
Qu’est-ce qui vous enthousiasme actuellement ?
Je dirais le développement du projet musical Rive, puisqu’il y a à la fois un travail solitaire et introspectif de composition des morceaux, mais aussi un aspect plus vivant, le fait de pouvoir jouer sur scène, devant un public. Par ailleurs, dans le cadre du projet, j’apprécie beaucoup la collaboration avec d’autres artistes, comme Temple Caché ou Tamia Baudouin, par exemple.

Quelque chose à pointer du doigt dans votre métier ?
C’est important d’être d’abord convaincu·e soi-même par son travail, pour pouvoir mieux le défendre par la suite. J’ai l’impression aussi que c’est intéressant d’être acteur/trice de son projet, de fixer soi-même, dans la mesure du possible, ses objectifs et son calendrier de travail, sans attendre forcément que les choses viennent de l’extérieur. Et donc d’être capable, au maximum, au moins dans un premier temps, d’avancer de façon indépendante.

Un moment d’indignation : envers qui, envers quoi ?
Le sexisme, toujours et encore, m’indigne. Le combat de ma vie, sans doute ! Parce que je suis une femme, et que je suis directement touchée. Je fustige cette croyance, profondément ancrée dans les mentalités, en des natures féminine et masculine immuables, prétexte qui, selon moi, légitime toutes les inégalités femmes-hommes. Je suis aussi indignée par le manque d’ambition de beaucoup de dirigeant·e·s politiques qui, au lieu de faire preuve de courage — alors que nous vivons une époque charnière, ne serait-ce que d’un point de vue écologique —, nous resservent les mêmes recettes, à coups de destruction des acquis sociaux… Mais il y a de l’espoir, cela me rassure de voir toutes ces nouvelles forces citoyennes qui émergent.

Avec qui, avec quoi vous sentez-vous en lien ?
En ce moment, au niveau musical, je pense à des musiciennes comme Fishbach, Sandor ou Cléa Vincent, qui chantent à la fois en français et travaillent avec des sons électro. Sinon, je me sens très proche du monde de la bande dessinée, parce que j’en lis depuis toujours et que beaucoup de mes ami·e·s sont des auteurs/trices. C’est sans doute pour cela qu’avec Rive, nous accordons autant d’importance à notre univers visuel.

Qu’est-ce qui titille votre curiosité ?
Pas mal de choses ! Je viens de la sociologie, et je crois que cela pousse à être curieuse. Ce que j’aime surtout, c’est réinterroger mes croyances, mes certitudes… Cela vient aussi de mon intérêt pour le féminisme, qui m’oblige à remettre régulièrement en question mon système de pensée… Cela peut être assez fatigant au quotidien, mais cela permet de s’améliorer, pour que nos actions soient au plus près de ce que l’on est…
Cela fait plus de dix ans que Juliette Bossé gravite dans le monde de la musique. Guitariste, pianiste et chanteuse, elle a joué dans plusieurs projets à tendance rock tant en France qu’en Belgique. En 2015, avec son complice de longue date, Kevin Mahé, elle se lance dans l’aventure Rive. Très vite, l’univers poétique et singulier de ce groupe électro-pop qui chante en français fait mouche. Le duo bruxellois est récompensé à plusieurs reprises et remporte notamment le Premier Prix du Franc’Off lors des Francofolies de Spa en 2016. En mars 2017, Rive sort un premier EP Vermillon, comprenant quatre superbes titres, dont Nuit, un morceau engagé qui évoque la réappropriation de l’espace public par les femmes dans les années 70. Très présent sur la scène belge ces derniers temps, le groupe soigne aussi la forme visuelle de ses chansons en proposant des clips à l’esthétique forte, dont le magnifique Vogue réalisé par l’illustratrice Julie Joseph, bien connue des lectrices d’axelle… Notre petit doigt nous dit que, pour Rive, l’aventure ne fait que commencer !
Le site de Rive : http://rivemusique.tumblr.com
Petit plus : à lire cette interview du tandem belge.