
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
En ces jours sombres de polémiques autant que de replis identitaires, ce qui m’enthousiasme, c’est de constater, même si trop peu de place y est consacrée dans les médias, qu’une part de notre société civile prend le relais pour donner de l’humanité à ceux qui n’en trouvent plus dans notre monde occidental, barricadé derrière ses frontières de confort et de bien-être : véhiculer les déracinés, les héberger, les aider au risque de visites domiciliaires ou pire. De même, j’admire toutes ces initiatives, anonymes et discrètes, en matière de bénévolat. J’aime à voir et à savoir qu’il existe toujours des hommes et des femmes d’action pour faire progresser la liberté, l’égalité et la fraternité.
Mais aussi, dans un tout autre registre beaucoup plus personnel, ce qui m’enthousiasme chaque jour et me dynamise, ce sont mes petits-enfants ! Mon petit-fils et les deux petits-enfants de mon compagnon qui s’ouvrent au monde et à ses merveilles.

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
Le manque de temps à consacrer à l’important, au contenu, à la création au profit du temps passé à l’administratif et aux recherches de financement ! J’adore mon métier qui me passionne toujours autant depuis 23 ans et je suis consciente de mon bonheur à travailler dans le non-marchand, néanmoins l’équilibre indispensable entre le temps passé à la gestion du musée et celui consacré à sa vision et à son développement est trop souvent rompu.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
Sans évoquer d’exemples – ils sont nombreux actuellement et largement relayés par la presse -, ce qui m’insupporte, c’est la cupidité, l’appât du gain maximum au détriment du mieux–être collectif.

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
Avec mon équipe autant qu’avec les artistes dont je suis souvent le parcours pendant de longues années avant de leur proposer une exposition, une édition, une publication au sein du musée.
Par ailleurs, je me sens en lien avec les femmes, qu’elles soient mes collaboratrices, mes amies marcheuses ou de lecture, de soirées de rires ou de confidences, les femmes artistes que j’ai eu le bonheur d’exposer et qui, bien souvent, sont devenues des amies.

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
L’histoire du monde et les mystères de l’univers, ses origines et son devenir, les civilisations passées et les découvertes actuelles de l’expansion du cosmos. J’ai eu la chance de rencontrer Michaël Gillon, l’astrophysicien liégeois qui a découvert un système de 7 exoplanètes, potentiellement habitables. Et en plus, il a donné à ce système le nom de TRAPPIST en clin d’œil à la Belgique et à ses bières ! C’est merveilleux !
Née près d’Anvers, à Wilrijk, Catherine de Braekeleer est diplômée en Histoire de l’art et archéologie. Elle débute sa carrière comme responsable de fouilles à la Citadelle d’Alger, puis s’installe à Paris où elle travaille dans le domaine du patrimoine architectural. Elle revient ensuite en Belgique et participe à un chantier archéologique à l’Abbaye cistercienne de Valduc. Après un break de 18 mois passés sur un voilier, elle est engagée comme responsable des expositions au Botanique. Depuis 1995, elle dirige le Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée à La Louvière. Occupant le bâtiment d’une ancienne piscine, ce musée d’envergure internationale comptabilise environ 13.000 œuvres signées par plus de 1.600 artistes belges et étrangers/ères. En 2018, il fête ses 30 ans et accueille jusqu’au 16 septembre une très belle exposition consacrée à Françoise Pétrovitch.
Durant sa carrière, Catherine de Braekeleer a été plusieurs fois récompensée. En 2011, elle fait partie des cent femmes belges d’exception invitées au Sénat pour célébrer les cent ans de la Journée internationale des droits des femmes. En décembre 2017, elle est élue “Leader culturel” de l’année pour avoir fait de son musée une référence mondiale.