Participer à la grève du 8 mars, pourquoi et comment ?

“Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête !” Le défi lancé par le collecti.e.f 8 maars fait de plus en plus de bruit dans les médias et pour cause : une grève des femmes en Belgique, c’est du jamais vu ! Mais est-ce que toutes les femmes peuvent participer ? Même celles qui ne pourront pas quitter leur activité ? Spoiler alert : la réponse est oui !

Assemblée générale du collecti.e.f 8 maars le 17 février 2019 © Frédérique Vansteenwegen

Voyons pourquoi vous mettre en grève le 8 mars prochain et comment faire en sorte que cette action soit la plus visible et la plus efficace possible !

Le machisme tue

“Nous, femmes du monde, en avons marre des violences physiques, économiques, verbales et morales qui nous sont adressées” : ceci est la première phrase des discours prononcés par les militantes à l’origine de l’appel à la grève internationale des femmes l’an dernier. D’Argentine, du Chili ou encore d’Espagne (où six millions de personnes sont descendues dans les rues !), ces femmes pointent du doigt l’inaction de leurs gouvernements face aux violences qu’elles subissent et demandent des mesures concrètes.

Multilingue, l’appel de la grève internationale des femmes.

Dans notre pays aussi, le machisme, comme disait la féministe française Benoîte Groult, ” …tue tous les jours et ce n’est ni une métaphore, ni une exagération.” L’année dernière, au moins 35 femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes, la plupart du temps par leur conjoint ou ex. Depuis 2019, le blog « Stop Féminicide » déplore déjà 5 victimes.

Quand le machisme ne tue pas littéralement, c’est à petit feu qu’il opère. En Wallonie, on enregistre en moyenne 15.000 plaintes pour violences conjugales et 1.000 plaintes pour viol par an, ce qui est loin de la réalité puisque la plupart des femmes ne portent pas plainte : on estime que 100 femmes sont violées chaque jour en Belgique. Sans parler du sexisme et du (cyber) harcèlement dans l’espace public, de la culture du viol généralisée dans notre société…

La précarité est féminine

Nous faisons un travail invisible. Pour le rendre visible, on doit s’arrêter pour qu’on se rende compte de la nécessité de ce qu’on fait.

Les violences faites à l’encontre des femmes sont aussi économiques. Les femmes gagnent 20,6 % de moins par an que leurs homologues masculins. En plus des inégalités salariales liées au simple fait d’être une femme, s’ajoutent celles liées à la nationalité ou à l’origine perçue (conséquence du racisme sur le marché du travail), au niveau de formation, mais aussi à l’occupation de jobs à temps partiel. En effet, ceux-ci sont à la fois dévalorisés, moins bien rémunérés et sans réelle perspective d’évolution professionnelle : or 43 % des femmes sont à temps partiel… contre 9 % des hommes.

“Avec 500 euros par mois et le loyer à payer, il ne nous reste plus rien pour vivre. Nous faisons un travail invisible. Pour le rendre visible, on doit s’arrêter pour qu’on se rende compte de la nécessité de ce qu’on fait”, témoigne ainsi Alexandra, de la Ligue des Travailleuses domestiques de la CSC-MOC Bruxelles, dans cette vidéo réalisée par ZinTV.

Le groupe de mobilisation des étudiantes de l’ULB en vue de la grève féministe rappelle aussi que ces inégalités liées au genre préexistent au monde du travail rémunéré : “En Belgique, les stages dans les études supérieures sont non rémunérés et prestés majoritairement par des femmes. Les secteurs sociaux plus investis par les femmes (infirmières, puéricultrices, assistantes sociales, etc.) sont ceux qui comportent le plus grand nombre d’heures de stage : une main-d’œuvre gratuite, majoritairement féminine.”

Pour en savoir plus, le mémorandum du collecti.e.f 8 maars propose une photographie implacable de la situation des femmes dans notre pays. Chacune d’entre nous peut être touchée de près ou de loin par les violences économiques, machistes, par le sexisme, le racisme et par les inégalités. Face à ce constat, les militantes de la cinquantaine de pays ayant répondu à l’appel international à la grève affirment : “La solidarité est notre arme !”

Toutes en grève !

Dès le début, on voulait donner à toutes l’opportunité de pouvoir faire la grève, et ce dans tous les aspects de leur vie.

Si vous avez envie de participer à la grève du 8 mars, vous vous demandez peut-être comment faire : le collecti.e.f 8 maars propose quatre pistes d’action sur mesure pour le jour J, afin que toutes les femmes puissent participer, d’une façon ou d’une autre (et quand le collectif dit “toutes les femmes”, il inclut toutes les personnes se reconnaissant dans l’identité de femme).

“Dès le début, on voulait donner à toutes l’opportunité de pouvoir faire la grève, et ce dans tous les aspects de leur vie”, explique Malika, membre du collectif. La première proposition est tout d’abord, comme pour une grève traditionnelle, l’arrêt du travail rémunéré. Mais la grève féministe, c’est aussi s’arrêter d’étudier, de prendre soin, de consommer. On vous explique !

Réunion d’information du collecti.e.f 8 maars au café Boom à Bruxelles, le 8 février 2019 © Marine Créer pour axelle magazine

Grève du travail

Deux centrales syndicales ont déjà déposé un préavis de grève : la CNE et la CGSP-Bruxelles, cela signifie que les grévistes recevront une indemnité. Les membres de la FGTB sont aussi invité·es à participer, même si chaque centrale syndicale pourra choisir sa manière d’appuyer la grève. Un livret répondant à toutes vos interrogations légales est en cours de préparation, à suivre sur le site du collecti.e.f 8 maars. En attendant, n’hésitez pas à poser vos questions à votre délégué·e syndical·e !

Mais toutes les femmes ne pourront pas s’arrêter une journée entière : “Soit à cause du rapport de force au travail, soit parce qu’elles sont dans des secteurs où on doit s’occuper de patients ou d’enfants… Qui sont d’ailleurs traditionnellement des secteurs très féminisés”, explique Zoé, membre du collectif.

Pour ces travailleuses – de même que pour les étudiantes qui ne pourront pas faire grève –, le collectif propose qu’elles organisent un moment de pause dans leur journée de travail ou d’études, pour discuter avec leurs collègues des thèmes de la grève, débattre sur les arguments évoqués par le collectif, parler de leur situation personnelle ou collective ou encore faire du bruit à 14h par tous les moyens possibles. Et pourquoi pas un concert de casseroles ?

Intéressée par d’autres moyens de rendre la grève visible ? Le collecti.e.f 8 maars a plus d’une corde à son arc ! Vous trouverez sur leur site des modèles de mail pour expliquer pourquoi vous êtes en grève (à utiliser le jour J). Mais aussi des visuels à appliquer sur vos photos de profils Facebook ou encore des flyers prêts à être téléchargés et distribués.

Rendre visible le soin aux autres

La grève du care, c’est-à-dire du soin aux autres, est proposée par le collecti.e.f 8 maars pour rendre visibles toutes les tâches assignées aux femmes par la société qui se repose sur leur travail gratuit dans la sphère privée : les tâches domestiques, l’éducation des enfants, le soin aux personnes âgées ou porteuses d’un handicap… C’est un type de grève aussi crucial que délicat, sachant que les besoins essentiels des personnes ne peuvent évidemment pas être remis au lendemain du 8 mars. Cependant, vous pouvez arrêter d’effectuer des tâches ménagères auxquelles vous consacrez en moyenne deux heures de plus par jour que les hommes, ou encore parler de la charge mentale autour d’un plat que vous n’aurez pas cuisiné ! Enfin, les hommes qui souhaitent soutenir l’action du collectif peuvent organiser la prise en charge des tâches de care ce jour-là.

On a prévu une garderie qui se fera toute la journée, de 9h à 20h après la manif.

Et les mamans solos ? Elles représentent 86 % des chef.fes de familles monoparentales. Le but n’est évidemment pas qu’elles arrêtent de s’occuper de leurs enfants pendant 24 heures : seules responsables, elles n’ont pas le choix ! Malika, membre du collecti.e.f 8 maars, explique : “À Bruxelles et ailleurs, on a prévu une garderie qui se fera toute la journée, de 9h à 20h après la manif. Et si malgré cela, les femmes ne peuvent pas venir nous retrouver dans l’espace public, elles peuvent se réunir à 14 heures dans leur quartier avec d’autres, porter des habits mauves [couleur du féminisme, ndlr], faire du bruit ou encore accrocher un tablier à leur balcon avec un message de solidarité pour les grévistes !”

Réalisation d’un pochoir en prévision des actions du 8 mars lors de la réunion d’information du collecti.e.f 8 maars au café Boom à Bruxelles, le 8 février 2019 © Marine Créer pour axelle magazine

Grève de la consommation

Selon Zoé, membre du collectif, “c’est un autre aspect que nous voulons mettre en avant. Nous voulons montrer qu’il faut s’arrêter de consommer à un moment, parce que la consommation entretient un système profondément inégalitaire qui contribue à mettre des femmes dans des situations de précarité dans des secteurs où les conditions de travail sont déplorables, où elles n’ont que des temps partiels, très féminisés.”

Si s’arrêter de consommer impacte directement la production et peut mettre en lumière un système d’organisation du travail encore basé sur les inégalités entre les sexes, cela permet aussi de dire stop à l’utilisation sexiste de la femme comme argument de vente.

Comment agir ? On peut se renseigner sur la chaîne de production des produits qu’on consomme pour savoir dans quelles conditions les femmes sont employées par ces entreprises. Passer du boycott individuel à l’action collective, comme l’organisation d’un sit-in. Mais aussi mener des actions relevant de la désobéissance civile, comme l’application de slogans avec des pochoirs mauves sur des publicités ou sur des produits à dénoncer…

“Quand les femmes s’arrêtent…”, elles se rassemblent !

Finalement, il y a de multiples manières de faire grève ou de montrer sa solidarité avec les grévistes. Mais même si les femmes s’arrêtent pour montrer d’abord que sans elles, le monde s’arrête, il ne faut pas perdre de vue l’importance de se rassembler dans l’espace public. Ici, on se rappelle le slogan féministe “le privé est politique” : les problèmes vécus individuellement par chacune doivent être revendiqués collectivement pour être entendus. “Si les femmes sont en grève mais qu’elles restent chez elles, on aura raté alors une partie du projet !”, explique Zoé.

Le 8 mars prochain est donc un appel à la protestation et à la solidarité des femmes face aux violences, à la précarité, au machisme et aux inégalités ; c’est aussi un premier pas vers des formes renouvelées de mobilisation, face aux nouveaux défis que rencontrent les femmes dans notre société machiste, capitaliste et raciste. Ça se joue dès maintenant : vous pouvez rejoindre des séances d’information près de chez vous, sensibiliser votre entourage… Rappelons-nous : avant d’être six millions de grévistes l’an dernier, les Espagnoles n’étaient d’abord que quelques milliers il y a quatre ans. Tout est possible !

Rencontre avec Jeanne Vercheval-Vervoort, figure emblématique du féminisme belge

La méconnaissance de l’histoire des femmes et de leurs luttes est une tragédie. Pour toute l’humanité bien sûr, et pour les combats féministes à mener aujourd’hui. Cette ignorance, entretenue par la société, justifie la perpétuation des inégalités entre les femmes et les hommes en effaçant l’historicité de la domination masculine, comme si elle était, finalement, naturelle. Pour faire le lien entre les combats d’hier et de demain, axelle a rencontré Jeanne Vercheval-Vervoort, militante féministe emblématique qui fête ce mois-ci ses 80 ans…

Jeanne Vercheval pose à côté d’une sculpture de l’artiste Cécile Douard, dont elle a écrit une biographie ("Cécile Douard. Un regard retrouvé", Éditions L’Image et L’Écrit & PAC 2014). © Véronique Vercheval

Très jeune, elle était déjà militante pacifiste et communiste. Elle a ensuite orienté ses combats vers le milieu ouvrier, dont elle est issue, et a créé les  “Marie Mineur”. Au cours des années 1970 dans la région du Centre, ce groupe féministe a ainsi soutenu les grèves des travailleuses qui revendiquaient de meilleures conditions de travail. Les Marie Mineur sont également connues pour avoir aidé des femmes à avorter alors que la loi le leur interdisait. Leurs actions de désobéissance civile, aux côtés des  “Dolle Mina” flamandes et des Comités Peers, ont permis de mettre les questions de la contraception et de l’avortement sur la place publique et de faire changer la loi.

Pour Jeanne, le féminisme était une évidence :  “Tout à coup, je me suis rendu compte que les femmes vivaient une souffrance. Souffrir d’être femme, ce n’est pas normal. On ne peut pas imaginer laisser souffrir tout un peuple. Les mouvements pour la paix, les mouvements caritatifs sont là pour le dire. Mais laisser souffrir la moitié de l’humanité, une fois qu’on a pris conscience de ça, on ne peut pas ne pas s’engager. Donc, c’est un parcours normal.”

“Notre rôle, c’est conscientiser les femmes”

Soucieuse de transmettre son expérience aux nouvelles générations et de garder des traces, Jeanne Vercheval-Vervoort est aussi autrice et est à l’origine, avec son époux Georges, du Musée de la Photographie de Charleroi. Si aujourd’hui elle s’est retirée des milieux militants, elle n’en reste pas moins une observatrice attentive de notre société, souvent en colère, toujours animée d’un idéal d’éducation populaire et de révolution.

Nous avons rencontré Jeanne chez elle, à La Louvière, en décembre dernier, alors qu’une journée de grève était organisée en front commun syndical pour dénoncer notamment la réforme des pensions. Le mouvement des gilets jaunes avait émergé depuis quelques semaines, le gouvernement Michel vivait ses derniers jours… Un contexte parfait pour parler militance.

Est-ce que vous percevez une évolution dans la militance, vous qui pratiquiez la désobéissance civile ?

“Les Marie Mineur, c’était un peu comme les gilets jaunes. Il n’y avait pas de cheffe. On sortait de 1968. On n’avait pas besoin de porte-parole. Je l’ai été, par la force des choses, mais pas tout de suite. Comme j’avais une certaine expérience du militantisme, que je viens d’un milieu ouvrier, que j’ai moi-même été ouvrière, je savais de quoi je parlais. J’avais une éducation politique.
Nous étions guéries des partis communistes. On en avait marre de ce genre de choses, que ce soit le trotskisme, le maoïsme, etc. On faisait barrage par rapport à tous ces gens qui venaient nous faire la leçon. Là aussi, quand nous étions dans des piquets de grève, on venait nous dire que ce n’était pas comme ça qu’il fallait faire, que tel délégué syndical valait mieux que cette femme… Ou on essayait de nous prendre sous protection. Et là, on a refusé.
Il y avait une charte entre nous et les Dolle Mina. Il y avait des choses qu’on s’interdisait de faire. Il fallait quand même un consensus, on n’aurait pas fait n’importe quoi. On a été, je pense, assez courageuses. On allait sur les marchés distribuer nos tracts pour le droit à l’avortement, en sachant qu’on allait être prises par la police. On n’a pas vraiment été fort embêtées à La Louvière mais, à Charleroi, on nous arrêtait carrément. On était plus fortes à La Louvière et on gueulait fort. On avait une fameuse voix !”

Grève chez Europair, 1975. Jeanne Vercheval est en chemise à carreaux. © Georges Vercheval

Vous vous interdisiez de faire certaines choses ?

“La violence, non. L’humour, oui. Et on ne se laissait pas faire, ça, c’est sûr. On a parfois été violentes mais… pas très violentes. Je me souviens d’une conférence de Willy Peers à La Louvière. Il y avait des fachos qui étaient arrivés ; on s’est mises derrière eux. On était quatre ou cinq femmes. Dès qu’ils ont voulu parler, on les a vraiment menacés. Comme on était derrière eux, on leur a dit qu’on les déculotterait, des trucs comme ça… Ils ont eu peur. Nous pouvions faire peur. Et ça marchait !
Mais on a aussi subi des violences devant les usines quand on était en piquet de grève, quand on aidait les femmes. Certains hommes venaient nous agresser très méchamment. Des trucs ordinaires : “Va faire ta vaisselle, occupe-toi de tes gosses !” Mais il n’y avait pas d’agression sexuelle. Maintenant, on te dirait : “Va te faire enculer”. Il y a une différence. Même de la part de personnes de gauche…”

Une vieille qui va hurler dans une école, ça ne va pas. Ce sont les jeunes mamans qui doivent se fâcher. Et les jeunes papas…

 

Quelles sont selon vous les urgences du militantisme féministe ?

“C’est la mobilisation. Je pense que les jeunes de la FGTB à l’ULB, elles bougent bien. Elles ont vraiment des idées, elles réussissent à avoir des gars avec elles. J’ai été parler à un congrès et je me disais qu’il y a de l’espoir. À la FGTB, à la CSC aussi, je pense qu’il y a des femmes qui bougent. Mais est-ce qu’elles vont réussir à faire bouger les hommes ? Maintenant, il faut faire connaître toutes ces femmes et il faut que les journalistes jouent leur rôle. Si le féminisme des années 1970 a pu éclore de cette façon-là, c’est qu’il y a pas mal de femmes journalistes qui ont mouillé leur chemise. Ce qui n’est pas fort le cas maintenant. Elles ont bien bougé sur des sujets comme #MeToo car elles ont été elles-mêmes victimes et savent ce que c’est. Mais il faut aller plus loin.”

C’est-à-dire ?

“L’éducation à l’école est importante. Les féministes, pour le moment, axent surtout sur #MeToo et les femmes battues. Je trouve qu’il faut le faire, c’est vrai. Mais il y a aussi d’autres combats. L’autre jour, l’aînée de mes petites-filles me téléphone et me demande comment je réagirais à sa place : son fils de trois ans est à l’école primaire communale, et il a reçu un jeu de réflexion. Les petites filles, elles, ont reçu… des fées ! C’est comme ça, à trois ans ! Moi, j’avais envie d’aller dans cette école et de hurler ! Mais une vieille qui va hurler dans une école, ça ne va pas. Ce sont les jeunes mamans qui doivent se fâcher. Et les jeunes papas… Mais eux, avant qu’ils ne se bougent, il faudra le temps.”

Quel est votre regard sur les récentes lois concernant le droit à l’avortement (celle qui sort l’IVG du Code pénal et celle concernant la reconnaissance des fœtus morts dès 140 jours de grossesse) ?

“C’est vraiment un retour en arrière. Il a fallu 29 ans pour qu’on ait un semblant de droit à l’avortement et maintenant, on recule. On peut toujours aller en prison. C’est très grave ! De quoi les politiques se mêlent ? Dans notre corps, c’est chez nous et ce n’est pas chez eux.”

Cette actualité résonne particulièrement pour vous…

“Déjà, quand la loi est passée [la loi Lallemand-Michielsen de 1990 dépénalisant partiellement l’avortement, ndlr], on trouvait que c’était une trahison. Parce que nous, ce qu’on voulait, c’était sortir l’avortement du Code pénal. Ça n’a rien à voir avec la Justice. Éventuellement avec la santé, mais pas avec la Justice. De toute façon, les femmes ont toujours avorté. Même celles qui étaient contre l’avortement ! Et elles se sentent coupables. La culpabilité, ce n’est pas mal non plus, ça fait partie de notre éducation chrétienne. Et au niveau de la contraception, ça ne bouge pas. Les hommes s’en sortent bien, ils n’ont toujours pas de contraception
Il a fallu cent ans pour pouvoir voter ; l’effacement des lois qui enferment les femmes est lent. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas pris conscience de leur force. Elles auraient pu faire des grèves générales toutes seules. En Espagne, il y a des choses comme ça qui se passent, mais pas chez nous. Je crois qu’on aurait dû. On en parlait dans les années 1970. On disait : “Si on arrêtait de travailler deux jours, les hommes se rendraient compte de notre force !” Mais comment faire alors que les syndicats étaient encore tout-puissants ? C’était à l’époque où on disait que c’était plus intéressant de voter pour les hommes que pour les femmes aux élections syndicales : “Pour le plaisir, les femmes, oui, mais pour la lutte, votez pour un homme.”
Nous avons été dédaignées par les syndicats. Toujours. À part pour la grève de la FN. Et avant que les femmes aient la solidarité des hommes, il a fallu du temps. Là aussi, c’est à partir du moment où elles font peur. On se dit qu’elles prennent trop de force, trop d’importance, trop de place. À ce moment-là, les hommes se disent qu’ils vont y aller.”

Notre rôle, c’est de conscientiser les femmes. De les mettre ensemble. Pas de faire la charité.

Vous avez dû faire une pause dans le militantisme…

“À un certain moment, j’ai pris carrément de la distance. J’avais le prétexte de la création de la Maison des Femmes à Bruxelles [en 1974, ndlr] : moi, je ne rentrais pas dans une telle maison. J’ai fait le couscous, j’ai apporté mes casseroles et puis j’ai dit que je ne restais pas à l’ouverture. Pour moi, c’était comme la fin du travail de rue et le retour des femmes à la maison. Je l’ai fort reproché à Marie Denis, qui a créé cette maison. Pour moi, c’était une idée bourgeoise, de dames patronnesses. J’avais peut-être tort…
Grâce à cette initiative, il y a eu les maisons pour femmes battues. Il fallait le faire, c’est vrai. Mais il fallait surtout obliger le pouvoir à tenir compte de ça. Les politiques ont donné de l’argent, mais ils n’ont pas organisé l’accueil. C’est les féministes, le privé, qui ont créé cette structure et puis ont été subventionnées. Ça a été utile, c’était important, mais ce n’était pas notre rôle. L’accueil des femmes battues ne résout pas le problème de la violence. Et ça ne résout pas le problème des femmes qui renoncent à quitter leur conjoint violent. On n’a pas le temps de leur donner la force de ne pas y retourner.”

Vous pensez que les féministes pallient le manque de service public ?

“Je l’ai toujours ressenti comme ça. Ce n’est pas notre rôle. Notre rôle, c’est de conscientiser les femmes. De les mettre ensemble. Pas de faire la charité. Ceci dit, j’ai beaucoup d’admiration pour celles qui le font, mais pour moi, ce n’est pas du militantisme féministe.”

Article extrait du dossier “Droits des femmes, connaître notre histoire pour écrire l’avenir”, publié dans axelle n° 217, p. 12-18.

Cinq ans de ministère des Droits des femmes : pari tenu ?

Isabelle Simonis (PS) était ministre des Droits des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle a rendu son tablier à la suite des élections communales pour occuper à plein temps le maïorat de Flémalle. Au moment de dresser le bilan de son action, axelle s’est entretenue avec elle, avec son successeur, Rudy Demotte (PS) et avec des associations de femmes. Faut-il souhaiter la reconduction de ce ministère après les prochaines élections ? Qu’en est-il des autres niveaux de pouvoir ?

Isabelle Simonis (PS) à l'assemblée Alter Égales. D.R.

C’était la revendication de Vie Féminine et de nombreux autres mouvements de femmes lors des dernières élections en 2014 : un ministère des Droits des femmes. Mais au fédéral. C’est finalement la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) qui sera le seul niveau de pouvoir à proposer, pour la première fois, un ministère des Droits des femmes de plein exercice. Isabelle Simonis, ancienne responsable des Femmes Prévoyantes Socialistes, féministe convaincue, en a pris la tête. axelle s’entretenait avec elle en octobre 2014, lors de son entrée en fonction. “Le moment est historique : nous avons l’occasion de mettre le focus sur le droit des femmes et le féminisme”, nous disait-elle. Cinq ans plus tard, quel bilan dresser ?

Assemblée des femmes

Pour nourrir son action, Isabelle Simonis a tout d’abord obtenu… des financements : de zéro euro pour un ministère tout neuf, le budget global “droits des femmes” a augmenté jusqu’à atteindre, tout compris, près d’un million d’euros pour 2019. Puis Isabelle Simonis a mis sur pied Alter Égales, une assemblée de mouvements de femmes. “C’était une première : construire ce ministère avec les associations de femmes qui avaient revendiqué la création d’un ministère des Droits des femmes à tous les niveaux de pouvoir. Une démarche fondamentale pour ne pas être déconnectés de la réalité de terrain”, nous explique Isabelle Simonis.

Il faut pouvoir évaluer l’impact des projets soutenus et avoir une vision d’ensemble sur la répartition des budgets.

Alter Égales, c’est donc une assemblée participative qui se réunit régulièrement et vote, une fois par an, un thème de travail qui donne lieu à un appel à projets (doté en 2018 de 300.000 euros) ; l’assemblée mène en parallèle un travail plus spécifique au sein de commissions. Les associations se rencontrent, échangent des idées et des stratégies : “C’est un bon outil de lien et de réseautage”, constate Hafida Bachir, secrétaire politique de Vie Féminine, qui a participé à Alter Égales depuis sa création. Pascale Maquestiau, chargée de mission au Monde selon les femmes, confirme : “Pour la myriade de petites organisations de femmes, Alter Égales a permis de créer des synergies. Ce serait toutefois intéressant de savoir s’il en a aussi résulté un meilleur travail entre les associations et les institutions… Par ailleurs, au terme de ces cinq ans, il faut pouvoir évaluer l’impact des projets soutenus et avoir une vision d’ensemble sur la répartition des budgets, comme pour toutes les politiques publiques.”

Pour Isabelle Simonis, Alter Égales est également un espace où les associations peuvent formuler ensemble des recommandations précises à la fois pour la FWB, mais aussi pour le régional ou le fédéral. C’est peut-être là qu’un certain flou se dessine : est-ce vraiment à un ministère de la FWB de jouer les intermédiaires, de se faire l’écho de revendications de mouvements de femmes à destination d’autres niveaux de pouvoir ?

La question se pose particulièrement au niveau fédéral où, pendant cette législature, la relation est très tendue entre les partis de la majorité et ceux de l’opposition. Avec une autre coalition, d’autres options seraient peut-être possibles. Rudy Demotte, qui a repris les compétences d’Isabelle Simonis, imagine volontiers un comité interministériel et interpouvoirs “droits des femmes” qui se concerterait régulièrement afin de mener des politiques cohérentes, l’enjeu étant “transversal par nature”… Quant à la revendication d’un ministère fédéral des Droits des femmes, elle est toujours d’actualité (voir plus bas). Mais comment collaborer avec un tel ministère s’il est géré par des adversaires politiques, aux options socioéconomiques et sociales radicalement différentes du gouvernement de la FWB ? Les cartes seront bientôt rebattues…

Rudy Demotte affirme vouloir conserver l’assemblée Alter Égales et “poursuivre dans la même logique” que sa prédécesseure, au moins jusqu’aux élections de mai. Et après ? Pour lui, “quel que soit le pouvoir dans la prochaine majorité, il ne pourra pas se dispenser de cette assemblée.” Encore faut-il que le ministère des Droits des femmes soit, lui aussi, maintenu. On peut en effet imaginer qu’il disparaisse totalement ou qu’il soit – comme c’est le cas en France, dans une configuration politique toutefois différente – absorbé au sein d’un ministère plus large.

Transversalité : une gageure en politique ?

Pas évident, donc, de travailler avec d’autres niveaux de pouvoir. Qu’en est-il des voisin·es de bureau, les autres ministres de la FWB ? Lors de sa prise de fonction fin 2014, Isabelle Simonis a imaginé avec chacun·e un plan “égalité femmes/hommes” pour les impliquer tous et toutes, quelles que soient leurs compétences.

Du côté des réussites, Isabelle Simonis pointe le décret instituant un comité « Femmes et sciences » sous la houlette de Jean-Claude Marcourt (PS, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) ; la ligne d’écoute gratuite pour les victimes de viol (le 0800 98 100) en collaboration avec Rachid Madrane (PS, ministre de l’Aide à la jeunesse et des Maisons de Justice) ; l’ouverture du Master interuniversitaire en études de genre, avec le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt (PS) ; le travail mené – mais pas abouti… – sur la labellisation de l’EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle)… Mais les différences de couleur politique ou les querelles autour des budgets ne facilitent pas toujours les collaborations et peuvent freiner certains dossiers.

L’intégration du genre dans toutes les politiques

Par ailleurs, avec le décret du 7 janvier 2016 sur le « gender mainstreaming », l’ensemble des politiques de la FWB est désormais censé passer à la moulinette de l’égalité femmes-hommes. Ce “décret genre” est à pointer dans le positif du bilan d’Isabelle Simonis. “Il a été mis en œuvre avec une large formation, non seulement des fonctionnaires, mais aussi des membres des cabinets”, explique-t-elle. Pour toute décision prise par les différents départements de la FWB, l’impact différencié éventuel sur les femmes et sur les hommes devra désormais être étudié et résolu en amont pour qu’aucune politique ne contribue, au final, aux discriminations envers les femmes.

Au nom de l’”autonomie des établissements”, le gouvernement renonce à sa mission de service public censé défendre l’égalité. L’interprétation du “gender mainstreaming” est encore à affiner…

Mais ce décret, ambitieux sur le papier, n’est pas évident à appliquer. Un exemple : au début de l’année, Nadine Plateau, coordinatrice de la commission enseignement du Conseil des Femmes Francophones de Belgique, déplorait le fait qu’en dépit du décret sur le “gender mainstreaming”, “le gouvernement fait un pas en arrière” dans l’avant-décret relatif à l’acquisition de manuels scolaires, de ressources numériques, d’outils pédagogiques et de livres de littérature au sein des établissements scolaires.

Pour elle, ce texte remplace l’agrément octroyé à des manuels respectant un certain nombre de critères dont l’égalité filles-garçons et femmes-hommes par une “charte” (non obligatoire), dans le but de “responsabiliser” les maisons d’édition des manuels scolaires sur les enjeux de l’égalité. “Nous savons d’expérience que, pour toutes sortes de raisons, la question de l’égalité sexuée n’est pas une priorité aux yeux de la plus grande partie de la communauté enseignante ni aux yeux des maisons d’édition, à quelques exceptions près”, déplore Nadine Plateau. Elle ne comprend pas pourquoi, au nom de l’”autonomie des établissements”, le gouvernement renonce à sa mission de service public censé défendre l’égalité. L’interprétation du “gender mainstreaming” est encore à affiner…

Une mécanique en marche ?

On peut reconnaître à Isabelle Simonis d’avoir contribué à faire des droits des femmes un sujet politique de premier plan.

Cette année, pour la première fois, le budget de la FWB a été entièrement concocté en intégrant son éventuel impact sur les femmes : c’est le “gender budgeting” (“Utile ou bling-bling ?”, demande la journaliste Manon Legrand dans cet article). Il semblerait donc qu’une certaine mécanique institutionnelle, indépendante des personnes en exercice, se soit mise en marche pour intégrer au niveau de la Fédération une attention à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Au-delà de ces avancées structurelles à suivre de près, on peut reconnaître à Isabelle Simonis d’avoir contribué à faire des droits des femmes un sujet politique de premier plan. Même si on peut déplorer sa relative discrétion dans les médias, les droits des femmes ayant besoin de voix fortes pour se faire entendre, son travail de fourmi a permis de poser les bases d’une nouvelle institution. Il faut que se mettent en place, au sein de l’assemblée Alter Égales, des mécanismes transparents et indépendants pour évaluer à la fois la répartition des budgets et l’impact des projets soutenus ; espérons enfin que les recommandations détaillées et inventives de cette assemblée, fruit du travail des associations participantes, ne tomberont pas dans l’oubli politique après les élections.

 

Népal : une troupe de cirque voltige contre la traite des enfants

Libéré·es d’une situation d’esclavage dans des cirques indiens, ces rescapé·es ont intégré le premier et unique cirque du Népal. Spectacles, sensibilisation à la traite et au trafic d’enfants, lutte contre les préjugés sur le cirque (synonyme de “mauvaise vie”), la compagnie Circus Kathmandu ne néglige aucun combat.

Sheetal (premier plan) et Saraswati (second plan) ne sont pas uniquement des artistes de cirque : elles contribuent aussi à sensibiliser le public aux dangers de la traite des êtres humains, en partageant leur histoire et en interpellant les spectateurs/trices. « C’est lourd de s’exposer comme cela. Mais tant que cela fait avancer les mentalités, c’est l’essentiel », explique Saraswati. © Fabrice Dimier

Les trémolos d’une chanson pop hindi font vibrer les vitres du gymnase. À l’intérieur de cet espace poussiéreux du sud de la capitale népalaise, Saraswati et Sheetal improvisent un duo aérien au trapèze. Dolly effectue des contorsions repoussant les limites de l’élasticité humaine, pendant que les garçons peaufinent les figures acrobatiques de leur prochain spectacle. La sueur perle sur les corps éprouvés par la mousson autant que par cette longue matinée d’entraînement. La troupe se réfugie bientôt près de l’unique ventilateur pour partager un dal bhat à pleines mains. Ici, les artistes partagent tout. Et certain·es ont aussi une histoire en commun. Les trois femmes, ainsi que Bijay, à la fois acrobate et directeur artistique, ont été vendu·es, enfants, à des cirques indiens. Comme 350 enfants népalais·es depuis 2002, elles/il ont été libéré·es par une ONG de cette situation d’esclavage. Aujourd’hui libres, elles et il ont participé à la formation du premier cirque du Népal, en 2010.

Coupables d’être victimes

“Au début, nous menions des ateliers de cirque à visée art-thérapeutique dans un foyer de réhabilitation pour les rescapés du trafic d’enfants”, explique Robyn Simpson, chorégraphe et cocréatrice de la troupe. Ensemble, avec Sky Neal, elles valorisent alors les compétences acquises pour faire avancer ces jeunes sur le chemin de la reconstruction. Le déclic naît de cette interrogation, récurrente, exprimée par la majorité de ces enfants : “Que vais-je devenir sans le cirque ? Je ne sais faire que ça. Je n’ai que ça.”

Quelques années plus tard naît Circus Kathmandu (CK), une troupe aux origines et motivations résolument uniques. De fait, aujourd’hui, en plus de leurs prestations artistiques, les sept membres actuel·les font du travail social dans des communautés locales et transmettent leurs expériences indiennes, sous forme de contes. “Sensibiliser pour prévenir le trafic d’enfants, mais aussi tenter de changer les mentalités vis-à-vis du cirque sont des objectifs importants, explique Sapana Subba, coordinatrice principale de CK. Cela passe aussi et surtout par des représentations, de la performance scénique afin d’assurer la subsistance de la compagnie”, ajoute-t-elle. Car si CK est encore aujourd’hui l’unique cirque népalais, c’est essentiellement parce que les circassien·nes sont stigmatisé·es dans ce pays. Les femmes en particulier…

Publication conjointe axelle magazine / Femmes Ici et Ailleurs

“L’Encyclopédie d’histoire des femmes” veille sur la mémoire des luttes féminines en Belgique

Elles étaient là, elles ont agi, elles ont pesé, peu importe ce que (ne) racontent (pas) les livres d’histoire. Formidable entreprise et nécessité absolue, l’Encyclopédie d’histoire des femmes. Belgique, 19e et 20e siècles sort toutes leurs initiatives de l’oubli, soulignant l’importance des femmes et de leurs mouvements dans la lente démocratisation de la société.

Les avocates belges à l'occasion des dix ans d'accès à la profession, Bruxelles, 1932. © Carhif

Réseaux, rassemblements, alliances, positions politiques, droits… Tant et tant de combats, d’évolutions, de recherches, de faits, de savoirs dont nous n’avons pas connaissance, qui ne sont pas transmis et dont l’absence nous façonne, sans passé lié à notre sexe, “sans mémoire des luttes”, complète Éliane Gubin, professeure honoraire de l’Université libre de Bruxelles. Elle est à l’initiative, avec Catherine Jacques, enseignante et collaboratrice scientifique à l’ULB, de cette encyclopédie d’histoire des femmes à l’écriture accessible, un pavé dont elle espère que la taille ne découragera pas de le feuilleter au hasard, ou de le siphonner sans vergogne.

Éliane Gubin, Catherine Jacques, avec la collaboration de Claudine Marissal (Carhif), Racine 2018.

 

Écrites par 68 collaborateurs/trices, 165 notices se succèdent par ordre alphabétique, concernant la condition féminine élargie à l’histoire du genre, à celle du corps et de la sexualité, touchant de nombreux domaines. Plusieurs fils rouges. Celui du travail, dont découlent un certain nombre d’autres ; l’analyse juridique de la condition féminine ; et enfin l’investissement associatif pour la cause des femmes.

De A à Z

Concrètement ? Première entrée : A comme Abolition. Première phrase : “Dès la fin du 19e siècle, les féministes s’offusquent d’une moralité sexuelle différente pour les hommes et pour les femmes, qui se reflète notamment dans l’acceptation de la prostitution et sa réglementation.” On apprend que la loi belge est à l’époque réglementariste. Qu’en 1932, les groupements abolitionnistes, soutenus par certains membres des grandes familles politiques, déposent une proposition de loi abolitionniste, jamais votée. Qu’en 1947, Bruxelles accueille un congrès abolitionniste. Qu’en 1948, au nom de l’égalité des sexes, une loi abolitionniste déposée par des femmes politiques passe, à laquelle il manque encore “la création d’une police féminine et la mise sur pied d’institutions chargées de réhabiliter les prostituées…” Changement de perspective dans les années 1980…

Article extrait du dossier “Droits des femmes, connaître notre histoire pour écrire l’avenir”, publié dans axelle n° 217, p. 12-18.