
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
Je découvre une autre vie, plus lente, plus immédiate. Avant, je faisais toujours au moins deux choses en même temps, je courais en pensant à ce que j’entreprendrais ensuite. À présent, je savoure le quotidien avec mes enfants, le rythme d’une chose après l’autre. Je me dis que c’est une chance inespérée, de vivre ce temps-là ensemble. Bien sûr, tous mes proches, jusqu’à présent, sont épargnés par le virus.

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
Écrire, c’est ma manière de partir en voyage, de m’en aller sur la pointe des pieds de là où je suis. Sans faire de dégâts, sans abandonner.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
La situation des personnes dans les maisons de retraite, leur solitude. Combien de temps cela va-t-il encore durer ? Certaines fins de vie dans le dénuement affectif le plus complet sont indignes.

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
Avec ceux qui doutent, qui cherchent, qui ne sont sûrs de rien. Je pense qu’ils me touchent plus que ceux qui savent.

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
Le Bhoutan, un pays où la qualité de vie des individus pèse dans la balance. Et aussi Damas, la ville dont je porte le nom, je ne voudrais pas mourir sans y être allée.
Après une licence en Droit, Geneviève Damas suit une formation de comédienne au Conservatoire royal de Bruxelles, puis à l’IAD. Elle se tourne ensuite vers différents métiers du théâtre : comédienne, metteuse en scène, adaptatrice, auteure dramatique. En 1998, afin de développer ses projets artistiques, elle fonde la Compagnie Albertine à Bruxelles. Dès 1999, elle organise les soirées “Portées-Portraits”. Ces événements littéraires et musicaux, qui ont récemment fêté leurs 20 ans, partent à la découverte d’œuvres d’écrivain·es contemporain·es, souvent en leur présence.
Dans un premier temps, Geneviève Damas écrit pour le théâtre. À son compteur, une vingtaine de pièces, dont certaines primées, dans lesquelles elle interprète souvent un rôle. Parmi celles-ci : Molly à vélo (2004), Stib (2007), Paix nationale/nationale vrede (2010), La Solitude du mammouth (2017).
En 2009, elle se lance dans l’écriture romanesque. Son premier livre Si tu passes la rivière paru en 2011 (2014 pour l’édition de poche) a reçu quelques récompenses, notamment le prix Rossel, et a été traduit dans plusieurs langues. Elle publie ensuite Histoire d’un bonheur (2014), Patricia (2017), Monsieur André (2018) et Bluebird (2019), roman qui évoque la délicate question du déni de grossesse. Elle signe aussi un recueil de textes courts : Benny, Samy, Lulu et autres nouvelles (2014).
Enfin, Geneviève Damas anime des ateliers d’écriture et de théâtre auprès des adolescent·es ou d’un public adulte. Elle est également chroniqueuse pour différentes publications, comme Le Soir, La Libre ou encore Le Monde. Pour la saison 2019-2020, elle est artiste associée au Théâtre Les Tanneurs.
Petit plus à regarder :