
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
La lecture du nouveau livre d’Édouard Louis, Combats et métamorphoses d’une femme, dans lequel il raconte la vie de sa mère, prisonnière de sa condition sociale, de son mari, de ses enfants, ses tentatives d’échapper à tout ça, de sortir de la domination. Je ne connaissais pas encore l’œuvre d’Édouard Louis, et je crois que je vais me jeter sur ses autres livres.

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
La prédation exercée par Amazon, qui se livre à une concurrence déloyale vis-à-vis des libraires. Je ne comprends pas pourquoi les États ne jouent pas plus leur rôle de régulateur pour leur imposer les mêmes contraintes qu’aux enseignes indépendantes, que ce soit en termes de fiscalité ou de bien-être des travailleurs.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
Notre gouvernement qui se fiche éperdument de la culture. Ça ne date pas d’hier évidemment, mais c’est d’autant plus flagrant en ce moment. Alors que ces mêmes “politiques” n’hésitent pas à faire appel à nous, personnalités du monde culturel, pour servir leur communication quand ils en ont besoin !

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
Je me sens en lien avec ceux qui cherchent à comprendre, avec les gentils, les patients, les doux, les bienveillants. Je ne comprends pas trop comment “Bisounours” a réussi à devenir une insulte…

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
La pensée des autres. Je suis fascinée et émerveillée par les gens qui remettent mes certitudes en question, qui posent un nouvel éclairage sur des idées que je n’avais pas envisagées sous un autre angle que le mien.
Comédienne de formation, Adeline Dieudonné remporte en 2017 le Grand Prix du concours de nouvelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Son texte Amarula paraît dans un recueil collectif Pousse-café. Par la suite, elle publie plusieurs nouvelles aux éditions Lamiroy, notamment Seule dans le noir dans la collection Opuscule. En 2017 toujours, elle signe chez le même éditeur la pièce de théâtre Bonobo Moussaka qu’elle interprète seule sur scène. En 2018 sort son premier roman, La Vraie Vie, couronné par de nombreux prix (le prix Rossel, le prix Fnac, le Grand Prix des lectrices de ELLE, le prix Renaudot des lycéens…). Traduit en plus de 20 langues, le livre (disponible en poche) cartonne aussi à l’étranger. Vendu à 300.000 exemplaires, il connaît une adaptation pour le théâtre par Georges Lini. La pièce, interprétée notamment par Adeline Dieudonné dans le rôle de la narratrice, est programmée au Théâtre Jean Vilar du 3 au 13 juin 2021. La Vraie Vie est également en cours d’adaptation cinématographique par Marie Monge.
L’autrice écrit aussi pour la radio. Avec L’Affaire Glandy, elle participe en 2019 à la fiction sonore de la RTBF Noir jaune rouge basée sur des histoires criminelles du siècle passé. En 2020, en plein confinement, elle contribue pour l’émission Entrez sans frapper (La Première) à L’Injuste destin du pangolin, roman-feuilleton écrit en mode cadavre exquis par cinq auteur·es, dont Myriam Leroy. À l’émission Matin Première, elle partage durant plusieurs mois son regard piquant et engagé sur l’actualité dans un billet La confession d’Adeline Dieudonné. Elle signe également une histoire pour enfants Baïla, la petite louve dans la série audio de France Inter “Oli”.
En avril 2021, paraît son deuxième roman Kerozene, un récit choral fantaisiste où on retrouve avec bonheur sa plume trempée dans l’acide.
- Son site : www.adelinedieudonne.com
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