meuf qui a écrit ce que t’es en train de lire et qui te donne plein de force, d’après les échos que je reçois. Eh bien, au moment même où elle écrit ça, elle est dans le même marasme, le même merdier où on est toutes, avec nos histoires et nos fragilités.”

    Pourquoi Scalp et FéminiSpunk ne pourraient-ils par faire un, fragilité et puissance ensemble ?

    “Au moment où j’étais en train d’écrire FéminiSpunk et où je vivais ces traumas, je n’avais pas du tout les épaules pour pouvoir les aborder sous l’angle de la puissance pendant de nombreuses pages. Les outils qui te seraient utiles, tu ne peux pas toujours les activer quand tu es dans la merde. C’est aussi au moment du désastre que tu vois l’importance des outils que tu as acquis en amont. Par exemple, en étant valide, je me suis intéressée à l’handiféminisme, à l’empuissancement crip [le “crip” est la réappropriation par des personnes handicapées du mot péjoratif anglais “cripple”, qui signifie estropié, infirme, dans le but d’affirmer une existence, une communauté et une identité radicale et fière, ndlr], à toutes ces questions portées par des féministes non valides et j’ai appris de ces réflexions-là un certain nombre d’outils. Si j’avais dû les sucer de mon pouce au moment où j’étais dans cette salle de kiné avec, autour, des scléroses en plaque, des Alzheimer, des tétraplégies et des AVC, je ne sais pas comment j’aurais pu faire quoi que ce soit à part être complètement tétanisée par la peur.”

    Pour moi, ces deux livres, c’est presque un diptyque, ils se regardent et dialoguent.

    Quel sens prend l’outil de la poésie dans ce contexte ?

    “L’écriture est un outil que je travaille depuis trente ans afin de me réapproprier ma propre histoire. J’avais fait des romans, du théâtre, des essais, mais pas encore de poésie. Le temps et l’énergie de la poésie sont différents, ce n’est pas un marathon, c’est des sprints, comme les chansons dans les manifs, ou le slam. Tu vas au plus urgent, sans détour.”

    À côté des filles qui osent, il y a aussi les “annikas” – du nom de la discrète, polie et obéissante voisine de Fifi. Comment expliques-tu le lien entre ces deux personnages ?

    “Dans le livre d’Astrid Lindgren, Annika est réellement aimantée, magnétisée par l’ennemi – selon cette image, elle se frotte à l’aimant Fifi et elle s’aimante elle-même, gagnant ainsi en force et en puissance. Il y a contagion : au contact de Fifi, elle commence à entrevoir la possibilité que, elle aussi, elle pourrait être pirate plus tard. Donc tu vois bien qu’il y a un truc d’amour-fille qui agit là, comme dans la chanson Rebel Girl de Bikini Kill, qui dit : “Je veux que cette fille soit ma meilleure amie et qu’elle m’emmène !””

    Au fond, tout comme Astrid Lindgren avec Fifi, c’est aux “annikas” que tu t’adresses avec FéminiSpunk ?

    “Pour moi, la manière dont le roman d’Astrid Lindgren se termine est hyper-importante : Tommy et Annika rentrent au bercail après leur voyage avec Fifi, ils ont été choyés par leurs parents, ils regardent par la fenêtre de leur chambre et se rendent compte qu’ils voient Fifi dans sa maison, par la fenêtre éclairée. Elle est toute seule et regarde rêveusement la bougie sur la table, la tête dans les mains. Alors Annika dit : “S’il n’y avait pas de nuit, on serait déjà le lendemain matin, on serait tout le temps ensemble, on ne se quitterait jamais !”

    À un moment, il faut juste lâcher tes spéculations vaines autour de “si” improbables, il faut que tu te lances ! Et ça, les autres ne peuvent pas le faire à ta place.

    Il y a ce truc des “si” qui font que ça rend impossible le réel passage à l’acte. C’est un peu la problématique des annikas qui vont lire mon livre. Il y a ce moment où je te donne de l’énergie, du rire, de la force, de l’exemple, de la prise de conscience que tu peux être autre chose… Mais ce n’est qu’un livre, en fait. Ça veut dire que tu peux le lire et bien te marrer – comme Annika et Tommy avec Fifi – et puis tu peux le refermer et te dire : “Si j’étais plus jeune, si je n’avais pas d’enfant, si je n’étais pas obligée de travailler, si je ne croulais pas sous les dettes, si je connaissais des gens, si j’osais, si le monde était différent, ou si, ou si… on pourrait vivre comme ça.” En lisant, tu as passé un super moment en pensant “Ouais, tout cramer, tout cramer !”, et puis tu vas bosser le lendemain à 8 heures, tu vois ? À un moment, il faut juste lâcher tes spéculations vaines autour de “si” improbables, il faut que tu te lances ! Et ça, les autres ne peuvent pas le faire à ta place.”

    Qu’est-ce qui retient les “annikas” de saisir ces occasions ?

    “Dans mon analyse féminispunk des choses, je pense que des fois, comme Annika, on est confortable dans l’aliénation et les injonctions. On peut être, à plein de moments, alliées du patriarcat et complices d’une structure d’oppression sans le savoir. On est ambivalentes par rapport à ça, parce que la liberté, c’est aussi la solitude. Mais avec l’arrivée du temps des catastrophes – comme le dit Isabelle Stengers –, les occasions politiques de désobéir ou de contrevenir, elles sont là, sans arrêt, partout. Et là, il vaudra mieux avoir aiguisé ses outils avant l’urgence…”

    Rubrique :Catégories Novembre-décembre 2021Mots-clés :Étiquettes Féminisme, Rencontre, CulturePosté le :Publié le 8 décembre 20218 décembre 2021

    Afghanes de Belgique, le cœur brisé

    Le 15 août dernier, les talibans s’emparaient de Kaboul, capitale de l’Afghanistan. Depuis, plus de 120.000 personnes ont été contraintes de fuir leur pays. Comment les Afghanes de Belgique vivent-elles cette situation ? À Angleur (Liège), nous avons rencontré trois femmes dans le cadre d’un “safe space”. Elles nous ont confié leur détresse et leur espoir.

    © Sara Greselle pour axelle magazine

    C’est dans le jardin de l’asbl Live in Color, à Angleur, que nous rencontrons Nasima, Mina et Fikhria. Fikhria est arrivée en Belgique en 2015 avec ses enfants. Elle suit des cours de couture et de langue française. Nasima est ici depuis douze ans avec ses enfants et son mari dont elle est séparée. Artisane de profession, elle travaillait les perles en Iran où elle a émigré enfant et où ses propres enfants étaient discriminés. Fidèle à son art, elle suit, elle aussi, des cours de couture tout en recherchant activement du travail. Quant à Mina, elle est coiffeuse ; elle a dû fermer son salon à cause de la pandémie. Elle exerçait déjà cette profession en Afghanistan avant d’arriver en Belgique, il y a douze ans également. Elle suit des cours de français professionnalisant. Toutes trois ont quitté leur pays pour offrir de meilleures perspectives et une vie sans danger à leurs enfants. Deux d’entre elles ont vécu sous le régime taliban dans les années 1990 et nous confient quelques événements qui ont marqué leur jeunesse.

    • À lire / “Leila, Roya, Sarah vers la Belgique : témoignages de trois femmes afghanes”

    Vivre sous le régime taliban

    “J’avais 15 ans, j’étais en deuxième secondaire. Ce n’était pas une vie, c’était catastrophique”, se souvient Fikhria. Les cours étaient suspendus, les écoles fermées. Elle était bloquée à la maison. “On n’avait pas de films, on ne pouvait pas écouter de la musique, sous peine de voir des talibans arriver et tout détruire.” Malgré les interdictions, elle a suivi des cours d’anglais clandestins organisés par des femmes. “Notre professeure était une juge. À l’arrivée des talibans, elle avait perdu le droit de travailler. Elle nous donnait cours en cachette, mais ils l’ont découvert et ont fermé les classes.”

    On n’avait pas de films, on ne pouvait pas écouter de la musique, sous peine de voir des talibans arriver et tout détruire.

    Les citoyen·nes se sont vu imposer des tenues correspondant aux critères des talibans : sobres et amples. “Dès le lendemain de leur entrée au pouvoir, tout le monde avait endossé l’habit imposé”, poursuit Fikhria. Contrevenir aux règles entraînait des conséquences très violentes. Un événement en particulier lui revient : son mariage. Ni parure, ni musique, ni mise en beauté… seulement le silence. Bien que cela soit interdit, son fiancé s’était taillé la barbe et les cheveux. Les talibans l’ont appris et ont fait irruption pour le rechercher, caché par ses amis – ils ne l’ont pas trouvé. “Pour filmer notre union, nous avons fait passer la caméra pour un bébé”, se remémore-t-elle, riant encore de l’absurdité de la scène. “J’ai mis la caméra dans un drap et je l’ai cachée dans ma burka pour la transporter jusqu’à chez mon fiancé qui habitait dans mon quartier.”

    Les femmes n’avaient pas le droit de sortir seules et les couples étaient soumis à des “enquêtes de routine”. “Ils nous séparaient dans deux pièces différentes et nous demandaient de décliner notre identité et celle de nos parents”, explique Fikhria. Ce n’est que si les réponses concordaient que le couple était relâché.

    Mariée, mais pas réglée

    “Les talibans sont des monstres !”, enchaîne Mina. Elle a vécu un mariage forcé en 1994, au moment où les talibans commençaient à étendre leur influence. Aujourd’hui séparée de son mari, elle se souvient de ses noces, à l’âge de 11 ans. “Je n’avais même pas mes règles !” Mina saisit son téléphone, fait défiler les images sur l’écran qu’elle nous tend. On voit une petite fille aux cheveux noirs et à la peau claire apparaître sur une vieille photo. Vêtue d’une robe verte irisée, elle est maquillée et coiffée [la règle talibane concernant la mise en beauté n’était pas encore en vigueur – et, même en vigueur, elle était souvent bravée]. Une tenue qui nous ferait penser à un anniversaire ou une fête d’école… Tout, sauf un mariage. Fikhria et Nasima découvrent en même temps que nous cet aspect de la vie de Mina. “J’ai accouché à 12 ans. J’ai grandi avec mes enfants”, lance-t-elle, d’un ton ironique. Fikhria et Nasima se concertent dans leur langue et posent à Mina des questions sur son mariage. Nasima, effarée, pense d’emblée à sa propre fille de 13 ans : “C’est une petite fille ! Elle joue, elle est innocente. Ce n’est pas un âge pour se marier !”

    J’ai accouché à 12 ans. J’ai grandi avec mes enfants…

    Vivre sous un régime autoritaire, misogyne et liberticide comme celui des talibans marque toute une vie. Aujourd’hui, ce sont des blessures profondes qui se ravivent, des souvenirs que Mina et Fikhria souhaitaient enterrer. La situation actuelle vient remuer le couteau dans la plaie et instaurer un climat d’anxiété pour les trois femmes, inquiètes pour leurs familles bloquées sur place. Il y a de quoi… Les talibans ont libéré ceux des leurs qui étaient prisonniers sur tout le territoire afghan. Les anciens détenus traquent désormais les juges qui les avaient condamnés – et parmi ces juges, 220 femmes se terrent actuellement avec leur famille, comme l’a révélé une enquête de la BBC (28 septembre 2021).

    Dévastation, peur, révolte

    Le mari de Fikhria est toujours en Afghanistan. Il est cardiologue et a reçu de nombreuses menaces parce qu’il travaille avec des femmes. C’est l’une des raisons qui a poussé Fikhria à quitter l’Afghanistan en 2015. Son époux vit à l’hôpital, espérant ainsi le protéger des pillages et des attaques. “Je suis heureuse que mes enfants et moi soyons en sécurité ici. Mais pour ma famille là-bas, je ne peux pas en dire autant. Il n’y a pas de travail. Même pas pour les hommes. La situation économique est très critique, sans parler de la fermeture des écoles.”

    Je ne dors plus quand je vois les vidéos de témoignages et les informations au journal. Personne n’est épargné. Même pas les enfants.

    Nasima est profondément malheureuse ; son frère, qui avait aussi émigré en Iran, s’est retrouvé bloqué en Afghanistan. “Je ne dors plus quand je vois les vidéos de témoignages et les informations au journal. Personne n’est épargné. Même pas les enfants”, fait-elle, épouvantée.

    Toutes trois partagent la peur, le doute et la perplexité. Ne pas savoir ce qu’il adviendra de leur famille et de leur pays les prive de sommeil… Bien qu’elles se mobilisent depuis la Belgique et qu’elles soient en contact permanent avec leur famille, elles se sentent impuissantes face à une situation politique qui les dépasse.

    Un pays volé, une identité bafouée

    Ici, raccourcis et amalgames donnent une image fausse de ce pays en proie au conflit depuis des années. Par exemple, pour les trois femmes, il est inconcevable qu’on puisse faire un parallèle entre Islam et talibans. “Non, c’est 100 % différent !, s’exclame Nasima qui déplore : Comment peut-on dire “La ilaha illa lah” [cette phrase signifie “Il n’est d’autre dieu que Dieu” en langue arabe. Elle est prononcée par toute personne qui souhaite se convertir à l’islam et est récitée lors de la naissance et du baptême des personnes nées dans des familles musulmanes pratiquantes, ndlr] et tuer ? Tuer des enfants ? Ils utilisent notre religion pour assouvir leur soif de pouvoir et d’oppression.” Difficile à vivre et à accepter pour nos interlocutrices. Ces stéréotypes ont des conséquences directes sur Fikhria, qui porte le foulard : “Ici, à Liège, on a été manger des frites avec l’école. On était trois femmes portant le foulard. Le restaurateur a refusé qu’on entre dans la friterie. Ça fait mal, ça fait trop mal…”

    Ici, à Liège, on a été manger des frites avec l’école. On était trois femmes portant le foulard. Le restaurateur a refusé qu’on entre dans la friterie. Ça fait mal, ça fait trop mal…

    Elles regrettent leur pays et évoquent une expression afghane selon laquelle chaque pays est le paradis de son peuple. “Pour nous, l’Afghanistan, c’est le paradis. Il y a du soleil, nous avons des pierres que l’on ne trouve pas ailleurs, il y a des fruits succulents…, déclare Fikhria, nostalgique. On voudrait qu’il soit comme les autres pays musulmans où les femmes sont libres, sans guerre, où les autres pays ne s’imposent pas.” Nasima continue : “Il y a 40 ans, quand j’étais petite, ce n’était pas comme ça. Nous n’étions pas en danger.” Elles regrettent ce qu’elles qualifient de “régression” en songeant à la période où les touristes affluaient dans la ville de Bamiyan pour contempler les statues de Bouddha, détruites le 11 mars 2001 par les talibans.

    Nasima, Mina et Fikhria sont unanimes : l’Amérique a abandonné leur pays. Selon elles, les forces militaires américaines – déployées depuis près de vingt ans sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU – n’auraient pas dû quitter le territoire du jour au lendemain. “Les Américains n’ont pas fait beaucoup mais au moins, les femmes avaient moins de problèmes”, note l’une. Pour Nasima, les Américain·es n’ont pas lutté contre les talibans comme annoncé. Toutes trois ont le sentiment que leur pays leur a été volé. “Tout le monde est entré en Afghanistan !”, s’exclament-elles, révoltées . Quant à la fuite du président Ashraf Ghani, le 15 août dernier, considérée internationalement comme ayant accéléré la victoire des talibans, elles la vivent comme une trahison, une rupture de promesse.

    Flash-back

    “Tout le monde est rentré en Afghanistan” : en effet, c’est historiquement un terreau de luttes coloniales et impérialistes. Tout au long du 19e siècle, l’Angleterre victorienne et la Russie tsariste, désireuses d’expansion en Asie centrale, s’affrontent dans des luttes qui ravagent le pays. Plus récemment, le 27 avril 1978, la république d’Afghanistan subit le coup d’État d’un gouvernement socialiste et pro-soviétique. En décembre 1979, l’Union soviétique envoie ses troupes pour soutenir le nouveau pouvoir. S’ensuivent des affrontements entre les différents clans politiques et une guerre de dix ans, “dommage collatéral” de la guerre froide – les États-Unis finançant les rebelles. Pour Fikhria, “personne n’a aidé l’Afghanistan, tout le monde a utilisé nos ressources !” Elle mentionne également le problème de pays voisins qui, ces deux dernières décennies, ont soutenu les talibans pour contrer notamment les Américains.

    Comment soutenir les Afghan·es ?

    Pour ces trois femmes, la solution n’est pas de quitter l’Afghanistan. “Pourquoi devrait-on quitter notre propre pays à chaque fois qu’un gouvernement y entre ? Laissez l’Afghanistan aux Afghans !” Elles rêvent d’un Afghanistan “sans guerre, sans talibans, sans danger et égalitaire”.  Leur demande est claire : le gouvernement belge doit mettre les personnes en sécurité. D’après elles, il doit aider les Afghan·es arrivé·es en Belgique et faciliter le droit d’asile et l’accès aux papiers. Elles ont également contribué à l’élaboration d’une pétition lancée par Live in Color, à retrouver sur le site de l’association.

    • À lire : “À Liège, une mobilisation pour et avec les Afghanes et les Afghans”

    “Si l’Union européenne et les différentes nations ne réagissent pas, les gens vont mourir. Beaucoup de gens sont à la rue. Tout le monde ne peut pas quitter l’Afghanistan.” Pour Nasima, Mina et Fikhria, il faut donc impérativement s’assurer des conditions de vie et du respect des droits de la population locale. Des clauses doivent être imposées aux talibans, le temps de trouver une solution viable – les faire tomber. La population locale a besoin de promesses tenues, expliquent ces trois femmes qui prient sans cesse pour la délivrance de leur pays.

    Rubrique :Catégories Novembre-décembre 2021Mots-clés :Étiquettes Belgique, International, Violence, Droits, Rencontre, Solidarité, GuerrePosté le :Publié le 8 décembre 20218 décembre 2021

    Au Brésil, d’anciennes détenues tissent leur libération collective

    En fondant la coopérative Libertas (“Libérées”) pour les femmes passées par la prison, Marcita Amores et Geralda Avila ont voulu “créer les conditions d’une émancipation collective”. Proches de détenu·es, les deux femmes refusent la logique normative de la réinsertion pour lui préférer la coopération, la création et la mise en commun des compétences et des ressources.
    Sarah Benichou (texte) et Juliette Rousseau (texte et photos)

    Geralda Avila est un pilier du combat féministe anti-carcéral à São Paulo. © Juliette Rousseau

    “Nous sommes des créatrices, pas des créatures”, martèle Batia Jello Shinzato. Assise dans l’herbe à l’ombre de la rampe d’accès à la communauté d’Atibaia (quartier de Sapopemba, São Paulo), cette femme, impliquée dans le culte candomblé, milite contre l’enfermement carcéral qu’elle a elle-même connu. Parce qu’elle veut faire changer la honte de camp, cette figure de référence du quartier a fondé l’association “Por Nos” (“Par” et “pour nous-mêmes”), “pour que les gens cessent de parler à notre place et que les prisonnières prennent la parole à la première personne”. Ses activités politiques lui ont permis de croiser la route de deux autres militantes anti-carcérales et féministes : Marcita Amores et Geralda Avila. Respectivement âgées de 44 et 66 ans, elles se sont rencontrées en animant des ateliers dans des prisons pour femmes : styliste, Marcita a pu y donner des cours de couture grâce à Geralda qui y enseignait déjà la littérature. En 2019, elles décident de créer une coopérative de couture pour ex-détenues : Libertas (“Libérées”). C’est cette structure qui s’installe à Atibaia.

    Coopérer plus que réinsérer

    Installée dans un local du centre de São Paulo depuis sa création en 2019, la coopérative Libertas prend en cette fin d’année ses quartiers à Atibaia. © Juliette Rousseau

    Ce dimanche, sous le soleil de plomb de février, on inaugure le local de Libertas à grands coups d’huile de coude et de peinture aux couleurs vives. Installée dans un local du centre de São Paulo depuis sa création, la coopérative a été invitée à prendre ses quartiers ici à l’hiver 2021. Comme Batia, de nombreuses habitantes de la communauté ont fait de la prison : elles sont “passées”, comme elles disent. “Nous fabriquons des biens utiles aux femmes, explique Marcita entre deux coups de balai. Notre coopérative n’a pas vocation à “réinsérer” les femmes sur le marché du travail, car les vies humaines ne devraient pas être déterminées par le marché”, poursuit la styliste. Pour elle, travailler en coopérative, c’est bien plus que produire des biens, c’est “créer les conditions d’une émancipation qui ne peut être que collective”. Serviettes hygiéniques lavables, sacs de courses, masques, la production est pensée en cohérence avec le projet politique : construire l’autonomie des femmes. Marcita décrit la coopérative comme un outil féministe avant tout : “Alors que nous avons grandi dans un système qui nous met toutes en concurrence plutôt que de valoriser notre capacité à “faire commun”, la coopérative doit permettre de se rééduquer ensemble.”

    Rubrique :Catégories Novembre-décembre 2021Mots-clés :Étiquettes International, Violence, Droits, Économie, Care, SolidaritéPosté le :Publié le 8 décembre 20218 décembre 2021

    La ménopause : un éclairage s’impose

    Ce n’est pas une maladie mais une période de la vie. Plus on en sait, mieux on la vit.

    © Odile Brée pour axelle magazine

    À la naissance, nous avons un stock de follicules (les poches qui “nourrissent” de potentiels ovules). À chaque cycle menstruel, des follicules maturent dans les ovaires et produisent des hormones sexuelles : œstrogènes et progestérone. La ménopause survient habituellement entre 45 et 55 ans. C’est la fin de la période de fertilité : le stock de follicules est vide. Les ovaires ne sécrètent donc plus d’hormones sexuelles. L’endomètre, la paroi interne de l’utérus qui répondait aux fluctuations hormonales, reste au repos et il n’y a plus de règles.

    Les phases

    La ligne du temps indique les durées et certains symptômes habituels de la ménopause mais cela peut être différent pour chacune. Lors de la préménopause, les ovaires diminuent leur production d’ovules et les cycles sont irréguliers. Certaines femmes expérimentent les premières “bouffées de chaleur”. La contraception est importante à maintenir s’il n’y a pas de désir de grossesse. La ménopause est déterminée a posteriori, lorsqu’on n’a pas eu ses règles durant 12 mois. Enfin, la postménopause est la période d’adaptation de l’organisme aux changements hormonaux. Certains signes, dont les bouffées de chaleur, disparaissent petit à petit, d’autres restent.

    Rubrique :Catégories Novembre-décembre 2021Mots-clés :Étiquettes Santé, Vie quotidienne, SexualitéPosté le :Publié le 8 décembre 20218 décembre 2021
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